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Ameimse

Ameimse@bw.heraut.eu

A rejoint ce serveur il y a 2 années, 3 mois

Un compte bookwyrm pour y partager/recenser diverses lectures : - des romans de littératures de l'imaginaire (science-fiction, fantasy, fantastique). Lus principalement en VF, parfois en VO anglophone. - quelques écrits adoptant des perspectives critiques pouvant être féministes, décoloniales, écologiques... - possiblement à l'occasion des livres d'histoire.

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Livres de Ameimse

Lectures en cours

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Reni Eddo-Lodge: Why I'm No Longer Talking to White People About Race (2018, Bloomsbury Publishing) Aucune note

In 2014, award-winning journalist Reni Eddo-Lodge wrote on her blog about her frustration with the …

Asking for a sliver of disproportional power is too polite a request. I don't want to be included. Instead, I want to question who created the standard in the first place. After a lifetime of embodying difference, I have no desire to be equal. I want to deconstruct the structural power of a system that marked me out as different. I don't wish to be assimilated into the status quo. I want to be liberated from all negative assumptions that my characteristics bring. The onus is not on me to change. Instead, it's the world around me.

Why I'm No Longer Talking to White People About Race de 

Becky Chambers: Une très bonne hérétique (Paperback, French language, 2025, L'Atalante) Aucune note

Cinq nouvelles où cinq femmes sont chacune à une croisée des chemins : dans le …

« Je veux vous dire qu’on est là, dans l’espace. Nous vous voyons. Nous vous aimons. » Un gribbet s’appuya contre son torse. Leurs regards se croisèrent. S’accrochèrent. Thea se concentra pour transmettre… une volonté, une prière, un lien. Inutile, bien sûr. Elle essaya quand même, dans l’espoir que les gribbets traversent encore une ou deux étapes évolutionnaires, que la sélection naturelle les pousse dans une direction compréhensible par l’humanité. Alors, un jour, regardant le ciel, ils s’interrogeraient, ils auraient soif de réponses. Ils ne sauraient jamais qu’elle était passée parmi eux. Elle, si. Elle saurait, et si elle devait continuer à vivre il lui fallait accomplir ce geste futile. « Vous n’êtes pas seuls. Je vous en prie, comprenez-le : aucun de nous n’est seul. » Les gribbets poursuivirent leurs investigations. Au bout d’un moment, lassés d’elle, ils se dispersèrent. Thea se releva, vérifia l’intégrité de sa combinaison et repartit vers la capsule. La suite n’était pas de son ressort.

Une très bonne hérétique de 

Extrait de la nouvelle "Dernier contact"

Becky Chambers: Une très bonne hérétique (Paperback, French language, 2025, L'Atalante) Aucune note

Cinq nouvelles où cinq femmes sont chacune à une croisée des chemins : dans le …

Un court recueil de nouvelles - dont l'une se déroule dans l'univers des Voyageurs - pour retrouver pendant quelques pages l'ambiance et la tonalité des oeuvres de Becky Chambers.

Olivia Tapiero: Un carré de poussière (Paperback, Français language, 2025, Éditions du commun) Aucune note

« Les monuments remontent, les autres corps coulent, chaque nation se décharge. Les guerres se …

Des femmes disparaissent derrière les murs. Ils nomment pensée ce qui reste du côté des décideurs et je demande combien de fantômes pour le monde de la raison, combien d'oiseaux fracassés contre un reflet de ciel, le siècle des Lumières en valait-il la peine. L'avenir ne durera plus très longtemps. Les cigognes sont parties, elles ne reviendront pas. Des métaphores liquéfiantes ont naturalisé le capital et à présent les lauriers fleurissent dans les ravins secs où l'eau passait l'année dernière, leurs pétales roses s'éparpillent comme une mémoire d'avant-soif. Le bison dessiné sur la paroi de la grotte annonce l'extinction à même la préhistoire, les pyramides de crânes sous les sols d'Amérique. Depuis le début c'est le mur qui écrit.

