Nicolas Fressengeas a commenté Le mage du Kremlin par Giuliano da Empoli
Avant même d'avoir commencé cet ouvrage, je découvre un lien vers un autre de mes livres dans la pile À lire. Du même auteur : Les ingénieurs du chaos.
Entre catalyseur de savoirs, passeur de compétences et ouvreur scientifique, j'aspire à l'exploration littéraire des futurs possibles, sans totalement exclure l'exploration future de possibles littéraires.
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Avant même d'avoir commencé cet ouvrage, je découvre un lien vers un autre de mes livres dans la pile À lire. Du même auteur : Les ingénieurs du chaos.
"Le pouvoir est comme le soleil et la mort, il ne peut pas se regarder en face. Surtout en Russie."
Ce sont les premiers mots de la quatrième de couverture.
Un nouveau plongeon dans le désordre mondial à travers un roman de 2022, primé par l'Académie Française.
Excellent ! Voici une légende de la littérature de science fiction qui ne fait pas son âge. Le mythe du vampire revu par ce qui fait ce genre littéraire ; une approche originale et surprenante. L'intemporalité du récit est telle que certains passages sont d'une effrayante modernité. A ne pas rater si, comme à moi, il vous a échappé toutes ces années.
Vers la fin, la presse à sensation avait répandu une crainte maladive des vampires aux quatre coins du pays. Il se rappelait la débauche d'articles pseudo-scientifiques qui ne visaient qu'à entretenir la peur afin de stimuler les ventes. [...] Sur la fin, toutefois, le journalisme à sensation avait régné en maître. Dans le même temps, on avait assisté à une résurgence massive du revivalisme. De façon assez typique, dans sa quête de réponses immédiates et aisément compréhensibles, une partie du public s'était tournée vers cette forme de ferveur primitive, avec un succès pour le moins discutable : non seulement ces dévots avaient succombé aussi vite que les autres mais ils étaient morts le cœur rempli de terreur.
— Je suis une légende de Richard Matheson (Page 151 - 152)
Un extrait aux accents extrêmements actuels, pour un livre écrit en 1954 et une action sensée se passer dans le futur, en 1976.
Certains livres changent la vie, d'autres changent notre vision du monde. D'autres encore font irruption dans le réel. Celui-ci combine ces deux dernières catégories. Le hasard, ou la destinée, a voulu que j'entame le Voyage dans le Monde miroir le premier février de cette année 2025, voyage littéraire uniquement, pour ma part. Dix jours seulement plus tard, nos plus de 300 millions d'amis américains ont entamé de leur côté leur voyage politique de l'autre côté du miroir. Je termine aujourd'hui cette lecture, ce séjour, un mois et près de 500 pages plus tard, groggy par une nouvelle vision du monde et sidéré de sa réalisation en temps réel de l'autre côté de l'Atlantique : un tsunami dont la vague nous laisse déjà interrogateurs vis-à-vis du présent et de l'avenir, proche comme plus lointain. L'impossible, l'impensable, est arrivé. Nous ne l'avons pas vu. Nous avons si peu anticipé. Et pourtant il …
Certains livres changent la vie, d'autres changent notre vision du monde. D'autres encore font irruption dans le réel. Celui-ci combine ces deux dernières catégories. Le hasard, ou la destinée, a voulu que j'entame le Voyage dans le Monde miroir le premier février de cette année 2025, voyage littéraire uniquement, pour ma part. Dix jours seulement plus tard, nos plus de 300 millions d'amis américains ont entamé de leur côté leur voyage politique de l'autre côté du miroir. Je termine aujourd'hui cette lecture, ce séjour, un mois et près de 500 pages plus tard, groggy par une nouvelle vision du monde et sidéré de sa réalisation en temps réel de l'autre côté de l'Atlantique : un tsunami dont la vague nous laisse déjà interrogateurs vis-à-vis du présent et de l'avenir, proche comme plus lointain. L'impossible, l'impensable, est arrivé. Nous ne l'avons pas vu. Nous avons si peu anticipé. Et pourtant il était là, juste de l'autre côté du miroir.
