Antoine Chambert-Loir a noté Une terre commune : 5 étoiles
Une terre commune de Cédric Herrou
Nous vivons désormais dans une vallée oubliée, mi-française mi-italienne, une vallée à l’entre-deux, à l’entre-droit et devoir, où la compassion …
Apprenti mathématicien, professeur à l'université Paris Cité Apprenti musicien (batterie, tablas) Apprenti lecteur (romans, essais, poésie… en français ou en anglais)
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Nous vivons désormais dans une vallée oubliée, mi-française mi-italienne, une vallée à l’entre-deux, à l’entre-droit et devoir, où la compassion …
Lecture pascale. Je ne sais pas quelle foi religieuse habite Cédric Herrou, mais peu importe, comme par ces deux disciples d'Emmaüs dont sa communauté reprend le nom, je crois que c'est par de tels témoignages que le Christ témoigne de sa résurrection. Alléluia. (Et lisez ce livre, plein d'humanité, de tendresse, et de colère.)
« Il y avait là une employée, elle m'a établi les papiers, elle m'a aidée. Elle était bizarre à voir, petite et grosse, mais il y avait dans ses yeux plus de bonté que je n'en ai rencontré généralement dans ce pays. Elle aidait tous les gens par ses conseils et ses actes, aucun dossier ne lui semblait trop embrouillé. On sentait tout de suite que cette femme voulait nous aider tous, qu'elle s'inquiétait, elle aussi, pour que nous puissions encore tous partir à temps, pour qu'aucun de nous ne tombât aux mains des Allemands ou ne mourût dans un camp,, d'une mort inutile. On le voyait tout de suite : elle n'était pas de ceux qui pensent indolemment que plus rien ne sert à quelque chose ; elle voulait, même si rien ne servait plus, qu'il n'y eût point de désordre dans son petit domaine, que rien de honteux ne s'y produisît. Tu comprends, elle était de ceux pour lesquels tout un peuple sera sauvé. »
— Transit de Anna Seghers, Jeanne Stern (Page 357)
Une espèce de chassé croisé amoureux à 4, le narrateur, Marie, une jeune femme, un médecin et un écrivain qui s'est suicidé peu avant le début du livre, alors que l'enjeu premier pour ces allemands est de fuir la France occupée par les nazis sur un des bateaux qui partent de Marseille. Mais pour cela, il faut des papiers, des visas, de l'argent ; des perspectives aussi. Un roman un peu froid sur le déracinement, où l'angoisse bureaucratique masque celle de la mort.
Je ne lis presque plus de romans policiers, et c'est la publicité faite à la série télévisée Babylon Berlin par @pizzaroquette qui m'a donné envie de lire ces livres qui se passent à Berlin en 1929.
L'intrigue de ce premier tome est finalement pas mal, même si j'ai trouvé la narration un peu molle, rendant la lecture longuette par moments. Surtout, et probablement à tort, je n'arrivais pas à imaginer l'histoire se passer en 1929, mais plutôt dans un Berlin contemporain.
Après une pause d'un livre ou deux, j'attaquerai certainement le tome 2.
Une lettre ouverte qui ne sera jamais lue par ses destinataires, les pierres que Virginia Woolf a ramassées et enfouies dans les poches de son manteau avant de nous quitter dans la froide rivière d'Ouse, ce funeste jour de mars 1941. Marcelline Roux leur écrit tout de même. Auront-elles su, un instant, apaiser un peu l'âme de celle qui venait d'écrire une lettre bouleversante d'amour et de douleur ?
C'est Olivier M. qui m'a offert ce petit livre d'une maison d'édition stéphanoise. Il savait combien la lecture de Virginia Woolf m'émeut, même si je n'en ai pas beaucoup lu, même si je ne la comprends pas toujours. Il savait aussi que cette scène qui débute le film Les heures m'avait profondément touché.
Vous vous en doutez, les pierres ne diront rien, et c'est peut-être aussi bien.
