Si nous étions en Iran, cette salle d'attente d'hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. …
Cette naissance fut ma première. La seconde eut lieu dix ans après, quand nous arrivâmes à Paris. Kimiâ devint Kimia ou Kim ou Kimy ou « Comment ? Tu peux répéter ? ». À vrai dire, rien ne ressemble plus à l’exil que la naissance. S’arracher par instinct de survie ou par nécessité, avec violence et espoir, à sa demeure première, à sa coque protectrice, pour être propulsé dans un monde inconnu où il faut s’accommoder sans cesse des regards curieux. Aucun exil n’est coupé du chemin qui y mène, du canal utérin, sombre trait d’union entre le passé et l’avenir, qui une fois franchi se referme et condamne à l’errance.
A Providence, petite ville perdue dans le grand nulle part, une voix s'élève doucement au …
Coup de cœur pour ce concentré d'humanité et d'émotion.
5 étoiles
Véra, la fille de Mélaine de «nous rêvions juste de liberté», est une jeune-fille introvertie, qui partage son temps libre à Providence entre un vieux lavoir près de la rivière Vermillon, et le garage Ceresoto, chez Freddy. Quelque temps après avoir trouvé une vraie amie, Soa, Véra part à l'Université, où elle fait la connaissance (virtuelle) d'un certain Karoun. Peu à peu, les choses changent à Providence. Goliath, grande entreprise qui fait tout et ressemble à un moteur de recherche bien connu (doublé d'un marchand en ligne bien connu avec un propriétaire chauve) s'installe dans la vallée, y construit un énorme barrage, et emploie tout le monde. Mais la résistance s'organise...
J'ai énormément aimé ce livre. C'est le pendant de "nous rêvions juste de liberté". Là où les Spitfires rêvaient de bitume, de liberté et de cylindrées, ce roman nous fait rêver de nature hospitalière et de verdure. Ce roman …
Véra, la fille de Mélaine de «nous rêvions juste de liberté», est une jeune-fille introvertie, qui partage son temps libre à Providence entre un vieux lavoir près de la rivière Vermillon, et le garage Ceresoto, chez Freddy. Quelque temps après avoir trouvé une vraie amie, Soa, Véra part à l'Université, où elle fait la connaissance (virtuelle) d'un certain Karoun. Peu à peu, les choses changent à Providence. Goliath, grande entreprise qui fait tout et ressemble à un moteur de recherche bien connu (doublé d'un marchand en ligne bien connu avec un propriétaire chauve) s'installe dans la vallée, y construit un énorme barrage, et emploie tout le monde. Mais la résistance s'organise...
J'ai énormément aimé ce livre. C'est le pendant de "nous rêvions juste de liberté". Là où les Spitfires rêvaient de bitume, de liberté et de cylindrées, ce roman nous fait rêver de nature hospitalière et de verdure. Ce roman est celui de la sororité, après celui de la fraternité.
Le livre est écrit par Véra à la première personne, dans un style déglingué, touchant, et qui va droit au cœur. Un mot pour un autre ici, une expression subvertie là, assez pour stimuler le lecteur, mais jamais trop. L'auteur évite tous les pièges, ne tombe jamais dans la caricature, et nous livre au contraire un formidable message d'espoir dans la jeunesse, et dans toutes les alternatives à Goliath, déjà existantes pour certaines. Les réseaux décentralisés, les petits commerces, les énergies renouvelables et locales, la coopération libre façon Kropotkine. Un vrai manifeste écologiste, féministe et libertaire du XXIème siècld. Mais l'essentiel n'est pas là.
On s'attache profondément à Véra et aux autres. C'est un livre que j'ai fini les larmes aux yeux, noyé par l'émotion. Autant dire qu'il m'a touché au cœur.
