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Livres de sophie-87

Gabriel García Márquez: Des feuilles dans la bourrasque (Paperback, French language, 1983, Grasset)

Trois personnages sont réunis autour d'un mort : le grand-père, sa fille Isabelle et le …

Avant Macondo – Ce que Des feuilles dans la bourrasque m’a soufflé à l’oreille

Il y a des livres qu’on lit comme on entre dans une maison abandonnée : avec prudence, curiosité, un peu d’appréhension. Des feuilles dans la bourrasque, premier roman de Gabriel García Márquez, m’a donné ce sentiment. C’est un texte étrange, rugueux, parfois confus — mais habité. Dès les premières pages, j’ai compris que j’étais déjà à Macondo, ce lieu fictif qui deviendra le cœur battant de tout l’univers de Márquez. Mais ici, c’est encore une terre en friche, pleine de douleurs, de silences, de vent.

L’histoire tourne autour d’un mort que personne ne veut enterrer : un médecin haï par le village. Trois voix se succèdent — un colonel, sa fille, son petit-fils — pour tenter de faire face à cette situation absurde et violente. Ce qui m’a frappé, c’est la densité des non-dits. Tout semble peser : le passé, les rancunes, les humiliations, les choix politiques ou …

Heinrich Heine: Französische Zustände, von H. Heine (German language, 1833, Hoffmann und Campe)

Heinrich Heine: Französische Zustände Die politischen Berichte über Frankreich entstanden vom Dezember 1831 bis September …

Entre lucidité et ironie – Ce que Französische Zustände m’a appris sur la France (et sur moi)

Lire Französische Zustände de Heinrich Heine, c’est comme écouter un ami brillant, moqueur, parfois cruel, mais toujours d’une intelligence fulgurante. À travers ses lettres, publiées dans un journal allemand, Heine observe la France des années 1830 — avec l’œil affûté de l’exilé et le cœur encore attaché à l’Allemagne.

Il parle politique, presse, société, religion, liberté. Rien n’échappe à son regard perçant. J’ai été fasciné par sa capacité à mêler l’analyse fine au sarcasme, à transformer des faits en réflexions puissantes sur l’Europe, sur les peuples, sur la condition humaine.

Ce qui m’a le plus touché ? Sa liberté de ton. Heine écrit sans peur, sans filtre. Il attaque, il provoque, mais toujours avec style. En le lisant, je sentais sa fièvre, son impatience, son désir de justice — et aussi sa solitude.

Ce livre est plus qu’un reportage. C’est un miroir tendu à son époque, …

a publié une critique de Ruy Blas par Victor Hugo

Victor Hugo: Ruy Blas (Paperback, Fredonia Books (NL))

Trois especes de spectateurs composent ce qu'on est convenu d'appeler le public : premierement, les …

Masques, pouvoir et cœur brisé – Mon vertige face à Ruy Blas

Il y a des pièces qu’on lit comme on regarde une tragédie annoncée, les mains crispées, le souffle suspendu. Ruy Blas de Victor Hugo est de celles-là. Je m’attendais à une fresque romantique, avec son lot de passions et de drames — j’ai trouvé bien plus : un texte qui m’a fait vaciller entre grandeur et injustice, entre illusion et vérité.

Ruy Blas, valet de condition modeste, aime en secret la Reine d’Espagne. Manipulé par Don Salluste, il est propulsé au cœur du pouvoir, déguisé en noble. Et contre toute attente, il brille : par son intelligence, sa droiture, sa noblesse d’âme — bien plus authentique que celle des grands de cour. J’ai été saisi par cette ascension tragique, construite sur un mensonge, mais portée par un amour sincère.

Chaque scène m’a semblé tendue comme une corde. L’écriture de Hugo est flamboyante, oui, mais jamais gratuite. Elle expose, …

Ernest Hemingway: The torrents of spring (Paperback, 2004, Scribner)

First published in 1926, The Torrents of Spring is a hilarious parody of the Chicago …

Rire jaune au bord du printemps – Mon étrange rencontre avec The Torrents of Spring

Je ne m’attendais pas à ça. En ouvrant The Torrents of Spring, je croyais découvrir un de ces premiers textes où l’on sent poindre la voix rugueuse de Hemingway. Mais non — ici, tout est satire, moquerie, parodie. Et très vite, j’ai compris : ce roman n’est pas une œuvre “sérieuse”. C’est une provocation déguisée en farce.

Le récit suit deux hommes, Yogi Johnson et Scripps O’Neil, employés dans une usine du Michigan. L’un cherche désespérément une femme, l’autre en collectionne sans y trouver de sens. Tout est caricatural, les dialogues sont absurdes, les situations frôlent le grotesque. Et pourtant, je n’ai pas pu décrocher.

