Certaines l’ont appelé Effondrement. D’autres y ont vu le grand Début. Sur la terre rendue aux tempêtes de poussière et aux crues, il ne reste plus beaucoup d’humaines. Quelques-unes sont parvenues à fonder la grande verdure, communauté perchée dans les hauteurs d’une ville abandonnée. Nouvelle façon de vivre ensemble : on habite en Logis (celui des Cactus s’occupe de la subsistance, les Consoudes veillent au soin…) et l’on attribue des rôles diplomatiques aux plantes qui accompagnent nos conversations. Mais Lierre Hélix ne supporte plus de multiplier les précautions pour empêcher l’émotion de surgir. Elle est en colère. Elle s’en va. En fuite dans les ruines, Lierre découvre qu’une silhouette vit sur leur territoire, dans les plis de leur surveillance. Acrobate hors pair, maraîchère et porteuse de fantômes, Sable déborde de larmes et d’amours, oui, Sable déborde toujours. Sa présence semble inconciliable avec la vie codifiée de la grande verdure, peut-être …
Certaines l’ont appelé Effondrement.
D’autres y ont vu le grand Début.
Sur la terre rendue aux tempêtes de poussière et aux crues, il ne reste plus beaucoup d’humaines. Quelques-unes sont parvenues à fonder la grande verdure, communauté perchée dans les hauteurs d’une ville abandonnée. Nouvelle façon de vivre ensemble : on habite en Logis (celui des Cactus s’occupe de la subsistance, les Consoudes veillent au soin…) et l’on attribue des rôles diplomatiques aux plantes qui accompagnent nos conversations. Mais Lierre Hélix ne supporte plus de multiplier les précautions pour empêcher l’émotion de surgir. Elle est en colère. Elle s’en va.
En fuite dans les ruines, Lierre découvre qu’une silhouette vit sur leur territoire, dans les plis de leur surveillance. Acrobate hors pair, maraîchère et porteuse de fantômes, Sable déborde de larmes et d’amours, oui, Sable déborde toujours. Sa présence semble inconciliable avec la vie codifiée de la grande verdure, peut-être incapable de faire une place à des personnes différentes.
À quelle distance se tenir pour habiter ensemble, sans étouffer ?
Un livre qui parle de communauté, de nouvelles normes pour communiquer sereinement et explicitement. Mais si ces nouvelles normes excluaient encore, si elles ne permettaient pas tant que ça aux gens de communiquer ? Réfléchir l'inclusion et l'exclusion, la place de la colère, de l'incohérence, des êtres humains tumultueux
La fin m'a laissé un peu perplexe, mais le trajet pour y arriver m'a emporté
Un livre qui parle de communauté, de nouvelles normes pour communiquer sereinement et explicitement. Mais si ces nouvelles normes excluaient encore, si elles ne permettaient pas tant que ça aux gens de communiquer ? Réfléchir l'inclusion et l'exclusion, la place de la colère, de l'incohérence, des êtres humains tumultueux
La fin m'a laissé un peu perplexe, mais le trajet pour y arriver m'a emporté
"La grande verdure" se démarque et trouve indéniablement sa place dans le genre du "post-effondrement" autour duquel de nombreuses sorties littéraires tendent à se succéder depuis plusieurs années. Dans ce roman, les lecteurices sont directement plongé·es dans un cadre de ruines urbaines où, face à des conditions climatiques considérablement dégradées (où tempêtes de poussière, chaleur écrasante, mais aussi déluges destructeurs se succèdent), un petit groupe de quelques dizaines de personnes tente de (re)construire une communauté ("la grande verdure"), laquelle s'articule notamment autour de formes végétales de régulation, médiatisant par le recours à des plantes, les discussions et l'expression des émotions. Derrière la classique relecture de "l'utopie des un·es peut être/devenir la dystopie des autres" et du dévoiement d'idéaux qui ressortent initialement, le roman propose une narration singulière, intime et sensible, questionnant et problématisant l'enjeu de la place des émotions et des traumatismes dans les rapports humains. Plutôt que de détailler …
"La grande verdure" se démarque et trouve indéniablement sa place dans le genre du "post-effondrement" autour duquel de nombreuses sorties littéraires tendent à se succéder depuis plusieurs années.
Dans ce roman, les lecteurices sont directement plongé·es dans un cadre de ruines urbaines où, face à des conditions climatiques considérablement dégradées (où tempêtes de poussière, chaleur écrasante, mais aussi déluges destructeurs se succèdent), un petit groupe de quelques dizaines de personnes tente de (re)construire une communauté ("la grande verdure"), laquelle s'articule notamment autour de formes végétales de régulation, médiatisant par le recours à des plantes, les discussions et l'expression des émotions.
Derrière la classique relecture de "l'utopie des un·es peut être/devenir la dystopie des autres" et du dévoiement d'idéaux qui ressortent initialement, le roman propose une narration singulière, intime et sensible, questionnant et problématisant l'enjeu de la place des émotions et des traumatismes dans les rapports humains. Plutôt que de détailler et décortiquer les tensions ou débats internes au collectif de la grande verdure, l'autrice fait le choix de nous entraîner aux côtés d'une personne déjà entrée en dissidence et ayant quitté la communauté. Toute la narration est ainsi proposée du point de vue de Lierre Helix. Mêlant néologismes et un registre symbolique mis en scène de différentes façons, c'est un récit au style oralisant, très vivant, qui se déploie. Avec ses rares retours à la ligne qui ne se font que lors des dialogues des personnages, il restitue de façon brute, parfois âpre, toujours intense, la subjectivité d'une narratrice, pleine de questionnements, de doutes et de contradictions. Au fil d'une narration à fleur de peau et tourbillonnante, toujours en mouvement, à l'image de celle qui raconte, le roman invite à s'interroger sur ce qu'implique faire communauté, explorant la complexité des dynamiques d'inclusion et d'exclusion qui s'y jouent et les manières dont le collectif et l'individuel peuvent se répondre, se co-construire, mais aussi se heurter. L'histoire est simple, mais les ramifications envisagées multiples.
Bref, "La grande verdure" explore avec un style propre la thématique du post-effondrement et des questionnements que peut impliquer une (re)construction, à une échelle individuelle comme collective. Une intéressante lecture !