Tout a commencé lorsque Naomi Klein a vu sa marque personnelle, qu'elle s'était patiemment construite, comme nous tous, voler en éclat du fait de l'irruption numérique d'une autre Naomi, nommée Wolf celle-ci, avec qui elle fut largement confondue. Elle la désigne comme son double, son image de l'autre côté du miroir. La première partie de cet ouvrage imposant est consacrée à l'exposition de la théorie du double. Au-delà des jumeaux numériques que l'intelligence artificielle nous fait miroiter, pour le meilleur peut-être, pour le pire sûrement, les doubles ne requièrent pas cette débauche de technologie consommatrice de ressources : ils existent en nous, simplement, et nous entourent. Laissant à Naomi Klein le soin d'exposer ces théories en détails, je me contenterai d'expliciter le concept de marque personnelle qu'elle introduit. Que celui qui n'a pas de double numérique sur un réseau social lève la main ! Que celui qui n'a pas soigné l'apparence et la perception de cette réputation numérique lève l'autre ! Et que ceux qui ont les deux mains levées pensent aux Curriculum Vitae qu'elles et ils ont soigneusement léchés. Mon université propose une formation continue pour soigner sa réputation, souvent numérique, sa marque personnelle, son double, à la fois si proche et si lointain. J'avoue ne pas avoir complètement compris l'objectif de ce livre, lors de sa première lecture, au début de cette première partie. Cette mécompréhension a failli me conduire à son abandon. Quelle erreur cela aurait-été ! Mon salut est venu d'un épisode du podcast Le code a changé de France Inter : L'histoire de Naomi Klein et son double maléfique, 53 minutes d'entretien avec l'autrice, parfaite introduction à la lecture de son livre.
C'est la deuxième partie qui porte l'originalité de cet ouvrage au plus haut. Naomi Klein y analyse les fragmentations de la société nord-américaine : au Canada, où elle vit et chez son voisin nord américain immédiat, sans toutefois qu'un Européen ne se sente trop dépaysé. En France, nous avons dorénavant coutume de décrire le paysage politique comme morcelé en trois, sans néanmoins arriver à ce que chaque morceau ne se disloque pas à la moindre occasion. Naomi Klein nous livre une analyse parfaitement originale, qui tranche avec cette vision tripartite, et que je trouve bien plus convaincante : c'est un miroir qui scinde nos sociétés en deux. Sans se connaître, s'ignorant ostensiblement, les deux côtés du miroir se font face, se répondent, et se construisent l'un en fonction de l'autre. D'un côté, oserai-je écrire le nôtre, en tous les cas le mien et celui de l'autrice, la terre est ronde, les vaccins sont l'un des triomphes majeurs de la science, et la Russie a envahi l'Ukraine. De l'autre côté, une réalité parallèle tout autre s'est développée, avec ses codes et ses réseaux. Répétons-le : les deux côtés du miroir s'ignorent sans se comprendre, ce qui explique notre sidération lorsque l'autre côté du miroir prend le pouvoir. Naomi Klein insiste : c'est vrai dans les deux sens, pour les deux côtés. Deux enseignements majeurs dans cette première partie : la diagonale que constitue la surface du miroir, et les forts liens entre le réel et son image déformée. La diagonale tout d'abord. L'autrice nous montre comment la fracture traverse la société dans son ensemble : les partis, de droite évidemment, mais à travers tout l'échiquier également, jusqu'à sa gauche ; la société dite civile aussi, du côté de la médecine comme du sport, jusqu'à la conscience écologique. Les diagonalistes, pour reprendre les mots de Naomi Klein, sont là où je ne les attendais pas. Ce formalisme, ce Monde miroir, se révèle parfaitement adapté et aide à comprendre ce basculement qui nous entoure. La deuxième révélation concerne les ferments, le terreau, du Monde miroir. C'est ainsi que l'autrice s'attarde longuement sur notre côté du miroir pour détailler les mille petits renoncements et les myriades de contradictions qui ont donné naissance à nos doubles de l'autre côté, et qui les aident à prospérer. Le Monde miroir se niche dans les interstices que le monde réel veut masquer.
La troisième partie est tout aussi dérangeante. Elle s'intéresse aux terres d'ombre, ces contrées, qu'elles soient géographiques ou sociologiques, que nous préférons ignorer, mais dont l'existence, pourtant, est absolument nécessaire pour garantir nos sociétés et nos modes de vie dits occidentaux. Pour commencer, Naomi Klein nous suggère que l'une des raisons pour lesquelles il est si difficile de battre les théories conspirationnistes en brèche est que certaines conspirations, si l'on en revient à la définition précise du terme, existent bel et bien. Qui peut aujourd'hui affirmer qu'aucune "manipulation secrète orchestrée en coulisse par de puissantes forces" n'a lieu aujourd'hui de par le monde ? Nul besoin pour cela de regarder le monde d'après le 20 janvier 2025, où elles sont évidentes : le monde d'avant en regorgeait également. Pensons aux crises financières, au prix de l'énergie, sans parler des guerres qui éclatent à la surface de la planète. "En avoir conscience ne fait pas de vous un conspirationniste, mais un observateur sérieux de la politique et de l'histoire" (Le Double, Naomi Klein, page 303). L'autrice s'attarde ensuite sur notre côté du miroir, sur l'histoire et la géographie nord américaine tout d'abord, puis sur l'interprétation souvent donnée de l'Allemagne nazie, et surtout l'Holocauste, comme étant une anomalie sans équivalent de l'histoire. Elle y montre tout d'abord que la prise de conscience nord américaine du fait que la très grande majorité de ses habitants y vivent sur une terre volée et conquise via des atrocités indescriptibles est très récente. Elle est également extrêmement plus fragile, comme nous le montre l'histoire immédiate. Sommes-nous vraiment du bon côté du miroir ? Attention à ce qu'il ne se brise ! De la même façon, la Shoah, l'Holocauste, est généralement montré comme un événement unique en son genre, par sa brutalité et son inhumanité. Sans absolument lui dénier cette extrême gravité, Naomi Klein suggère que la particularité qui lui confère cette propriété singulière est uniquement qu'il s'est produit sur le sol européen. Regardons un peu dans le miroir et comparons avec les actions européennes en Afrique et aux Amériques lors du commerce triangulaire. Naomi Klein, ainsi que de nombreux autres auteurs, suggèrent que ces atrocités, autrement dit l'acceptabilité du génocide étaient en germe depuis longtemps… et le sont toujours.