Au début, j’ai ri. Vraiment. Puis j’ai commencé à sentir un certain malaise. Derrière l’humour, il y a un vide. Hemingway se moque des conventions littéraires, des écrivains pompiers, des romances fabriquées. Il tire à boulets rouges sur la fausse profondeur. J’ai senti …

a publié une critique de Peter Camenzind par Hermann Hesse

Hermann Hesse: Peter Camenzind (Paperback, 2002, Peter Owen Ltd)

Born into a Swiss village, Peter Camenzind is a introverted peasant boy who becomes a …

Solitude en sourdine – Mon chemin intérieur avec Peter Camenzind

Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre en commençant Peter Camenzind. J’ai trouvé bien plus qu’un roman de formation. J’ai trouvé un compagnon de silence. Dès les premières pages, j’ai reconnu cette mélancolie discrète qu’Hermann Hesse sait si bien déposer entre les lignes.

Peter, fils d’un village alpin, cherche à échapper à l’étroitesse de son monde natal. Il rêve de culture, d’art, de liberté. Je l’ai suivi dans sa fuite vers les villes, vers les livres, vers les hommes — et vers lui-même. Mais chaque détour le ramène à une impasse intime : celle d’un être sensible dans un monde trop rugueux.

Ce qui m’a bouleversé, c’est la sincérité de ses doutes. Il veut vivre pleinement, aimer, créer — mais il échoue souvent. Et dans ses échecs, j’ai vu les miens.

Hesse ne moralise pas. Il laisse les questions ouvertes, douloureuses parfois, mais honnêtes. Peter …

a publié une critique de Marina di Vezza par Aldous Huxley

Aldous Huxley: Marina di Vezza (Paperback, French language, 1962, Livre de Poche)

En ce beau mois de septembre, Mrs. Aldwinkle accueille au palais qu'elle a acheté en …

Beauté figée, âmes creuses – Mon passage à Marina di Vezza avec Huxley

Marina di Vezza, ce lieu imaginaire façonné par Aldous Huxley dans Those Barren Leaves, m’a d’abord séduit par son éclat : une villa italienne, des intellectuels, de l’art, des discussions brillantes. J’étais prêt à être charmé. Et je l’ai été — brièvement.

Très vite, une autre réalité s’est imposée : derrière les mots raffinés et les poses esthétiques, un vide glaçant. Ces personnages — artistes, poètes, aristocrates — parlent sans s’écouter, cherchent la beauté sans la vivre, fuient l’authenticité derrière des masques culturels.

J’ai ressenti une sorte de malaise élégant. Tout est beau, mais rien n’est vivant. Aldous Huxley, avec une ironie acide, démonte la façade de ce monde qui se croit supérieur. J’ai souvent souri, parfois grimacé.

Ce court séjour à Marina di Vezza m’a laissé pensif. Il m’a rappelé qu’on peut tout savoir de l’art, des idées, de la forme — et passer à …

Franz Kafka: Un médecin de campagne (French language, 1953, A. Krol)

Édition illustrée de 12 gravures originales sur cuivre au burin et de six vignettes sur …

À contre-voix du réel – Ce que Kafka a réveillé en moi avec Un médecin de campagne

Dès les premières lignes, Un médecin de campagne m’a aspiré dans un espace étrange, comme un rêve dont on ne sait pas très bien s’il est le nôtre. Franz Kafka ne raconte pas : il assaille. Il ne décrit pas : il expose, à nu, sans filtre.

Ce médecin qu’on arrache à la nuit pour sauver un enfant mourant n’a pas vraiment le choix. Ni chevaux, ni moyens, ni temps. Et soudain, deux chevaux surgissent, presque magiquement — mais cette aide inattendue porte déjà en elle quelque chose de sinistre. À peine le médecin arrivé, la logique s’effondre. Le malade semble en bonne santé, puis s’avère gravement blessé. Tout devient flou, symbolique, angoissant.

Ce n’est pas l’histoire qui m’a marqué le plus, mais ce que j’ai ressenti en la lisant : une pression sourde, une impuissance froide. Kafka met son personnage au centre, mais c’est un centre vide. …

a publié une critique de Tonio Kröger par Thomas Mann

Thomas Mann: Tonio Kröger (Paperback, French language, 1978, Le Livre de poche)

Peintre puissant de la bourgeoisie allemande avec Les Buddenbrook, Thomas Mann publie à vingt-huit ans …

L’Exilé de l’intérieur – Mon chemin avec Tonio Kröger

Lire Tonio Kröger de Thomas Mann, c’était comme me regarder dans un miroir légèrement déformant — trop honnête pour être confortable. Tonio, ce fils de bourgeois attiré par l’art, perdu entre deux mondes, m’a accompagné bien plus loin que je ne l’avais prévu.

Il ne sait pas où il appartient. Il admire la normalité mais ne peut s’y fondre. Il embrasse la vie d’artiste, mais en porte la solitude comme un fardeau. Moi aussi, j’ai ressenti cette tension : vouloir être ailleurs, tout en regrettant ce qu’on quitte. Chaque page me renvoyait à mes propres tiraillements.

Mann écrit avec une précision glaciale, mais le feu couve en dessous. Ce n’est pas un roman bruyant. C’est une longue respiration inquiète. Une quête d’identité qui ne promet pas de réponses claires.

Tonio retourne dans sa ville natale, espérant peut-être se réconcilier avec lui-même. Ce voyage m’a ému. Pas …