@ludovic Bonjour. J'ai corrigé l'auteur parce qu'il s'agit de Bosse ... et non d'Olivier Bossé :-) bonne fin de semaine.
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Livres de Anthony
Défi lecture pour 2025
26% terminé ! Anthony a lu 14 sur 52 livres.
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Le jour de notre rencontre, bien que je ne lui aie pas servi une goutte de vodka, Zaldostanoy quitta le Kremlin en état d’ivresse. Ce qu’il ignorait, c’est qu’après lui, j'avais rendez-vous avec le leader d’un groupe de jeunes communistes qui m’avaient frappé par leur vivacité. Ensuite, j'ai rencontré l’intrigante porte-parole d’un mouvement de renaissance orthodoxe. Et après elle, le chef des ultras du Spartak. Et puis le représentant d’un des groupes les plus populaires de la scène alternative. Ainsi, peu à peu, je les ai tous recrutés : les motards et les hooligans, les anarchistes et les skinheads, les communistes et les fanatiques religieux, l’extrême droite, l’extrême gauche et presque tous ceux qui étaient au milieu. Tous ceux qui étaient susceptibles de donner une réponse excitante à la demande de sens de la jeunesse russe. Après ce qui s’était passé en Ukraine, nous ne pouvions plus nous permettre de laisser sans surveillance les forces de la colère. Pour construire un système vraiment fort, le monopole du pouvoir ne suffisait plus, il fallait celui de la subversion. Encore une fois, il s’agissait au fond d’utiliser la réalité comme matériel pour instaurer une forme de jeu supérieur. Je n’avais pas fait autre chose dans la vie que de mesurer l’élasticité du monde, son inépuisable propension au paradoxe et à la contradiction. Maintenant, le théâtre politique qui prenait forme sous ma direction représentait I’accomplissement naturel d’un parcours.
Je dois dire que chacun a joué de bon gré le rôle qui lui avait été assigné. Certains même avec talent. Les seuls que je n'ai pas embauchés étaient les professeurs, les technocrates responsables des catastrophes des années quatre vingt-dix, les porte-drapeaux du politiquement correct et les progressistes qui se battent pour des toilettes transgenres. Ceux-là, j’ai préféré les laisser à l’opposition : en fait, il était nécessaire que l’opposition fût constituée précisément de personnages comme eux. D’une certaine façon, ils sont devenus mes meilleurs acteurs, on n’a même pas été obligés de les engager pour qu’ils travaillent pour nous. De petits Moscovites qui se sentaient en terre étrangère dès qu’ils avaient dépassé le troisième anneau du périphérique, des gens qui n’auraient pas été capables de déplacer un fauteuil — quant à gouverner la Russie… Chaque fois qu’ils prenaient la parole, ils asseyaient notre popularité. Les économistes avec leur morgue de PhD, les oligarques rescapés des années quatre-vingt-dix, les professionnels des droits humains, les pasionarias féministes, les écologistes, les végans, les activistes gays une manne tombée du ciel, pour nous. Quand les filles de ce groupe de musique ont profané la cathédrale du Christ-Sauveur, hurlant des obscénités contre Poutine et le patriarche, elles nous ont fait gagner cinq points dans les sondages.
— Le mage du Kremlin de Giuliano da Empoli (Page 212 - 214)
Heureusement que ce livre est un roman, une fiction.

s_mailler a publié une critique de Je suis ma liberté par Nasser Abu Srour
Métaphysique et humain
5 étoiles
Nasser est en prison en Israël depuis 1993. Il nous livre une autobiographie magnifique qui se divise en deux parties. La première nous raconte rapidement sa jeunesse, puis son emprisonnement, et les espoirs toujours déçus de libération. Cette partie nous offre de belles songeries métaphysiques avec des Dieux menteurs ou non, et avec son mur, le compagnon le plus fidèle de sa peine de perpétuité.
La deuxième partie commence avec l'arrivée dans sa vie de Nanna, une jeune avocate, avec laquelle une relation intense et complexe fleurira. Mais cette relation est-elle seulement possible ?
Ce livre m'a beaucoup apporté par les réflexions sur l'enfermement, la liberté, l'amour, qui empruntent des tours et des détours sans jamais devenir pesantes ni ennuyeuses. Je le recommande totalement.

LegalizeBrain@bouquins.zbeul.fr a publié une critique de La ride par Simon Boileau
mitigé
2 étoiles
Cette BD dit des choses assez justes sur l'itinérance à vélo. J'ai peu d'expérience en ce domaine, mais j'ai quand même retrouvé des sensations, des vécus communs, c'est intéressant.
Mais cette bromance entre couilles, là, en 2025, vraiment ?
Ils ont des meufs, il ne sera question d'elles que via un "on a claqué la bise aux copines avant de se barrer" dans une case et voilà.
Bref, vous êtes un mec, vous voulez restez entre couilles dans le milieu du vélo : offrez cette BD à vos amis, faites bien comprendre aux meufs que c'est pas leur monde.
[edit : je suis injuste, il y a d'autres meufs : il y a une case où deux femmes passent sur un tandem, et nos deux héros leur matent le cul. Paye ton féminisme.]