Si nous étions en Iran, cette salle d'attente d'hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. …
La bouche pleine de pâtisseries et de pistaches au safran, les femmes parlaient entre elles de leur vagin ; d’abord en gloussant et en rosissant, puis avec naturel. Elles se confiaient, donnaient des détails sur sa taille et sa souplesse, s’apitoyaient sur les dégâts causés par les accouchements successifs. Peu à peu, prenant de l’assurance, elles glissèrent vers les frontières clandestines, dévoilèrent la manière dont il réagissait, ce qu’il préférait, attendait, espérait, mais avec le sérieux de savants échangeant leurs appréciations sur les possibilités d’une matière perfectible. Tant qu’elles parlaient de leur vagin, gardant les maris et leur instrument dans le hors-champ des convenances, elles ne parlaient pas de leur sexualité, vous comprenez. Elles prenaient soin de rester dans la zone grise de l’observation empirique, à des kilomètres de leur mariage, de la moiteur nocturne de leur chambre à coucher, là où elles pouvaient être libres sans risquer rumeurs, colportages et déshonneurs. Maniant à merveille l’art persan de l’hypocrisie, elles veillaient à ce que pas un souffle de ce vent libertaire ne se glisse dans l’oreille conservatrice de leur mari. Qui sait de quoi un homme est capable s’il apprend ce qui se trame dans la tête et le bas-ventre de la population féminine qui habite sous son toit ? Mieux valait les laisser continuer leur vie, comme toujours en parallèle, engoncés dans la certitude confortable de tout maîtriser.
Cuisinière au savoir-faire inoubliable, Victoire Élodie Quidal travaille au service d'Anne-Marie et Boniface Walberg, à …
Victoire, les saveurs et les mots
5 étoiles
Voilà, le premier roman que j'ai lu de l'auteur. J'ai trouvé l'histoire de cette cuisinière d'un ancien temps (colonial) très touchante, émouvante ... Dans ce roman, se confronte violemment les époques. L'époque d'une servante, soumise à sa tâche et à ses "employeurs" (qui sont les blancs qui ont colonisé la Guadloupe) et sa fille qui grâce au labeur de sa mère, son salaire et la protection de ses "employeurs"; a pu s'émanciper, faire des études et fréquenter des personnes de la "haute société". C'est émouvant parce qu'il est toujours question de cette couleur de peau, qui imprègne toutes relations : entre la mère et la fille, la femme et les employeurs; animant tout de honte et de culpabilité; comme un éternel recommencement. A la fin, ça dépasse la simple couleur de peau; c'est bien l'Histoire et ce qu'elle fait à l'âme des êtres humains que nous sommes tous et toutes.
Le jeune Adel voit sa vie basculer lorsque ses parents divorcent. Au même moment, la …
Une baignoire dans le désert
5 étoiles
Comme toujours, un petit livre beaucoup trop vite lu. Donc, je le relirai, il va prendre sa place dans ma bibliothèque et je ne m'en séparerai pas. Pourquoi ? Parce que c'est un très très beau petit roman d'apprentissage, de la vie, de la violence humaine, d'un petit garçon sensible, doux qui a dû apprendre à survivre dans la solitude d'une époque difficile, violente (la nôtre). Lorsque la guerre, la mort s'abat sur son village, qu'il est seul, isolé c'est accompagné de ses amis imaginaires qu'il va fuir, sauver sa vie jusque dans le désert où il sera kidnappé, enfermé... Mais heureusement, dans un groupe d'hommes sans maturité mais dirigé par un chef qui n'abandonnera pas ce garçon et permettra qu'il soit retrouvé par ses parents. Durant cette lecture, j'ai donc imaginé ce que les enfants peuvent vivre en Palestine, en Ukraine, au Tchad et partout où la guerre, ses …
Comme toujours, un petit livre beaucoup trop vite lu. Donc, je le relirai, il va prendre sa place dans ma bibliothèque et je ne m'en séparerai pas. Pourquoi ? Parce que c'est un très très beau petit roman d'apprentissage, de la vie, de la violence humaine, d'un petit garçon sensible, doux qui a dû apprendre à survivre dans la solitude d'une époque difficile, violente (la nôtre). Lorsque la guerre, la mort s'abat sur son village, qu'il est seul, isolé c'est accompagné de ses amis imaginaires qu'il va fuir, sauver sa vie jusque dans le désert où il sera kidnappé, enfermé... Mais heureusement, dans un groupe d'hommes sans maturité mais dirigé par un chef qui n'abandonnera pas ce garçon et permettra qu'il soit retrouvé par ses parents. Durant cette lecture, j'ai donc imaginé ce que les enfants peuvent vivre en Palestine, en Ukraine, au Tchad et partout où la guerre, ses bombes, ses engins de morts s'abattent soudain dans la vie des familles et des petits enfants ...
