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Ameimse

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A rejoint ce serveur il y a 2 années

Un compte bookwyrm pour y partager/recenser diverses lectures : - des romans de littératures de l'imaginaire (science-fiction, fantasy, fantastique). Lus principalement en VF, parfois en VO anglophone. - quelques écrits adoptant des perspectives critiques pouvant être féministes, décoloniales, écologiques... - possiblement à l'occasion des livres d'histoire.

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Livres de Ameimse

Lectures en cours

Premee Mohamed: Et que désirez-vous ce soir (Paperback, French language, 2025, L'Atalante) Aucune note

« Je sens une nouvelle fois cette aspiration que j’ai voulu étouffer : une faim …

Les éditions L'Atalante proposent en cette rentrée une nouvelle novella de l'autrice Premee Mohamed. J'ai beaucoup apprécié ses précédentes, dans le registre du post-apocalyptique comme du conte horrifique. Cette fois-ci, l'autrice nous entraîne dans un tout autre univers - que je suis très curieuse de découvrir. À suivre :)

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Nastassja Martin: Croire aux fauves (Paperback, French language, Verticales)

Ce jour-là, le 25 août 2015, l'événement n'est pas : un ours attaque une anthropologue …

Un récit intime et sublime

Aucune note

J'ai lu "À l'Est des rêves" il y quelques mois, et je n'avais pas vraiment accroché. A l'occasion d'une rencontre prévue avec l'autrice au Lautaret (rencontre qui n'a finalement pas eu lieu), j'ai lu, sur les conseils d'un ami, "Croire aux fauves", que j'ai beaucoup apprécié. L'autrice y raconte une rencontre (tragique) avec un ours lors d'une mission de terrain au Kamchatka, rencontre qui a marqué l'autrice à la fois physiquement et psychologiquement. L'autrice y raconte, avec une écriture intime, comment la rencontre avec l'ours a rendu poreuse la frontière entre l'approche rationnelle qu'elle suit pour étudier les peuples du Kamchatka, et une approche plus sensible, qui fait partie intégrante de la culture de ses peuples. Cette dualité est matérialisée par deux carnets de terrain qu'elle utilise: un carnet noir, dans lequel elle note ses observations factuelles, et un carnet de couleur, dans lequel elle note ses rêves. Ces deux …

a publié une critique de Les abysses par Rivers Solomon

Rivers Solomon: Les abysses (French language, 2021, J'ai Lu)

Lors du commerce triangulaire des esclaves, quand une femme tombait enceinte sur un vaisseau négrier, …

Les abysses

Un roman avec pour toile de fond le passé esclavagiste et la traite atlantique qui met en scène un peuple sous-marin descendant de femmes esclavisées enceintes jetées par-dessus bord lors de la traversée. Rivers Solomon entreprend d'y explorer des thématiques fortes autour de la place de l'Histoire, du rôle et du poids de la mémoire, de ce qui définit individuellement, mais aussi collectivement... C'est court, mais c'est dense. C'est aussi plein de toutes sortes d'émotions. Le style est brut, tout en étant d'une grande sensibilité. C'était le premier texte que je lisais de Rivers Solomon, et cette lecture en appelle d'autres !

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a publié une critique de Les irresponsables par Johann Chapoutot

Johann Chapoutot: Les irresponsables (Paperback, français language, 2025, Gallimard)

Un consortium libéral-autoritaire, tissé de solidarités d’affaires, de partis conservateurs, nationalistes et libéraux, de médias …

Lire cet essai éclaire notre présent

Aucune note

C'est un texte d'analyse d'une période très courte de la République de Weimar 1930/1933 qui s'achève avec la nomination de Hitler au poste de Chancelier par le Président du Reich, Hindenburg. Il reprend presque au jour près et aux paroles prononcées ou écrites dans des courriers ou des journaux, des principaux acteurs de cette époque. Il analyse la situation économique et les raisons que chacun, hommes politiques, patrons et dirigeants d'entreprises, leaders syndicaux, universitaires, etc. ont pu exprimer pour expliciter leur choix. Il met en évidence, au-delà de certaines particularités liées à la psychologie de certains de ces personnages historiques, la soif de pouvoir de ces hommes et leur conviction profonde que seule la politique menée par eux était valable. Du coup, on note les aveuglements qui empêchent de renoncer à la poursuite de politiques désastreuses ou au calcul personnel de certains qui se jettent dans des compromissions pour satisfaire …

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Jan Potocki: Manuscrit trouvé à Saragosse (Paperback, French language, 2008, Flammarion)

La version de 1810.