Un carré de poussière de  (Page 48)

a publié une critique de Searoad par Ursula K. Le Guin

Ursula K. Le Guin: Searoad (Paperback, French language, 2025, Rivages)

À Klatsand, petite ville imaginaire de la côte Ouest, gens d’ici et visiteurs de passage …

Searoad

"Searoad" est un livre paru en 1991 aux États-Unis et dont la première traduction française (réalisée par Hélène Collon) a été proposée cet automne. Cela permet de continuer d'explorer en français l'oeuvre riche et foisonnante d'Ursula K. Le Guin.

Le roman propose une succession de portraits et de trajectoires personnelles, plus ou moins connectées, se déroulant au sein d'un village de bord de mer états-unien fictif, Klatsand. S'il enchaîne d'abord les textes courts, il se conclut par une dernière histoire, plus longue, offrant un récit intergénérationnel de plusieurs figures féminines depuis la fin du XIXe siècle. Ce récit non linéaire, dont la construction narrative ciselée, autant que les sujets abordés, sont d'une puissance et d'un souffle rares, condense tout ce que laisse peu à peu transparaître l'oeuvre.

L'oeuvre m'a particulièrement marquée par la richesse d'une écriture qui confère, en quelques lignes, une épaisseur et une densité à tous …

Sarah Gailey: Wanted : Femmes intègres (Paperback, French language, 2025, Goater) Aucune note

En se réfugiant dans le chariot des Bibliothécaires, Esther voulait simplement fuir : son père, …

Mais plus Esther parlait avec Cye, plus elle se rendait compte que la liste des choses qu'elle n'avait jamais vues était plus longue que les ombres étirées sous le soleil du désert. Pas seulement des choses qu'elle n'avait jamais vues, des choses qu'elle n'aurait même pas pensées possibles. Bet et Leda blotties sous la même couverture à côté du feu, une carte dépliée sur les genoux, sans que ni l'une ni l'autre ne jettent des regards inquiets aux alentours pour s'assurer que personne n'avait vu leurs mains se toucher. Les yeux de Cye danser alors qu'ael racontait des histoires d'enfilage de pantalon au milieu d'un bal populaire pour faire virevolter la moitié de la salle qu'ael avait manquéx quand ael avait une robe. Geneviève, Amity et Trace cachées dans le double-fond du chariot à matériel tandis qu'un shérif jovial, mais armé jusqu'aux dents, cherchait de la contrebande. [...] Ces personnes étaient contentes d'elles-mêmes. Elles s'aimaient, non pas malgré qui elles étaient, mais à cause de qui elles étaient. Ce n'était pas logique, pas du tout. Ce genre de joie ne devrait pas être possible pour des femmes comme elles. Leur joie était aussi luxuriante qu'une table pleine à craquer de fruits mûrs, de viande à la peau croustillante et de beurre de baratte. C'était une tentation. C'était une promesse. C'était impossible. Elle voulait cette satisfaction. Elle la voulait rien que pour elle, la voulait comme un rat d'égout à moitié mort de faim contemple cette table de l'autre côté d'une fenêtre lors d'une nuit de disette. Elle ne savait pas comment l'obtenir. Mais il lui semblait que si elle restait assez longtemps avec les Bibliothécaires, elle arriverait à comprendre. Comment festoyer plutôt qu'être affamée. Comment aimer la personne qu'elle était plutôt que de la combattre.

Wanted : Femmes intègres de  (Page 48 - 50)

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a publié une critique de Citadins de demain par Claire Duvivier (Capitale du Nord, #1)

Claire Duvivier: Citadins de demain (Paperback, Français language, 2021, Aux Forges de Vulcain)

Amalia Van Esqwill est une jeune aristocrate de Dehaven, issue d'une puissante famille : son …

Une belle découverte que ce premier tome !

