Anthony a terminé la lecture de La cité des permutants par Greg Egan

La cité des permutants de Greg Egan
En ce milieu du XXIe siècle, quiconque ayant perdu son corps peut désormais poursuivre son existence, sous la forme de …
Rassure-toi, tu ne vas pas mourir de lire.
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55% terminé ! Anthony a lu 29 sur 52 livres.
En ce milieu du XXIe siècle, quiconque ayant perdu son corps peut désormais poursuivre son existence, sous la forme de …
J'avais beaucoup aimé le premier tome de Noon, sorti en 2022, mais le second s'était un peu égaré sur ma pile à lire. La sortie du troisième tome en juin a fait office de piqûre de rappel et a donc servi de prétexte pour me replonger dans cet univers, en commençant tout d'abord par cette deuxième aventure. Les auteurices ("L.L. Kloetzer" n'est pas vraiment un pseudonyme, mais désigne une écriture à quatre mains de Laurent et Laure Kloetzer : iels l'emploient pour tous leurs écrits en commun) disent que chaque tome peut être lu indépendamment, mais, pour ma part, je préfère savourer la construction et l'enrichissement progressif d'un univers et des dynamiques entre les personnages. Et je n'ai pas regretté puisque j'ai passé un très bon moment en lisant "La première ou dernière".
C'est un roman de fantasy qui reprend nombre de codes du genre sword & sorcery : de …
J'avais beaucoup aimé le premier tome de Noon, sorti en 2022, mais le second s'était un peu égaré sur ma pile à lire. La sortie du troisième tome en juin a fait office de piqûre de rappel et a donc servi de prétexte pour me replonger dans cet univers, en commençant tout d'abord par cette deuxième aventure. Les auteurices ("L.L. Kloetzer" n'est pas vraiment un pseudonyme, mais désigne une écriture à quatre mains de Laurent et Laure Kloetzer : iels l'emploient pour tous leurs écrits en commun) disent que chaque tome peut être lu indépendamment, mais, pour ma part, je préfère savourer la construction et l'enrichissement progressif d'un univers et des dynamiques entre les personnages. Et je n'ai pas regretté puisque j'ai passé un très bon moment en lisant "La première ou dernière".
C'est un roman de fantasy qui reprend nombre de codes du genre sword & sorcery : de la magie, des combats donc... mais pas seulement. "La première ou dernière" est un diffus mélange de classiques du genre, réappropriés, remis en ordre et délivrés avec une maîtrise narrative assez savoureuse. Les auteurices nous glissent en effet dans le quotidien tourbillonnant d'une cité ancienne et complexe, en suivant le récit que propose a posteriori Yors, le garde du corps du magicien Noon. Yors nous raconte donc leurs aventures de son point de vue, après qu'elles aient eu lieu. Le personnage donne à la narration une voix et un style propres, avec la distance de l'a posteriori, mais aussi en reflétant la personnalité de ce mercenaire, pragmatique et désabusé, qui forme un duo aussi contrasté que complémentaire avec son jeune employeur. Ce dernier, toujours décalé, continue de dérouter, voire de surprendre dans certaines de ses attitudes, défiant une catégorisation figée. Le roman exploite parfaitement la dynamique entre les deux, tout en parvenant à intégrer au récit toute une galerie de personnages qui y trouvent leur juste place, dans les bons comme dans les mauvais rôles.
Reposant sur cette base, "La première ou dernière" propose une aventure rythmée et très plaisante à lire. Nous entraînant des bas-fonds de la cité aux lieux de pouvoir dans un univers médiévalisant, l'histoire est l'occasion de capturer les multiples facettes des diverses dynamiques sociales qui sont à l'oeuvre dans cette grande ville. Au sein des jeux de pouvoir mis en scène et théâtralisés, gouverné·es et gouvernants, population et dirigeants, ont toustes un rôle dans cet ordre social, certes très hiérarchisé, mais qui n'en reste pas moins toujours en mouvement. Au fur et à mesure d'une escalade dans les enjeux, conduisant toute la ville au bord du précipice, le récit laisse entrevoir toute la complexité des rapports de force à l'oeuvre, l'illusion ou la fragilité de certains titres, la capacité d'autres à influer en coulisse (dans cette ville où ce sont des hommes qui détiennent officiellement les positions les plus prestigieuses, le roman fait aussi la part belle à des personnages féminins qui savent jouer leurs propres partitions).
