Deux semaines pour lire ce livre pourtant pas très long. Même si j'avais peu d'énergie le soir, il n'a pas été facile de se laisser prendre par ce récit presque sans histoire. Ce ferait probablement une bonne pièce de théâtre en trois actes, une tranche de vie d'une famille étendue (père, mère, deux enfants, frère de la mère, frère du père, une femme qui a eu un enfant avec le frère du père, et cet enfant), durant trois 5 avril successifs, 2019 (matin), 2020 (après-midi), 2021 (soir). Les relations sont compliquées, tendues, pleines de désir et de ressentiment, de non-dits ou de mal-dits, et s'il finira par se passer quelque chose, ce n'est qu'entre le deuxième et le troisième acte.
Il y a des choses touchantes dans cette histoire, pas mal même, mais aussi beaucoup de relations qui tournent au cliché, et le contraste avec la richesse de The Hours, que j'avais adoré, est rude.
Et l'écriture de Cunningham, que j'avais trouvé fine dans The Hours, mais peut-être je me souviens mal, ou bien je n'y avais pas été sensible, m'a ici paru terriblement plate. Voici un exemple qui m'a fait hurler.
It would be easier if she were more innocent. It would be easier if she felt surer about the lines that separate pity from desire, and desire from rage. She does not love men. She does not love Garth. And yet something keeps shifting inside her, a queasiness that's not love but is not nothing and maybe, in its way, is not exactly, not entirely, not love.
On voit bien l'intérêt que porte l'auteur à cette espèce de combat intérieur, lorsqu'un personnage tourne autour de son propre désir, je veux bien que l'on en fasse l'un des axes d'un roman, mais est-ce l'avalanche de négation qui suffira à faire de ce paragraphe un modèle de littérature.
Peut-être la traduction française rendra ce livre un peu plus lisible. Mais pour moi, ce n'aura été qu'une triste déception.