D'abord j'ai trouvé l'histoire longue à se mettre en place. Dès les premières pages, on sait qu'il va y avoir une catastrophe, la narratrice nous le dit, mais il faut attendre longtemps avant de commencer à l'entrevoir. Ensuite je n'ai pas vraiment aimé le personnage d'Amalia, la narratrice. Je l'ai trouvé agaçante. Amalia étant une aristocrate adolescente, c'est toutefois tout à fait normal qu'elle m'agace. Donc j'ai trouvé le personnage très bien écrit. Et puis tout à coup tout s'accélère. Sans crier gare, l'histoire devient même flippante. Impossible de lâcher la lecture ! Plein de questions qui surgissent. C'est quoi cette magie, cet ensorcellement, ce sortilège ? Et alors la catastrophe ! Ce premier tome se finit sur un évènement brutal et si rapide que les personnages n'ont le temps ni de le voir venir, ni de réaliser réellement ce qu'il se passe. Un cliffhanger qui ne peut que donner …

Ursula K. Le Guin: Searoad (Paperback, French language, 2025, Rivages)

À Klatsand, petite ville imaginaire de la côte Ouest, gens d’ici et visiteurs de passage …

Elle est née de moi au bout d’une ultime, interminable vague de souffrance indicible et, désormais, elle s’ébat librement. Elle revient, elle rentre à la maison, chez elle à quatre heures de l’après-midi, un verre de lait et un petit gâteau, est-ce qu’on peut aller jouer au bord de la rivière, jamais absente plus d’une nuit, pas encore, jamais plus loin qu’une excursion avec l’école, mais déjà elle s’éloigne de moi à toutes jambes. Je sens le fil s’étirer, le fin cordon d’acier sur lequel elle ne cessera de tirer au fil des ans, éthéré, si mince que lorsqu’elle ne sera plus là, c’est à peine si j’aurai conscience de lui, je n’y penserai pas pendant des semaines, peut-être, jusqu’à ce qu’un coup sec m’arrache un cri en mémoire de la douleur dans les racines de la matrice qui tire et tord la corde sensible et me blesse en plein cœur. La sensation est déjà là. Je l’ai éprouvée quand elle a fait ses premiers pas non pas vers moi mais en s’éloignant de moi. Elle a vu un jouet qu’elle voulait, elle s’est levée, a fait ses quatre premiers pas et chu sur lui, toute à son triomphe. Elle est allée là où elle voulait. Mais je ne peux pas lui courir après. Je ne dois pas la poursuivre, je ne dois pas en faire ma proie. Même la chair de ma chair, je ne pourrai pas la talonner, trébuchante, tandis que mon âme fait ses premiers pas, avant de m’étaler, vaincue, les mains vides, hurlant pour qu’on me console.

Searoad de  (90%)

Ursula K. Le Guin: Searoad (Paperback, French language, 2025, Rivages)

À Klatsand, petite ville imaginaire de la côte Ouest, gens d’ici et visiteurs de passage …

