Critiques et Commentaires

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Hermann Hesse: Peter Camenzind (Peter Owen Modern Classics) (Paperback, Peter Owen Ltd)

174 p. ; 19 cm

Solitude en sourdine – Mon chemin intérieur avec Peter Camenzind

Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre en commençant Peter Camenzind. J’ai trouvé bien plus qu’un roman de formation. J’ai trouvé un compagnon de silence. Dès les premières pages, j’ai reconnu cette mélancolie discrète qu’Hermann Hesse sait si bien déposer entre les lignes.

Peter, fils d’un village alpin, cherche à échapper à l’étroitesse de son monde natal. Il rêve de culture, d’art, de liberté. Je l’ai suivi dans sa fuite vers les villes, vers les livres, vers les hommes — et vers lui-même. Mais chaque détour le ramène à une impasse intime : celle d’un être sensible dans un monde trop rugueux.

Ce qui m’a bouleversé, c’est la sincérité de ses doutes. Il veut vivre pleinement, aimer, créer — mais il échoue souvent. Et dans ses échecs, j’ai vu les miens.

Hesse ne moralise pas. Il laisse les questions ouvertes, douloureuses parfois, mais honnêtes. Peter …

a publié une critique de Marina di Vezza par Aldous Huxley

Aldous Huxley: Marina di Vezza (Paperback, French language, 1962, Livre de Poche)

En ce beau mois de septembre, Mrs. Aldwinkle accueille au palais qu'elle a acheté en …

Beauté figée, âmes creuses – Mon passage à Marina di Vezza avec Huxley

Marina di Vezza, ce lieu imaginaire façonné par Aldous Huxley dans Those Barren Leaves, m’a d’abord séduit par son éclat : une villa italienne, des intellectuels, de l’art, des discussions brillantes. J’étais prêt à être charmé. Et je l’ai été — brièvement.

Très vite, une autre réalité s’est imposée : derrière les mots raffinés et les poses esthétiques, un vide glaçant. Ces personnages — artistes, poètes, aristocrates — parlent sans s’écouter, cherchent la beauté sans la vivre, fuient l’authenticité derrière des masques culturels.

J’ai ressenti une sorte de malaise élégant. Tout est beau, mais rien n’est vivant. Aldous Huxley, avec une ironie acide, démonte la façade de ce monde qui se croit supérieur. J’ai souvent souri, parfois grimacé.

Ce court séjour à Marina di Vezza m’a laissé pensif. Il m’a rappelé qu’on peut tout savoir de l’art, des idées, de la forme — et passer à …

Franz Kafka: Un médecin de campagne (French language, 1953, A. Krol)

Édition illustrée de 12 gravures originales sur cuivre au burin et de six vignettes sur …

À contre-voix du réel – Ce que Kafka a réveillé en moi avec Un médecin de campagne

Dès les premières lignes, Un médecin de campagne m’a aspiré dans un espace étrange, comme un rêve dont on ne sait pas très bien s’il est le nôtre. Franz Kafka ne raconte pas : il assaille. Il ne décrit pas : il expose, à nu, sans filtre.

Ce médecin qu’on arrache à la nuit pour sauver un enfant mourant n’a pas vraiment le choix. Ni chevaux, ni moyens, ni temps. Et soudain, deux chevaux surgissent, presque magiquement — mais cette aide inattendue porte déjà en elle quelque chose de sinistre. À peine le médecin arrivé, la logique s’effondre. Le malade semble en bonne santé, puis s’avère gravement blessé. Tout devient flou, symbolique, angoissant.

Ce n’est pas l’histoire qui m’a marqué le plus, mais ce que j’ai ressenti en la lisant : une pression sourde, une impuissance froide. Kafka met son personnage au centre, mais c’est un centre vide. …

a publié une critique de Tonio Kröger par Thomas Mann

Thomas Mann: Tonio Kröger (Paperback, French language, 1978, Le Livre de poche)

Peintre puissant de la bourgeoisie allemande avec Les Buddenbrook, Thomas Mann publie à vingt-huit ans …

L’Exilé de l’intérieur – Mon chemin avec Tonio Kröger

Lire Tonio Kröger de Thomas Mann, c’était comme me regarder dans un miroir légèrement déformant — trop honnête pour être confortable. Tonio, ce fils de bourgeois attiré par l’art, perdu entre deux mondes, m’a accompagné bien plus loin que je ne l’avais prévu.

Il ne sait pas où il appartient. Il admire la normalité mais ne peut s’y fondre. Il embrasse la vie d’artiste, mais en porte la solitude comme un fardeau. Moi aussi, j’ai ressenti cette tension : vouloir être ailleurs, tout en regrettant ce qu’on quitte. Chaque page me renvoyait à mes propres tiraillements.

Mann écrit avec une précision glaciale, mais le feu couve en dessous. Ce n’est pas un roman bruyant. C’est une longue respiration inquiète. Une quête d’identité qui ne promet pas de réponses claires.