Difficile de sortir indemne de cette lecture ! L'optimisme n'y est pas de mise. L'angle de vue proposée par Naomi Klein est particulièrement percutant, en ce qu'il permet la synthèse de nombre d'observations a priori contradictoires et dissonantes. Encore plus frappant est que cet ouvrage a été écrit voilà deux ans, alors qu'il semble parfaitement décrire et interpréter ces premiers mois de 2025. C'est cependant une lecture à recommander fortement, car elle fournit des clefs de compréhension originales, qui permettront, je l'espère, de mieux organiser la résistance à l'hiver qui semble venir.
@LienRag Je ne saurais dire. Je n'ai pas lu No Logo. Ce livre ne se lit certes pas tout à fait comme un roman. C'est un peu plus touffu. J'en ai cité ici quelques extraits, qui permettent de se faire une idée du style.
@ptl@tooting.ch Merci du conseil ! Je ne savais même pas qu'il y avait un film. ;)
Un virus incurable contraint les hommes à fuir le soleil et à se nourrir de sang... Et il n'en reste qu'un, une légende.
Loin des antivax, un bon vieux classique de la science fiction (1954) que je n'ai étrangement jamais lu et qui est tombé du rayon de ma Petite Librairie directement dans mes mains.
Une bonne histoire de vampire pour fuir le réel.
A bientôt !
Je termine les presque 500 pages du voyage de l'autre côté du miroir proposé par Naomi Klein. Hasard du calendrier, ou peut-être pas, mon voyage littéraire a débuté juste après le 20 janvier 2025, date à laquelle nos amis américains ont traversé le miroir, accentuant par là l'épaisseur de la lecture de l'ouvrage de Naomi Klein.
Elle nous y propose une relecture de la fragmentation politique actuelle, au Canada, son pays, mais aussi aux États-Unis, en Europe, et finalement partout à la surface de la planète. Au-delà de la classique répartition en trois blocs à l'aune de laquelle nous comprenons la politique française aujourd'hui, elle propose deux mondes miroirs qui s'ignorent. Dans le premier, son monde, la terre est ronde, le dérèglement climatique est une réalité d'origine humaine, et la Russie a envahi l'Ukraine. Dans l'autre monde, qui lui fait face, toutes ces réalités peuvent être remises en cause au …
Je termine les presque 500 pages du voyage de l'autre côté du miroir proposé par Naomi Klein. Hasard du calendrier, ou peut-être pas, mon voyage littéraire a débuté juste après le 20 janvier 2025, date à laquelle nos amis américains ont traversé le miroir, accentuant par là l'épaisseur de la lecture de l'ouvrage de Naomi Klein.
Elle nous y propose une relecture de la fragmentation politique actuelle, au Canada, son pays, mais aussi aux États-Unis, en Europe, et finalement partout à la surface de la planète. Au-delà de la classique répartition en trois blocs à l'aune de laquelle nous comprenons la politique française aujourd'hui, elle propose deux mondes miroirs qui s'ignorent. Dans le premier, son monde, la terre est ronde, le dérèglement climatique est une réalité d'origine humaine, et la Russie a envahi l'Ukraine. Dans l'autre monde, qui lui fait face, toutes ces réalités peuvent être remises en cause au service d'un narratif alternatif.
Afin d'atténuer l'ignorance qu'ont ces deux mondes l'un de l'autre, son propos est de relater la plongée qu'elle a effectuée pendant plusieurs mois en trouvant le moyen de franchir le miroir. Il en ressort une analyse politique tout à fait originale qui permet de montrer comment le côté alternatif du miroir se nourrit des petites et grandes faiblesses du côté du miroir que l'on pourrait qualifier de scientifique --- le sien, le mien --- en en construisant un double modifié.
