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Maggie Nelson: The Red Parts (Hardcover, Free Press) Aucune note

The grisly 1969 Michigan murder of 23-year-old law student Jane Mixer is evocatively re-examined here …

J'avais lu Bleuets (en français) avec une espèce de joie intérieure insoupçonnée, en m'imaginant un spectacle où je le lirais à voix haute et me livrerais à des improvisations free à la batterie entre chacun des textes. (Rassurez-vous, je n'ai les compétences ni pour l'un ni pour l'autre, et pas non plus pour monter un tel spectacle.)

The Red Parts — Autobiographie d'un procès — est un texte très différent: il a un thème explicite, le procès du meurtrier présumé de sa tante, 35 ans après les faits, et tout ce que cela lui fait, du meurtre, des relations avec sa mère, son père, sa sœur, ses petits copains. À un moment, elle rencontre le producteur d'une émission de télévision qui souhaite faire un épisode sur ce meurtre, et le producteur explique que par l'épisode, il veut parler du chagrin. Maggie Nelson lui demande alors ce qui, dans cet épisode, permet de parler du chagrin et qu'un autre sujet ne permettrait pas. Le type n'a rien à répondre. Mais dans son livre, Maggie Nelson nous parle profondément du chagrin, des gens qui ne sont plus là, ou qui le sont autrement.

Je l'ai lu en anglais. Et en écrivant cette notice, je cherche s'il est paru en français. Il l'est, au même éditeur que Bleuets, les Éditions du sous-sol. Et je suis à peine étonné de voir que ce sont eux qui ont aussi publié Adèle Yon, Mon vrai nom est Élisabeth, car j'avais fait le rapprochement de genres il y a quelques jours. Maggie Nelson est experte à parler de soi, de choses extrêmement intimes, parfois violentes ou honteuses, sans qu'aucun misérabilisme, aucun voyeurisme ne l'affecte. Elle nous parle d'elle, de sa tante, de sa mère, mais parvient en même temps à nous tendre ce qui pourra nous toucher.

C'est l'un des plus beaux livres que j'aie lu cette année.