Clochix a cité La femme qui fuit par Anaïs Barbeau-Lavalette
Parce que je suis en partie constituée de ton départ. Ton absence fait partie de moi, elle m’a aussi fabriquée. Tu es celle à qui je dois cette eau trouble qui abreuve les racines, multiples et profondes. Ainsi, tu continues d’exister. Dans ma soif inaltérable d’aimer. Et dans ce besoin d’être libre, comme une nécessité extrême. Mais libre avec eux. Je suis libre ensemble, moi.

s_mailler a cité Je suis ma liberté par Nasser Abu Srour
En prison, les corps deviennent une pitance pour les murs qui se nourrissent sans cesse de leur chair, jamais repus. Ils deviennent un sujet ennuyeux et pathétique. Ils grandissent, vieillissent, déclinent, perdent le goût de vivre. Ils nous rappellent nos entraves, car rien en nous n'accepte d'être enchaîné à part nos corps.
— Je suis ma liberté de Nasser Abu Srour (Page 220)
Anthony a commencé la lecture de La vallée des fleurs par Niviaq Korneliussen

La vallée des fleurs de Niviaq Korneliussen
Elle vit à Nuuk, la capitale du Groenland. Elle est inuite, jeune, moderne et pleine d’humour. Elle est amoureuse de …
Anthony a publié une critique de Les vagues par Virginia Woolf
Les Vagues
5 étoiles
Plonger dans Les Vagues, c’est nager en eaux troubles. Virginia Woolf nous aura prévenus : c’est son livre le plus difficile. Texte poétique, souffles (flux) de pensées sous forme de monologues qui nous transportent d’une voix à l’autre, parfois pour quelques lignes, plus souvent pour de longs paragraphes, Virginia Woolf ne cherche pas à nous conforter. Une journée, une vie ; Les Vagues est un texte que je n’ai pas cherché à cerner mais qui m’a transporté, c’est indéniable, un texte dont la beauté nous porte sur un fond insaisissable, mouvant comme le sable sous l’effet des remous marins.
Anthony a terminé la lecture de Les vagues par Virginia Woolf

Les vagues de Virginia Woolf
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Virginia Woolf. Préface et traduction de Marguerite Yourcenar. Avec ses longs monologues intérieurs …

s_mailler a cité Je suis ma liberté par Nasser Abu Srour
Des cris s'élevèrent à l'intérieur des cellules, alors que l'on continuait à lire des noms. J'avais beau être certain de ne pas figurer sur la liste, j'étais anxieux et tendu. Alors je m'accrochai plus fort à mon mur. « Je ne peux pas tomber, je n'ai nulle part où tomber », me répétais-je, m'efforçant de croire à ce que je disais. La liste de noms prit fin. Tous les cartons d'invitation étaient distribués. Les invités se réjouirent bruyamment. Puis, soudain, ils firent silence. Tous les prisonniers se tenaient dans un entre-deux. Les élus taisaient leur joie de revenir à la vie, les autres faisaient semblant de ne pas être tristes. Chaque camp choisissait ses mots avec précaution. Les uns ne voulaient pas blesser les exclus, les autres ne voulaient pas gâcher la fête. Untel retenait son sourire à la commissure de ses lèvres, en atten- dant de se trouver dans un endroit tranquille où le libérer. Tel autre se forçait à sourire pour féliciter un compagnon, avant de se réfugier dans un coin sombre où personne ne verrait les fantômes qui hantaient son visage.
— Je suis ma liberté de Nasser Abu Srour (Page 155)
La peine de perpétuité de l'auteur est ponctuée de phases de libération collective de prisonniers au gré des accords politiques. Il ne fait jamais partie des libérables.
Anthony a cité Les vagues par Virginia Woolf
Tout au début, il y avait la chambre d’enfants, avec ses fenêtres donnant sur un jardin, et par-delà le jardin, la mer. Je voyais briller quelque chose, probablement la poignée de cuivre d’un tiroir de commode. Puis, la mère Constable levait l’éponge à bout de bras, la pressait, et des flèches de sensations couraient le long de mon échine. Et c’est ainsi, tout le reste de notre vie, que nous serons transpercés par les flèches de la sensation, lorsque nous nous cognons contre une chaise, une table, ou une femme, ou lorsque nous nous promenons dans un jardin, ou que nous vidons ce verre. Parfois, lorsque je passe devant la fenêtre éclairée d’une maisonnette où un enfant vient de naître, je pourrais supplier ces gens-là de ne pas presser l’éponge sur ce corps tout neuf.
— Les vagues de Virginia Woolf (79%)
Anthony a cité Les vagues par Virginia Woolf
— Le silence tombe goutte à goutte, dit Bernard. Il se forme sur le toit de l’âme et tombe sur le sol en grandes flaques. Seul, seul, seul à jamais, j’entends le silence qui tombe et s’élargit en cercles jusqu’aux suprêmes confins. Repu et satisfait, dans mon lourd bien-être d’homme mûr, moi que la solitude anéantit, je laisse le silence tomber goutte à goutte.
— Les vagues de Virginia Woolf (75%)