J’ai fait ce que nous faisons presque tous, feindre de tenir à distance notre monde à nous, enveloppé dans notre peau, pour nous protéger, j’ai cru qu’il n’y avait rien d’autre que moi. Mais notre monde passe, il passe à travers nous et nous à travers lui ; il n’y a pas de frontière. J’inspire l’air aussi longtemps que je vis et je l’expire tiédi. Quand je pouvais encore courir, je courais sur la plage en laissant mes empreintes de pas derrière moi dans le sable. Tout ce que je pensais, tout ce que je faisais, c’est le monde qui me l’a donné et je le lui ai rendu. Mais la mer, elle, ne se laisse pas incorporer. Elle ne se laisse pas marquer par des empreintes. Elle ne vous soutient que si vous battez des bras et des jambes jusqu’à épuisement et là, elle vous laisse glisser vers le fond, comme si vous n’aviez même pas tenté de nager. La mer est implacable. Et infatigable. Toutes les nuits, les longues nuits, je l’entends être infatigable. Si je pouvais me poster derrière les fenêtres côté est, je verrais jusqu’à la chaîne côtière, les montagnes bleues dont la forme ne varie jamais. Elles laissent l’esprit suivre leurs courbes contre le ciel comme elles se laissent fouler aux pieds. Et, allongée là, je regarde les nuages et eux ne sont pas infatigables, ils sont reposants. Ils changent lentement, ils fondent jusqu’à ce que l’esprit fonde parmi eux et change, silencieux comme eux. Mais la mer tout en bas, elle, se tape la tête contre les rochers, sa tête blanchie, comme un vieux roi fou qui broie et mue la roche en sable entre ses doigts, mange les terres. Elle est violente. Elle refuse de se tenir tranquille. Par les nuits les plus calmes, je l’entends, la mer. L’air est silence sauf si le vent souffle fort, la terre est muette, à part les voix des enfants, et le ciel ne dit rien. Mais la mer crie, rugit, chuinte, tonne, gronde sans cesse et sans fin, et ce bruit, elle le fait depuis le commencement du monde et continuera à le faire pour l’éternité, sans cesse et sans halte, jusqu’à ce que le soleil s’éteigne. Alors viendra vraiment la mort, quand la mer mourra, la mer qui signifie notre mort, l’indifférente altérité. Imaginer la mer muette est terrible. À cette idée, je songe que la paix reste en suspens comme une gouttelette d’embruns, une bulle d’écume, dans le tumulte des vagues, et que du vacarme dénué de sens émerge le chant de toutes les voix. Le fracas du temps. Fleuves et rivières chantent dans leur course vers la mer, renvoient leur chant jusque dans l’incessant vacarme amélodique, seule et unique constante en ce monde. Les étoiles, en se consumant, émettent aussi ce vacarme-là. Dans le silence de mon être, à présent, je l’entends. Les cellules de mon corps se consument dans ce son. Allongée là, je dérive comme une gouttelette d’embruns, une bulle d’écume, le long de la plage de lumière. Je cours, je cours, vous ne m’attraperez pas !

Searoad de  (85%)

a cité Searoad par Ursula K. Le Guin

Ursula K. Le Guin: Searoad (Paperback, French language, 2025, Rivages)

À Klatsand, petite ville imaginaire de la côte Ouest, gens d’ici et visiteurs de passage …

Après avoir lu sa lettre, j’ai éprouvé le besoin d’aller marcher un peu, de descendre à la plage, de sentir le ciel au-dessus de moi. Les vagues, toutes de perle et de nacre, déferlaient en émergeant d’une brume nimbée de soleil. J’ai fait ma promenade habituelle jusqu’à la Pointe Épave. Au retour, j’ai croisé des estivants sur la plage ; il y en a tout le temps, maintenant. La famille qui est descendue chez Viney et des gens qui séjournent à l’hôtel. Un garçon fluet m’a immédiatement fait penser à Lafa. Douze, treize ans, un enfant encore. Il est entré dans l’eau à toute allure, par l’estuaire, les lagunes, les grandes nappes laissées par la marée basse. Un joli petit garçon qui courait en levant haut les genoux, la casquette enfoncée jusqu’aux yeux, le nez en l’air, et qui faisait le clown pour sa famille à grand renfort d’éclaboussures et de virevoltes, léger comme la lumière. Et je me suis dit : Oh, qu’est-ce qui, plus tard, les change à ce point ? J’en ai eu le cœur tordu, essoré comme un torchon à vaisselle – qu’est-ce qui leur arrive donc, à ces jeunes garçons gracieux ? Un autre garçonnet, plus petit, celui-là. Toute une famille avançait à la queue leu leu en se traînant, épuisée, toute la journée à la plage, mais ce sont leurs vacances, il faut en profiter au maximum. Alors ils avançaient péniblement en direction des dunes, et le plus petit, à la remorque, s’était arrêté, en larmes. Il avait laissé tomber les plumes de goéland qu’il avait trouvées. Il restait planté là, les pieds entourés de plumes pleines de sable, à pleurer : Oh, j’ai laissé tomber toutes mes plumes ! Larmes et morve mêlées coulent sur son visage, Oh, attendez, attendez ! Il faut que je les ramasse ! Mais ils ne se sont pas arrêtés. Ils ne se sont même pas retournés. Il avait six ans, peut-être sept, trop grand pour pleurer sur une poignée de plumes. Il est temps d’être un homme, maintenant. Il a dû rattraper les autres au pas de course, pleurant toujours, et ses plumes sont restées là, sur le sable.

Searoad de  (75%)