Porté par une écriture aussi vive que riche, "La première ou dernière" est un roman enthousiasmant qui se lit avec beaucoup de plaisir, exploitant des codes familiers pour en proposer une partition admirablement maîtrisée et qui trouve une place qui lui est propre dans ce genre.
Comme beaucoup, Annie Ernaux se rend dans un hypermarché pour faire ses courses. Pendant une année, elle a noté ses …
« En fait, j’ai personnellement conscience, en ce moment même, de ce que je suis, de ce que sont mes limites, et cela n’inclut pas une Copie de moi lancée un jour dans un futur indéfini. Tu peux comprendre ça ? Être numérisée ne me rendrait pas plus heureuse d’aborder la mort. Quoi qu’en puisse penser une Copie de moi, si jamais on en fait tourner une.
— La cité des permutants de Greg Egan (25%)
En 2024, John Vines, un neurochirurgien de Boston, fit tourner une Copie de lui-même entièrement consciente dans une Réalité virtuelle grossière. Au bout d’un peu moins de trois heures de temps réel (avec hyperventilation, accélération du rythme cardiaque et augmentation du taux des hormones de stress), les premières paroles de la Copie furent : « C’est comme si on était enterré vivant. J’ai changé d’avis. Sors-moi d’ici ! »
— La cité des permutants de Greg Egan (13%)
Je suis ennuyé. Le sujet est important : sortir de l’oubli une des nombreuses abjection de l’état colonial français, les avortements et stérilisations forcées de nombreuses femmes de la Réunion jusque dans les années 70. Mais les autrices ont fait le choix de raconter en parallèle l‘histoire bien connue de la création du MLF et des luttes pour le droit à l’avortement. Pour montrer deux facettes d’une société qui refuse aux femmes le droit de disposer de leur corps. Interdire à certaines d’avoir des enfants, obliger les autres à enfanter. Malheureusement je trouve que ça ne fonctionne pas. L’histoire côté parisien est sympathique, mais connue, j’ai trouvé qu’elle n’apportait pas grand chose. J’aurais préféré que tout l’album se concentre sur ce qui s’est passé à la Réunion. Peu importe, l’essentiel est dans l’existence de ce livre, dans la mise en lumière de ce scandale oublié, et c’est pour cela qu’il …
Je suis ennuyé. Le sujet est important : sortir de l’oubli une des nombreuses abjection de l’état colonial français, les avortements et stérilisations forcées de nombreuses femmes de la Réunion jusque dans les années 70. Mais les autrices ont fait le choix de raconter en parallèle l‘histoire bien connue de la création du MLF et des luttes pour le droit à l’avortement. Pour montrer deux facettes d’une société qui refuse aux femmes le droit de disposer de leur corps. Interdire à certaines d’avoir des enfants, obliger les autres à enfanter. Malheureusement je trouve que ça ne fonctionne pas. L’histoire côté parisien est sympathique, mais connue, j’ai trouvé qu’elle n’apportait pas grand chose. J’aurais préféré que tout l’album se concentre sur ce qui s’est passé à la Réunion. Peu importe, l’essentiel est dans l’existence de ce livre, dans la mise en lumière de ce scandale oublié, et c’est pour cela qu’il faut lire cette histoire.