s_mailler a cité Je suis ma liberté par Nasser Abu Srour
Je me tenais au centre de la cellule, presque nu, après l'avoir dépouillée de ce qu'elle avait connu avant moi. Je commençai à donner de nouveaux noms aux éléments qui s'y trouvaient. Le châssis de fer devint un lit. Le plafond bleuit comme un ciel. La porte de la cellule se volatilisa; à la place se trouvait désormais une porte de chambre d'hôtel à laquelle pendait une pancarte qui d'un côté autorisait les visiteurs à entrer, de l'autre le leur interdisait. Le mur se transforma en un cahier dans lequel je pourrais consigner tous les textes que je voudrais.
— Je suis ma liberté de Nasser Abu Srour (Page 63)
Anthony veut lire La vallée des fleurs par Niviaq Korneliussen

La vallée des fleurs de Niviaq Korneliussen
Elle vit à Nuuk, la capitale du Groenland. Elle est inuite, jeune, moderne et pleine d’humour. Elle est amoureuse de …

Docalabordage a publié une critique de Morgane Pendragon par Jean-Laurent Del Socorro
Une réécriture de la légende arthurienne
4 étoiles
Les réécritures de la légende arthuriennes sont nombreuses, voir un genre en soi, à tel point qu'il est difficile d'en discerner le canon. Chaque époque utilise la matière de Bretagne pour y faire vivre des histoires qui résonnent avec ses préoccupations. Et c'est aussi légitime pour Chrétien de Troyes au XIVe que pour Jean-Laurent Del Socorro, qui nous livre ici une version à faire s'étouffer l'ensemble des éditorialistes de Cnews. Et nous pouvons l'en remercier. Que vous soyez fin connaisseur de la geste arthurienne, ou que vous n'en connaissiez que l'essentiel au travers de ce qui vous est parvenu par la culture populaire, vous prendrez plaisir à cette redécouverte. Car tous les personnages y sont, mais parfois à contre emploi, ce qui rend la lecture palpitante. Dans cette version, certes Morgane devient reine, mais elle combat, comme d'autres femmes présentes dans ces légendes : Guenièvre ou Iseult par exemple, ne …
Les réécritures de la légende arthuriennes sont nombreuses, voir un genre en soi, à tel point qu'il est difficile d'en discerner le canon. Chaque époque utilise la matière de Bretagne pour y faire vivre des histoires qui résonnent avec ses préoccupations. Et c'est aussi légitime pour Chrétien de Troyes au XIVe que pour Jean-Laurent Del Socorro, qui nous livre ici une version à faire s'étouffer l'ensemble des éditorialistes de Cnews. Et nous pouvons l'en remercier. Que vous soyez fin connaisseur de la geste arthurienne, ou que vous n'en connaissiez que l'essentiel au travers de ce qui vous est parvenu par la culture populaire, vous prendrez plaisir à cette redécouverte. Car tous les personnages y sont, mais parfois à contre emploi, ce qui rend la lecture palpitante. Dans cette version, certes Morgane devient reine, mais elle combat, comme d'autres femmes présentes dans ces légendes : Guenièvre ou Iseult par exemple, ne sont contentent pas d'attendre que des chevaliers se démènent pour elles, elles sont elles-mêmes des chevaliers. ET triomphent d'eux en tournoi. Nous sommes donc au-delà de ce que proposait Marion Zimmer Bradley dans les Dames du Lac. Certains amours et mariages sont homosexuels, sans que ça paraissent étranges ou scandaleux, sauf à la petite minorité chrétienne et fanatique du royaume de Logres. On retrouve donc la thématique de la lutte entre une religion ancienne et la nouvelle religion du dieu unique, comme celle de la lutte pour la survie des créatures féériques, ou de la magie. Mais là encore, sans sentiment de redite. Bref pour moi, un très bon souvenir de lecture, à peine gâchée par une fin que j'ai trouvé rapide. Et manquant d'enjeu.