Le soir d'un dimanche de Pâques, un nouveau-né est déposé dans le jardin de monsieur …
L'Evangile du nouveau monde
3 étoiles
Je n'ai pas été aussi émue et enchantée par cette lecture, comme nombre de critique que j'ai pu lire. Pourquoi ? Peut-être parce que je n'ai pas lu ce roman comme une autre vision du monde que propose l'auteur; mais comme la quête d'un jeune homme orphelin qui recherche la raison de son existence sur cette planète tout en se croyant peut-être investi d'un "don" comme on veut le lui faire croire... Après d'innombrables "mésaventures" qui le contraignent à rencontrer diverses communautés plus ou moins religieuses, autoritaires et en visitant des pays lointains ... dans le désir de lui aussi, apporter sa part et contribuer à la paix dans le monde... il finira par trouver la paix d'une manière tout à fait humaine.
Si nous étions en Iran, cette salle d'attente d'hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. …
L’Iranien n’aime ni la solitude ni le silence – tout autre bruit que la voix humaine, même le vacarme d’un embouteillage, étant considéré comme silence. Si Robinson Crusoe était iranien, il se laisserait mourir dès son arrivée sur l’île et l’affaire serait réglée.
Cette tendance à bavarder sans fin, à lancer des phrases comme des lassos dans l’air à la rencontre de l’autre, à raconter des histoires qui telles des matriochkas ouvrent sur d’autres histoires, est sans doute une façon de s’accommoder d’un destin qui n’a connu qu’invasions et totalitarisme. Comme Shéhérazade usant de la parole pour venir à bout de la vengeance sanguinaire du Roi Shahryar envers les femmes du royaume, l’Iranien se sent enfermé dans le dilemme existentiel et quotidien de « parle ou meurs ». Raconter, conter, fabuler, mentir dans une société où tout est embûche et corruption, où le simple fait de sortir acheter une plaquette de beurre peut virer au cauchemar, c’est rester vivant.
Un flash mystérieux a coupé toute électricité sur Terre, aveuglant au passage tous les adultes. …
Nous croyions échanger entre humains, mais nous ne faisions qu'envoyer nos correspondances à es algorithmes automatiques qui les agrégeaient pour ensuite produire du contenu idéal, affichant sur nos écrans les messages ayant la plus grande probabilité d'accroître notre consommation.
Incapables de communiquer sans algorithmes interposés, les humains étaient prisonniers, condamnés à l'abrutissement solitaire.
Une minorité s'en rendit compte et décida de lutter. Ses membres tentèrent, pour la millième fois de l'histoire, de réinventer la communication entre humains, de nous avertir.
Personne ne les entendit. Personne ne les remarqua. Leurs messages n'avaient, après tout, qu'une trop faible probabilité d'augmenter notre consommation.
A Providence, petite ville perdue dans le grand nulle part, une voix s'élève doucement au …
Tous les jours, au bord du Vermillon, je rejouais toute seule l'épisode du mercredi d'avant, avec licence poétique. Je devenais Flo, la petite fille rousse comme moi pareille, naufragée sur une île déserte avec une grande famille très aimable et des amis épatants, tel monsieur Morton, un vieux marin fort gentil malgré l'apparence.
Moisson au clair de la Terre.