Ce premier roman d’une série mettant en scène le commissaire Gereon Rath, se déroule à Berlin en 1929. La police …
Un café d'un quartier populaire de Vienne, près du marché des Carmélites, des bouts de vies qui s'y reposent, s'y retrouvent, s'y engueulent même. C'est un roman sans intrigue(s), simplement éclairé du temps qui passe doucement, des instants partagés, parfois heureux, et parfois un peu moins. Une belle découverte.
Aussi impressionnant que le personnage du film, plus raide encore, tant face à la société que face à lui-même. Et cette dernière page où, deus ex machina, réapparaît K. et fait dérailler l'espèce de vie prédestinée que Goldman s'était construite. Elle déraillera pour de bon 5 ans plus tard, de balles anonymes, sur un trottoir du 13e arrondissement.
Je ne connaissais pas l'auteur avant de voir le film qui lui a été récemment consacré et que j'avais beaucoup aimé. Je lis le livre pour tenter de comprendre pourquoi la dernière compagne de Pierre Goldman a jugé le film mensonger. Dès les premières pages, l'écriture tranchante fait devenir la radicalité troublante, sinon fascinante, du personnage. Une des ambigüïtés vient peut-être de ce que l'auteur ne se prétend pas « bon », tout en contrôlant fermement sa trajectoire.
Une belle discussion entre deux écrivains également engagés pour un monde plus juste, mais très différents dans le détail. L'approche de Kaoutar Harchi se nourrit de sa position d'enseignante-chercheuse, de son savoir de sociologue, et s'ancre dans sa condition de femme, musulmane, racisée, issue d'un milieu populaire immigré, qu'elle raconte dans Comme nous existons et qu'elle reprend un peu ici. Joseph Andras, lui, vit (avec difficulté) de sa condition d'écrivain, est autodidacte, athée (mais semble profondément touchée par le christianisme des débuts) et reste silencieux sur ses origines familiales et tout ce qui a trait à sa vie privée ; ses textes mettent en scène des figures réelles, tel ce militant de la libération algérienne, Fernand Ivetot, qu'il raconte dans De nos frères blessés. Leurs projets politiques différent également un peu sur le principe mais pas tant que ça sur les buts.
Organisé en trois chapitres, Écrire, Combattre, Publier, …
Une belle discussion entre deux écrivains également engagés pour un monde plus juste, mais très différents dans le détail. L'approche de Kaoutar Harchi se nourrit de sa position d'enseignante-chercheuse, de son savoir de sociologue, et s'ancre dans sa condition de femme, musulmane, racisée, issue d'un milieu populaire immigré, qu'elle raconte dans Comme nous existons et qu'elle reprend un peu ici. Joseph Andras, lui, vit (avec difficulté) de sa condition d'écrivain, est autodidacte, athée (mais semble profondément touchée par le christianisme des débuts) et reste silencieux sur ses origines familiales et tout ce qui a trait à sa vie privée ; ses textes mettent en scène des figures réelles, tel ce militant de la libération algérienne, Fernand Ivetot, qu'il raconte dans De nos frères blessés. Leurs projets politiques différent également un peu sur le principe mais pas tant que ça sur les buts.
Organisé en trois chapitres, Écrire, Combattre, Publier, cet entretien leur permet d'articuler leur vision de la littérature et la façon dont, selon elleux, elle peut contribuer à un projet politique révolutionnaire en ce sens qu'il se donne pour but de faire advenir la justice.
Un contrepoint au Contre la littérature politique, un dialogue entre deux écrivains où ils évoquent leur(s) façon(s) de faire de la littérature, et son rapport au politique. Je viens de le commencer. C'est une discussion précise, soigneuse, les mots ont une importance et écrire aussi.
Automne 1989. Un correcteur d'imprimerie comme on n'en voit plus guère, à l'affût de la moindre coquille, sensible au plus petit accent de travers ou a une italique mal venue. Le délitement de son petit groupe de réflexion marxiste, alors que le Mur de Berlin tombe, que les Pays de l'Est se libèrent. La retour — déjà ! — des provocations néo-fascistes. Et ce glaucome qui menace jusqu'à sa raison d'être.