Ameimse a publié une critique de La grande verdure par Lucie Heder
La grande verdure
4 étoiles
"La grande verdure" se démarque et trouve indéniablement sa place dans le genre du "post-effondrement" autour duquel de nombreuses sorties littéraires tendent à se succéder depuis plusieurs années. Dans ce roman, les lecteurices sont directement plongé·es dans un cadre de ruines urbaines où, face à des conditions climatiques considérablement dégradées (où tempêtes de poussière, chaleur écrasante, mais aussi déluges destructeurs se succèdent), un petit groupe de quelques dizaines de personnes tente de (re)construire une communauté ("la grande verdure"), laquelle s'articule notamment autour de formes végétales de régulation, médiatisant par le recours à des plantes, les discussions et l'expression des émotions. Derrière la classique relecture de "l'utopie des un·es peut être/devenir la dystopie des autres" et du dévoiement d'idéaux qui ressortent initialement, le roman propose une narration singulière, intime et sensible, questionnant et problématisant l'enjeu de la place des émotions et des traumatismes dans les rapports humains. Plutôt que de détailler …
"La grande verdure" se démarque et trouve indéniablement sa place dans le genre du "post-effondrement" autour duquel de nombreuses sorties littéraires tendent à se succéder depuis plusieurs années. Dans ce roman, les lecteurices sont directement plongé·es dans un cadre de ruines urbaines où, face à des conditions climatiques considérablement dégradées (où tempêtes de poussière, chaleur écrasante, mais aussi déluges destructeurs se succèdent), un petit groupe de quelques dizaines de personnes tente de (re)construire une communauté ("la grande verdure"), laquelle s'articule notamment autour de formes végétales de régulation, médiatisant par le recours à des plantes, les discussions et l'expression des émotions. Derrière la classique relecture de "l'utopie des un·es peut être/devenir la dystopie des autres" et du dévoiement d'idéaux qui ressortent initialement, le roman propose une narration singulière, intime et sensible, questionnant et problématisant l'enjeu de la place des émotions et des traumatismes dans les rapports humains. Plutôt que de détailler et décortiquer les tensions ou débats internes au collectif de la grande verdure, l'autrice fait le choix de nous entraîner aux côtés d'une personne déjà entrée en dissidence et ayant quitté la communauté. Toute la narration est ainsi proposée du point de vue de Lierre Helix. Mêlant néologismes et un registre symbolique mis en scène de différentes façons, c'est un récit au style oralisant, très vivant, qui se déploie. Avec ses rares retours à la ligne qui ne se font que lors des dialogues des personnages, il restitue de façon brute, parfois âpre, toujours intense, la subjectivité d'une narratrice, pleine de questionnements, de doutes et de contradictions. Au fil d'une narration à fleur de peau et tourbillonnante, toujours en mouvement, à l'image de celle qui raconte, le roman invite à s'interroger sur ce qu'implique faire communauté, explorant la complexité des dynamiques d'inclusion et d'exclusion qui s'y jouent et les manières dont le collectif et l'individuel peuvent se répondre, se co-construire, mais aussi se heurter. L'histoire est simple, mais les ramifications envisagées multiples.
Bref, "La grande verdure" explore avec un style propre la thématique du post-effondrement et des questionnements que peut impliquer une (re)construction, à une échelle individuelle comme collective. Une intéressante lecture !