Tonio retourne dans sa ville natale, espérant peut-être se réconcilier avec lui-même. Ce voyage m’a ému. Pas …

Françoise Sagan: Ein bisschen Sonne im kalten Wasser (Paperback, German language, btb Verlag)

Gilles, Redakteur bei einer Pariser Tageszeitung, erfolgreich und gutaussehend, führt ein ausschweifendes Junggesellenleben. Trotzdem leidet …

Un instant suspendu : Ce que Sagan m’a laissé entre les lignes

En refermant Un peu de soleil dans l’eau froide de Françoise Sagan, je n’étais plus exactement la même. C’est un roman discret, mais il glisse sous la peau. Il raconte l’histoire de Gilles, journaliste parisien désabusé, englué dans une vie qui ne lui ressemble plus. Il rencontre Nathalie, une femme mariée, dans une ville de province apparemment banale. Et c’est là que quelque chose de fragile, d’incertain, commence à naître.

Ce qui m’a touchée, ce n’est pas tant l’histoire d’amour — elle est éphémère, presque précaire — mais le vide qu’elle tente de combler. Sagan écrit avec une simplicité trompeuse. Chaque mot semble couler naturellement, mais derrière, il y a cette lucidité froide sur les êtres humains, leurs fuites, leurs contradictions.

En lisant, je me suis souvent arrêtée, comme prise dans un courant invisible. Gilles m’a agacée, puis émue. Nathalie m’a échappée, puis bouleversée. Rien n’est stable, …

Fernando Pessoa: Le Banquier anarchiste (Paperback, French language, 2000, Christian Bourgois)

Après Chronique de la vie qui passe, le présent volume vient compléter l'édition des Proses …

Raisons contre raison – Ma lecture du Banquier anarchiste de Fernando Pessoa

Lire Le Banquier anarchiste m’a laissé à la fois amusé et troublé. Ce court dialogue, d’une ironie redoutable, présente un homme d’affaires riche qui prétend être le seul véritable anarchiste. Dès les premières pages, j’ai compris que Fernando Pessoa ne racontait pas une histoire, mais un paradoxe.

Le banquier expose, avec une logique implacable, que son enrichissement personnel représente la forme la plus pure de liberté individuelle. Il transforme ainsi l’anarchisme, né de la révolte contre les inégalités, en justification de son propre égoïsme. En lisant, j’ai oscillé entre rire et malaise : tout semble si rationnel, et pourtant si absurde.

Ce qui m’a fasciné, c’est la précision avec laquelle Pessoa démonte les contradictions du raisonnement, jusqu’à nous faire douter de nos propres certitudes. Sous l’apparente légèreté du dialogue, il y a une critique profonde du capitalisme et de la manipulation idéologique.

En refermant Le Banquier anarchiste, …

George Orwell: The Road to Wigan Pier (AudiobookFormat, 1997, Penguin Audio)

A searing account of George Orwell's observations of working-class life in the bleak industrial heartlands …

Sous la poussière du progrès – Mon voyage avec Le Quai de Wigan de George Orwell

Lire Le Quai de Wigan de George Orwell a été pour moi une plongée brutale dans une réalité que la littérature aborde rarement sans fard : celle de la pauvreté industrielle en Angleterre dans les années 1930. Dès les premières pages, j’ai senti que je n’étais pas face à un simple reportage, mais à une œuvre profondément humaine, écrite avec la lucidité d’un témoin et la compassion d’un homme révolté.

Orwell décrit la vie des mineurs du Nord, leurs logements insalubres, la saleté omniprésente, les odeurs, les visages fatigués. En lisant ses descriptions, j’avais presque l’impression de sentir la poussière du charbon sur ma peau, de respirer cet air saturé d’épuisement. Ce qui m’a frappé, c’est la précision clinique de son regard, jamais détachée de l’émotion. Il observe sans juger, il raconte sans exagérer, et pourtant chaque mot pèse lourd.

Mais la force du livre ne réside pas …

V. S. Naipaul: The suffrage of Elvira (Paperback, 1980, Penguin Books)

In this book, an old, comically timid and absent-minded man, Surujpat Harbans, runs for office, …

Politique et dérision – Mon expérience avec Le Suffrage d’Elvira de V. S. Naipaul

Lire Le Suffrage d’Elvira de V. S. Naipaul m’a donné l’impression d’assister à une comédie humaine où chaque sourire cache une inquiétude plus profonde. Situé à Trinidad, ce roman peint l’effervescence et le chaos d’une élection locale, où les intrigues politiques se mêlent aux passions personnelles. Dès les premières pages, j’ai ressenti une atmosphère à la fois drôle et cruelle, où les ambitions, même les plus modestes, deviennent matière à satire.

Ce qui m’a frappé, c’est la manière dont Naipaul donne vie à une galerie de personnages hauts en couleur, chacun avec ses espoirs, ses illusions et ses contradictions. Le suffrage, loin d’être un simple acte démocratique, apparaît ici comme un théâtre où se jouent les rivalités de la communauté, les manipulations et les rêves de reconnaissance. En observant ces scènes, j’ai souvent ri, mais j’ai aussi perçu la fragilité d’un système où tout semble pouvoir basculer dans la …