En 2002, Dominique Triaire et François Rosset, deux chercheurs lancés sur …

Manuscrit trouvé à Saragosse

Quelle incroyable découverte ce fut pour moi, autant pour ce roman, que pour cet auteur si peu connu en France. Le Manuscrit trouvé à Saragosse serait difficile à classer tant il est riche. L'emboîtement d'histoires dans l'histoire – sur quatre ou cinq niveaux –, l'humour, la quantité impressionnante de personnages qui livrent leurs histoires, se croisent et se révèlent, la richesse des détails historiques, philosophiques ou scientifiques ; Le Manuscrit trouvé à Saragosse pourrait être accordé au pluriel.

Wikipédia annonce la couleur : cette « œuvre complexe relève à la fois du roman picaresque, du roman libertin, du conte philosophique et du récit fantastique ». Si le roman a été écrit en français, il a tardé à être connu et les choses se compliquent parce qu'il y a eu plusieurs éditions (souvent incomplètes). Aussi, je vous conseille de lire celle de 1810 (richement annotée et commentée par François Rosset & …

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a publié une critique de Ne m'oublie pas par Alix Garin

Alix Garin: Ne m'oublie pas (Hardcover, French language, 2021, Le Lombard)

La grand-mère de Clémence souffre de la maladie d'Alzheimer. Face à son désespoir, elle prend …

Émouvante histoire entre générations

Une très belle histoire autour d'un sentiment très fort d'une jeune femme, Clémence, pour sa grand-mère atteinte d'Alzeimer. Les dessins, couleur pastel pour le présent et sans couleur pour le passé, permettent de suivre leurs rapports tout au long des pages de leur voyage. Elles se retrouvent ou s'éloignent parfois, échangent des confidences, parlent de leur vie et ne s'oublient pas... C'est une BD émouvante autour du souvenir et de l'importance des liens familiaux construits avec le temps et l'amour qui les a tissés.

Simon Jimenez: Le pays sans lune (Hardcover, Français language, 2023, J'ai lu)

Dans le Vieux Pays, le peuple souffre sous la domination du Trône de la Lune. …

Je croyais que c'était une histoire d'amour, dis-tu. L’insistance de ta lola est restée dans ton esprit depuis le début, et tu prononces ces mots calmement, avec un haussement d’épaules, comme pour faire savoir à ces artistes que c’est bien, qu’elle n’a pas tant d’importance, cette pensée, que peut-être la définition de ce qu’est une histoire d’amour pourrait être étendue pour inclure tout ce qui s’est passé jusqu’ici. Tu dis ça comme des excuses. Comme si c’était une chose pour laquelle il fallait s’excuser. Un enfant fugueur, qui fonce à travers les étagères en porcelaine : Je pensais que c’était une histoire d’amour. J’avais espéré que ce soit une histoire d’amour. Tu le dis avec honte, embarrassé de l’avoir dit, souhaitant pouvoir le retirer. Tu le dis avec l’inquiétude d’avoir trahi une partie secrète de toi-même qui ne veut pas être exposée, un vieux démon en toi, malade et impatient.  Tu le dis avec espoir. Timidement et sans conviction. L’espoir de quelqu’un qui sait qu’il est sur le point de quitter un rêve pour se réveiller dans une réalité qu’il ne comprend pas. Le pub attend, tout comme ton lit vide. Je croyais que c’était une histoire d’amour. Tu regrettes de l’avoir dit, comme si tu savais que cela allait affaiblir le conte. Le dépouiller de sa fumée et de son ombre. Mais tu le dis quand même.