Une lecture épaisse, parfois difficile, parfois glaçante, mais révélatrice. J'ai lu que ce livre était immanquable. Je confirme. Pour une introduction plus longue, France Inter a proposé une interview de l'autrice. J'essaierai également d'en proposer une chronique plus détaillée.
D'où l'urgence de ma question : y-a-t-il quelqư'un a l'extérieur du Monde miroir qui ait une vision de la justice et des responsabilités ? Il y a bien le rêve persistant des progressistes de voir Donald Trump condamné pour un ou plusieurs de ses forfaits, mais qui se bat pour que les criminels de guerre encore vivants soient traduits devant la Cour pénale internationale ? Quel est le plan pour saisir les actifs des entreprises qui alimentent la crise climatique ? Si les républicains MAGA font du pipikisme à outrance lorsqu'ils comparent les procès-spectacles qui agitent la Chambre des représentants à une nouvelle "commission Church" [...], qu'ont fait les démocrates, lorsqu'ils contrôlaient ladite Chambre, pour enquêter sur la façon dont les agences de renseignement ont coopéré avec les géants de la tech afin d'envahir nos vies privées et de nous surveiller par tous les moyens ? ou pour gracier des lanceurs d'alerte comme Snowden ? Avons-nous à ce Point renoncé à la justice ? Dans ce cas, nous ne devons pas nous étonner de voir renaître une soif de justice dans le Monde miroir, quoique sous une forme pervertic. Un vide a été créé. Or, si mon double m'a appris une chose, c'est que les vides ont vite fait d'être remplis.
— Le Double de Naomi Klein (Page 320)
Naomi Klein résume en un paragraphe le message principal de son livre. Quelle est la responsabilité des progressistes dans l'émergence du "Monde miroir", d'une réalité parallèle fantasmée ?
Ce qui est choquant, ce sont moins les histoires elles-mémes que le fait qu'elles ne semblent plus gêner personne. Un quart de siècle après No Logo, il semble admis qu un article de fast fashion porté par des jeunes femmes de New York, de Londres ou de Toronto s'accompagne du risque, pour d'autres jeunes femmes, de mourir dans l'incendie de leur usine de confection à Dhaka, au Bangladesh ; ou que les usines fabriquant nos télephones portables à Shenzhen, en Chine, entourent leurs bâtiments de filets anti-suicide pour se prémunir contre les actes désespérés de leurs ouvriers ; ou que des villes comme Dubaï et Doha soient construites et entretenues par des armées de migrants vivant et travaillant dans des conditions telles de misère et d'asservissement qu'ils peuvent mourir à la tâche sans que leurs employeurs en soient inquiétés ; ou que les travailleurs des entrepôts du New Jersey aient à se battre contre l'un des trois hommes les plus riches de la planète pour avoir le temps d'aller aux toilettes lors de leurs pauses ; ou que les modérateurs de contenu à Manille aient à regarder jour après jour des décapitations et des viols d'enfants pour que les flux de nos médias sociaux soient "propres" ou que notre consommation frénétique et énergivore soit vectrice de feux de forêt dans les banlieues huppées de Los Angeles et de Sonoma, que des détenus payés à peine un dollar par jour combattent au péril de leur vie, tandis que des migrants originaires de nations d'Amérique centrale (victimes elles-mêmes de catastrophes climatiques) respirent des fumées toxiques, contraints de travailler à la récolte des avocats et des fraises, jusqu'à ce qu'ils soient renvoyés chez eux, jetés comme des fruits pourris, parce qu'ils ont eu le malheur de tomber malades ou d'oser réclamer de meilleures conditions de vie et de travail.
— Le Double de Naomi Klein (Page 314 - 315)
Troisième partie, intitulée Terres d'ombre. Extrait d'un passage montrant la difficulté de contrer les délires conspirationnistes du Monde miroir, quand certaines conspirations, aux objectifs triviaux, sont bien réelles.
Pour en savoir plus, écouter Comment l'extrême centre a mis l'extrême droite au pouvoir (en Allemagne, en 1933), avec l'auteur, sur France Culture.
J'ai beaucoup hésité à ajouter ce livre dans la pile des lectures à venir. Je suis en effet en cours de lecture du Double, après Toxic Data et Résister, tous touchant à plusieurs facettes d'un même thème malheureusement trop d'actualité. Toutes ces lectures aident à comprendre les profondes transformations en cours et les risques que nous encourons collectivement. Mais trop y revenir est aussi un danger personnel, j'ose les mots, de santé mentale. À lire, donc, mais peut-être après une pause sanitaire.
@ptl@tooting.ch Merci ! Je ne l'ai pas vu encore. C'est certainement prévu !