Puisqu'il faut trouver une autre planète habitable, pourquoi pas …
« Je me suis arrêtée au bas du mur pour laisser passer le tremblement de la marée thermique. J’ai vu le Soleil envahir la mer des Îles. Il a dispersé le bleu de Terre comme on sèche une buée, et tiré une ombre nette de chaque rocher, de chaque caillou, de chaque grain de poussière. Comme il montait toujours en frappant cent mille facettes minérales, la mer des Îles a pétillé d’un bord à l’autre de l’horizon. Puis le Soleil s’est hissé tout entier dans l’obscurité du ciel, écrasant le paysage sous sa blancheur parfaite. J’ai déployé une voile d’or pour réfléchir la chaleur et je suis retournée vers le dôme de la ferme à grandes foulées. Mes pas levaient des cercles de gravillons qui retombaient en cascade autour de mes bottes dans le silence absolu. »
Si nous étions en Iran, cette salle d'attente d'hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. …
Mais vous le savez aussi bien que moi, pour prétendre entrer dans la tête d’un homme, il faut d’abord le connaître ; avaler toutes ses vies, toutes ses luttes, tous ses fantômes. Et croyez-moi, si je commence par là, si j’abats déjà la carte du « père », je n’arriverais plus à vous raconter ce que je m’apprête à vous raconter.
Moisson au clair de la Terre.
Puisqu'il faut trouver une autre planète habitable, pourquoi pas …
Un récit immersif porté par un sens du détail d'une richesse fascinante pour présenter les facettes de cette Lune habitée sur laquelle la narratrice nous entraîne. Un roman à l'écriture douce-amère, pleine de sensibilité.
Une oeuvre qui me fait renouer avec la lecture de fictions après plusieurs blocages ces dernières semaines :)
Aristocrate et proscrit, scientifique et révolutionnaire, le russe Pierre Kropotkine (1842-1921) fut l’un des grands …
Un monument, à lire absolument.
5 étoiles
Pierre Kropotkine nous relate de façon passionnante les 57 premières années de sa vie, durant lesquelles il a été successivement jeune aristocrate, étudiant dans la meilleure école militaire de Russie, "page de chambre" du Tsar, administrateur et explorateur en Sibérie et aux confins de la Mandchourie, géographe de haut vol, puis propagandiste socialiste en Russie, prisonnier à la fameuse (et terrible) forteresse "Pierre et Paul" de St Petersbourg, évadé, exilé, propagandiste et théoricien anarchiste en Suisse, France (où il passa également des années en prison), Grande-Bretagne.
Cela fait beaucoup, trop sans doute pour un seule homme, et pourtant tout cela est conté avec une extrême modestie et surtout avec un profond amour de l'Humanité. On croise dans cet ouvrage nombre de personnalités françaises, Suisses et russes passées à la postérité. Tout est décrit avec finesse et vivacité, qu'il s'agisse du mode de vie des aristocrates russes propriétaires de serfs, d'un …
Pierre Kropotkine nous relate de façon passionnante les 57 premières années de sa vie, durant lesquelles il a été successivement jeune aristocrate, étudiant dans la meilleure école militaire de Russie, "page de chambre" du Tsar, administrateur et explorateur en Sibérie et aux confins de la Mandchourie, géographe de haut vol, puis propagandiste socialiste en Russie, prisonnier à la fameuse (et terrible) forteresse "Pierre et Paul" de St Petersbourg, évadé, exilé, propagandiste et théoricien anarchiste en Suisse, France (où il passa également des années en prison), Grande-Bretagne.
Cela fait beaucoup, trop sans doute pour un seule homme, et pourtant tout cela est conté avec une extrême modestie et surtout avec un profond amour de l'Humanité. On croise dans cet ouvrage nombre de personnalités françaises, Suisses et russes passées à la postérité. Tout est décrit avec finesse et vivacité, qu'il s'agisse du mode de vie des aristocrates russes propriétaires de serfs, d'un paysage de Sibérie ou bien des différentes factions ouvrières existant en Europe et de leur évolution.
C'est à la fois une autobiographie passionnante et un excellent cours sur l'histoire du mouvement ouvrier de la seconde moitié du XIXème. Tout cela est écrit dans un style très vif, et a extrêmement bien vieilli.
Edition enrichie (Introduction, analyse, chronologie, table des noms propres)Née à Venise en 1364, fille de …
Sans qu’il soit besoin d’en dire plus long, tu dois savoir que toutes ces bêtises qu’on raconte ou écrit contre les femmes ont été – et sont encore – forgées et inventées de toutes pièces à l’encontre de la vérité. Car ce sont bien les hommes qui règnent sur les femmes et non point les femmes sur les maris ! Jamais ceux-ci ne supporteraient pareil empire.