Le pays sans lune de 

a publié une critique de Le pays sans lune par Simon Jimenez

Simon Jimenez: Le pays sans lune (Hardcover, Français language, 2023, J'ai lu)

Dans le Vieux Pays, le peuple souffre sous la domination du Trône de la Lune. …

Le pays sans lune

Je voulais profiter des vacances estivales pour lire des auteur·ices que je souhaitais découvrir depuis longtemps. J'ai commencé par Simon Jimenez, et ça a été une belle expérience.

Il a été difficile de me détacher du livre une fois la lecture commencée, alors même que les débuts peuvent dérouter. "Le pays sans lune" propose en effet une narration qui se déploie à plusieurs niveaux et dans différents registres, mais aussi depuis plusieurs espaces et temporalités. Un triple récit, avec des aller-retours, entre un pays qui paraît contemporain et où sévit une guerre dont on ne sait presque rien, un royaume ancien et lointain évoquant un imaginaire asiatique, et une mystérieuse scène de théâtre évoluant hors du temps et de l'espace.

La lecture offre une expérience narrative en soi qui m'a fascinée. Le récit, polyphonique, défie certains carcans ou catégories littéraires, déjoue certaines logiques ou attentes, tout en se réappropriant avec …

Donna J. Haraway: Vivre avec le trouble (French language, 2020) Aucune note

Vivre avec le trouble, c’est entrer dans un monde étrange — le nôtre — où …

Tant de récits de l’histoire de la Terre sont prisonniers du fantasme de la beauté des premiers mots et des premières armes, de la beauté des premières armes comme mots, et vice versa. L’outil, l’arme, le mot. Le mot qui s’est fait chair à l’image du dieu céleste. C’est ça Anthropos ! C’est une histoire tragique qui ne compte qu’un seul véritable acteur, un seul véritable faiseur de monde : le héros. C’est l’histoire de l’Homme en chasseur cherchant à tuer et à ramener son effroyable butin. C’est le récit tranchant, acéré et combatif d’une action qui repousse au-delà du supportable la souffrance de la passivité gluante, terrestre et pourrie. Dans ce genre d’histoire viriloïde, tout autre protagoniste est accessoire, support, domaine, espace pour l’intrigue ou proie. Sans importance aucune, son rôle n’est pas de voyager ou d’engendrer, mais de se trouver sur le passage, d’être un obstacle à franchir, ou encore une voie, un conduit. Que ses beaux mots et ses belles armes n’aient aucune valeur sans un sac, un récipient ou un filet pour les contenir, c’est bien la dernière chose que le héros veut savoir. Nul aventurier, toutefois, ne devrait quitter la maison sans un sac. Mais comment une écharpe, un pot ou une bouteille entrent-ils tout à coup dans l’histoire ? Comment ces humbles choses permettent-elles à l’histoire de continuer ? Ou – ce qui est peut-être pire pour le héros – comment ces objets concaves, évidés, ces trous dans l’Être, engendrent-ils, dès le départ, des histoires riches, plus insolites, plus denses, des histoires inconvenantes, des histoires sans conclusion, des histoires où le chasseur a sa place, mais dont il n’est pas, ou n’a pas été, le sujet, lui, l’humain qui se fait tout seul, la machine à faire l’humain dans l’histoire ? La courbure légère d’une coquille qui contient juste un peu d’eau, juste quelques graines à donner ou à recevoir, suggère des histoires de devenir-avec, d’induction réciproque et d’espèces compagnes dont la vie et la mort n’ont pas pour rôle de mettre un point final aux récits, d’achever les mondes en formation. Avec une coquille et un filet, devenir humain, devenir humus, devenir Terrien, prend une tout autre forme : la forme sinueuse, qui avance tel un crotal, du devenir-avec.

Vivre avec le trouble de  (Page 259)

Dans la continuité d"Autobiographie d'un poulpe", j'ai plongé dans "Vivre avec le trouble" (qui m'attendait depuis fort longtemps). La manière dont Vinciane Despret et Donna Haraway dialoguent (et dont leurs oeuvres résonnent entre elles) est particulièrement stimulante. Le tout aussi en référence à l'oeuvre science-fictionnelle d'Ursula Le Guin. Et justement, dans ce passage cité, Donna Haraway propose sa réception et prolonge la fameuse théorie de la fiction-panier d'Ursula Le Guin.