Je ne m'étais pas préalablement renseigné sur cet ouvrage de l'autrice Herta Müller, nobélisée en 2009. Le réalisme de ces multiples petites chroniques concentrationnaires – dans un camp de travail soviétique – m'a déstabilisé au point que j'ai cherché à comprendre comment l'autrice pouvait à ce point nous immerger dans l'horreur vécue par ces Roumains d'origine allemande déportés dans ces camps. L'autrice a mis son talent littéraire au service des souvenirs de sa propre mère, mais surtout de ceux du poète germano-roumain Oskar Pastior. Ce livre devait être écrit à deux mains, mais ce dernier est décédé prématurément. Mais bien que le narrateur souffre de la faim – le roman aurait pu se nommer « L'Ange de la faim » –, du froid, de l'horreur de la détention ; le livre est empli de poésie. La fiction et le style brillant de l'autrice sont au service de la Mémoire, et …
Je ne m'étais pas préalablement renseigné sur cet ouvrage de l'autrice Herta Müller, nobélisée en 2009. Le réalisme de ces multiples petites chroniques concentrationnaires – dans un camp de travail soviétique – m'a déstabilisé au point que j'ai cherché à comprendre comment l'autrice pouvait à ce point nous immerger dans l'horreur vécue par ces Roumains d'origine allemande déportés dans ces camps. L'autrice a mis son talent littéraire au service des souvenirs de sa propre mère, mais surtout de ceux du poète germano-roumain Oskar Pastior. Ce livre devait être écrit à deux mains, mais ce dernier est décédé prématurément. Mais bien que le narrateur souffre de la faim – le roman aurait pu se nommer « L'Ange de la faim » –, du froid, de l'horreur de la détention ; le livre est empli de poésie. La fiction et le style brillant de l'autrice sont au service de la Mémoire, et l’œuvre, que je classerais volontiers dans les récits concentrationnaires, est un texte d’une rare puissance.
En ce milieu du XXIe siècle, quiconque ayant perdu son corps peut désormais poursuivre son existence, sous la forme de …
Nous sommes en Roumanie, en janvier 1945 : la population germanophone de Transylvanie vit dans la peur de la déportation. …
Même soixante ans après le camp, la nourriture me donne une grande excitation. Je mange par tous les pores. Quand je mange avec d’autres, je deviens désagréable. Je me nourris en ergoteur. Les autres, qui ne connaissent pas le bonheur de la bouche, se nourrissent comme des êtres sociables et courtois. Mais moi, en mangeant, je me prends à penser au ras-le-bol du bonheur : il surviendra un jour ou l’autre, et chaque convive attablé à mes côtés devra restituer le nid de sa tête, la bascule de son souffle, la pompe de sa poitrine, la salle d’attente de son ventre. J’aime tellement manger que je ne veux pas mourir, vu qu’après je ne pourrai plus manger. Depuis soixante ans, je sais que mon retour au pays n’a pas eu raison du bonheur au camp. Aujourd’hui encore, la faim du camp ronge le cœur de tous les autres sentiments. Au cœur de moi, c’est le vide.
— La bascule du souffle de Herta Müller (81%)
C’est donc en raison d’une méconnaissance du droit que tant de gens croient que s’assurer du consentement sexuel d’un·e partenaire consisterait à signer un contrat. L’idée que les rapports sexuels nécessiteraient un contrat explicite repose sur une confusion entre la fonction du consentement en droit civil et en droit pénal. En droit pénal, le consentement est un critère permettant de distinguer des actes criminels (viol) de comportements légitimes. Le consentement sexuel ne peut donc pas être assimilé à une relation contractuelle.
— Vivre avec les hommes de Manon Garcia (24%)
« Je suis philosophe, je m'intéresse aux rapports entre les femmes et les hommes : après un premier livre sur …
Si, extérieur à ce milieu, Marcel Proust a dans À la recherche bien savoureusement étriqué l’aristocratie ; c'est depuis le milieu lui-même – Laure Murat est issue de ce qui tente de survivre de la noblesse – que l'autrice dresse un portrait impitoyable de cette dernière. Dans ce qui semble une phase finale de libération, l'historienne nous offre un savant mélange d'autobiographie et d’hommage à l'auteur disparu. Spécialiste, Laure Murat se livre au lecteur dans un style littéraire agréable. Je conseillerais ce livre à celles et ceux qui ont lu tout ou partie d’À la recherche du temps perdu. Sur ce dernier point, Laure Murat tente de désacraliser le texte – de dire qu'il n'est pas si difficile que ça – et de tenter d’attirer de futurs lectrices et lecteurs qui hésiteraient à s'y plonger, et ce quelle que soit la manière de commencer la série.
« Je suis philosophe, je m'intéresse aux rapports entre les femmes et les hommes : après un premier livre sur …
Un texte qui médite sur le pouvoir émancipateur de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de …