scriiiptor (pour scriiipt.com) a publié une critique de Cthulhu 90 par Sandy Petersen
Cthulhu 90 : Le Mythe en K7 et reportages presse
4 étoiles
Paru en janvier 1989 chez Jeux Descartes, Cthulhu 90 est la traduction du supplément américain Cthulhu Now (Chaosium, 1987). Avec ses 154 pages souples, ses dépliants et ses aides de jeu détachables, c’était un vrai choc pour l’époque : tout à coup, l’Appel de Cthulhu ne se jouait plus seulement dans les années 20, mais dans le “présent” — celui des années 80-90.
Le supplément propose une boîte à outils assez unique : médecine légale, procédures policières, fiches de métiers contemporains, équipements modernes (y compris les armes lourdes), et même une variante de règles pour localiser les blessures. Bref, on passait du bibliothécaire d’Arkham aux experts médico-légaux, du Colt 1911 aux hélicoptères de la PJ. C’était une petite révolution, mais sans tomber dans les clichés conspirationnistes façon X-Files (qui n’existait pas encore).
Quatre scénarios complètent l’ensemble. "La cité des abysses" emmène les investigateurs dans une cité engloutie — un scénario …
Paru en janvier 1989 chez Jeux Descartes, Cthulhu 90 est la traduction du supplément américain Cthulhu Now (Chaosium, 1987). Avec ses 154 pages souples, ses dépliants et ses aides de jeu détachables, c’était un vrai choc pour l’époque : tout à coup, l’Appel de Cthulhu ne se jouait plus seulement dans les années 20, mais dans le “présent” — celui des années 80-90.
Le supplément propose une boîte à outils assez unique : médecine légale, procédures policières, fiches de métiers contemporains, équipements modernes (y compris les armes lourdes), et même une variante de règles pour localiser les blessures. Bref, on passait du bibliothécaire d’Arkham aux experts médico-légaux, du Colt 1911 aux hélicoptères de la PJ. C’était une petite révolution, mais sans tomber dans les clichés conspirationnistes façon X-Files (qui n’existait pas encore).
Quatre scénarios complètent l’ensemble. "La cité des abysses" emmène les investigateurs dans une cité engloutie — un scénario assez linéaire, mais avec une ambiance sous-marine réussie. "Songes funestes", souvent cité comme le meilleur du lot, joue sur l’angoisse psychologique et les cauchemars. "La terreur tombée du ciel" met en scène un crash de navette spatiale au fin fond du Kansas, ambiance quarantaine militaire et paranoïa scientifique. Enfin, "Les stars du mal" mélange bikers, death metal et occultisme, en plein dans la panique satanique qui faisait les gros titres de l’époque.
À la sortie, la critique américaine a bien accueilli le supplément. Ken Rolston, dans Dragon 138, saluait les chapitres sur l’équipement et la médecine légale (“un vrai plus pour les MJ”), encensait "Songes funestes", trouvait "La terreur tombée du ciel" très bon, mais reprochait à "La cité des abysses" d’être trop dirigiste et à "Les stars du mal" de se finir sur une conclusion un peu trop ouverte.
Avec le recul, Cthulhu 90 garde une saveur particulière. Oui, certains éléments sont datés (navette spatiale, bikers satanistes), mais c’est aussi ce qui fait son charme. On peut le jouer en mode vintage, pour replonger dans l’ambiance VHS et coupures de presse, ou le réactualiser en remplaçant la navette par un drone militaire et le groupe de metal par un collectif indus. Son héritage est clair : les règles de médecine légale ont été intégrées dans la 5e édition de Cthulhu, et surtout, il a ouvert la voie à ce qui deviendra Delta Green, la grande référence du Cthulhu contemporain.
En résumé, Cthulhu 90 est un supplément audacieux, daté mais fondateur, qui reste fascinant à redécouvrir aujourd’hui. À la fois témoin d’une époque et boîte à outils encore utile, il incarne ce paradoxe des années 80-90 : si loin, si proche.
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