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Anthony

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Défi lecture pour 2025

78% terminé ! Anthony a lu 41 sur 52 livres.

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Ursula K. Le Guin: Searoad (Paperback, French language, 2025, Rivages)

À Klatsand, petite ville imaginaire de la côte Ouest, gens d’ici et visiteurs de passage …

J’ai fait ce que nous faisons presque tous, feindre de tenir à distance notre monde à nous, enveloppé dans notre peau, pour nous protéger, j’ai cru qu’il n’y avait rien d’autre que moi. Mais notre monde passe, il passe à travers nous et nous à travers lui ; il n’y a pas de frontière. J’inspire l’air aussi longtemps que je vis et je l’expire tiédi. Quand je pouvais encore courir, je courais sur la plage en laissant mes empreintes de pas derrière moi dans le sable. Tout ce que je pensais, tout ce que je faisais, c’est le monde qui me l’a donné et je le lui ai rendu. Mais la mer, elle, ne se laisse pas incorporer. Elle ne se laisse pas marquer par des empreintes. Elle ne vous soutient que si vous battez des bras et des jambes jusqu’à épuisement et là, elle vous laisse glisser vers le fond, comme si vous n’aviez même pas tenté de nager. La mer est implacable. Et infatigable. Toutes les nuits, les longues nuits, je l’entends être infatigable. Si je pouvais me poster derrière les fenêtres côté est, je verrais jusqu’à la chaîne côtière, les montagnes bleues dont la forme ne varie jamais. Elles laissent l’esprit suivre leurs courbes contre le ciel comme elles se laissent fouler aux pieds. Et, allongée là, je regarde les nuages et eux ne sont pas infatigables, ils sont reposants. Ils changent lentement, ils fondent jusqu’à ce que l’esprit fonde parmi eux et change, silencieux comme eux. Mais la mer tout en bas, elle, se tape la tête contre les rochers, sa tête blanchie, comme un vieux roi fou qui broie et mue la roche en sable entre ses doigts, mange les terres. Elle est violente. Elle refuse de se tenir tranquille. Par les nuits les plus calmes, je l’entends, la mer. L’air est silence sauf si le vent souffle fort, la terre est muette, à part les voix des enfants, et le ciel ne dit rien. Mais la mer crie, rugit, chuinte, tonne, gronde sans cesse et sans fin, et ce bruit, elle le fait depuis le commencement du monde et continuera à le faire pour l’éternité, sans cesse et sans halte, jusqu’à ce que le soleil s’éteigne. Alors viendra vraiment la mort, quand la mer mourra, la mer qui signifie notre mort, l’indifférente altérité. Imaginer la mer muette est terrible. À cette idée, je songe que la paix reste en suspens comme une gouttelette d’embruns, une bulle d’écume, dans le tumulte des vagues, et que du vacarme dénué de sens émerge le chant de toutes les voix. Le fracas du temps. Fleuves et rivières chantent dans leur course vers la mer, renvoient leur chant jusque dans l’incessant vacarme amélodique, seule et unique constante en ce monde. Les étoiles, en se consumant, émettent aussi ce vacarme-là. Dans le silence de mon être, à présent, je l’entends. Les cellules de mon corps se consument dans ce son. Allongée là, je dérive comme une gouttelette d’embruns, une bulle d’écume, le long de la plage de lumière. Je cours, je cours, vous ne m’attraperez pas !

Searoad de  (85%)

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Gabriel García Márquez: Des feuilles dans la bourrasque (Paperback, French language, 1983, Grasset)

Trois personnages sont réunis autour d'un mort : le grand-père, sa fille Isabelle et le …

Avant Macondo – Ce que Des feuilles dans la bourrasque m’a soufflé à l’oreille

Il y a des livres qu’on lit comme on entre dans une maison abandonnée : avec prudence, curiosité, un peu d’appréhension. Des feuilles dans la bourrasque, premier roman de Gabriel García Márquez, m’a donné ce sentiment. C’est un texte étrange, rugueux, parfois confus — mais habité. Dès les premières pages, j’ai compris que j’étais déjà à Macondo, ce lieu fictif qui deviendra le cœur battant de tout l’univers de Márquez. Mais ici, c’est encore une terre en friche, pleine de douleurs, de silences, de vent.

L’histoire tourne autour d’un mort que personne ne veut enterrer : un médecin haï par le village. Trois voix se succèdent — un colonel, sa fille, son petit-fils — pour tenter de faire face à cette situation absurde et violente. Ce qui m’a frappé, c’est la densité des non-dits. Tout semble peser : le passé, les rancunes, les humiliations, les choix politiques ou …

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Sabrina Calvo: Mais cette vie - là demande. toujours. plus. de. lumière. (Paperback, French language, 2025, Commun)

"Liberté du tissu qui s'échappe comme la vie elle-même. Laisser cette porte ouverte au mouvement, …

Alors, une dernière fois, je passe du monde à l'abysse - pour témoigner depuis la zone de guerre de l'expérience humaine et du chant des oiseaux morts. Je suis un corps capricieux qui n'a de cesse de changer de forme. Toute entière livrée au regard de l'autre, sculptée par son désir. Autre. Au-delà, en deçà. En travers. Fuir. Fuite. Fugue. Maudite et bénie. Toute dans l'entre, dans la fente. En dedans. Au-dehors. Je suis cette fille abandonnée sur le bord de la route. Je suis cette femme en boule devant sa machine à laver. Perdue dans un monde où tout flou est moqué. M'incarner parfois me tord. Alors, en biais je me découpe. Je tranche à la peau renversée.

Mais cette vie - là demande. toujours. plus. de. lumière. de  (Page 78)

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Sabrina Calvo: Mais cette vie - là demande. toujours. plus. de. lumière. (Paperback, French language, 2025, Commun)

"Liberté du tissu qui s'échappe comme la vie elle-même. Laisser cette porte ouverte au mouvement, …

Mais cette vie-là demande. toujours. plus. de. lumière.

Comme @Balbec@bw.heraut.eu a créé une liste consacrée aux lauréates du premier prix Gouincourt (bw.heraut.eu/list/119/s/laur%C3%A9ates-du-prix-gouincourt), l'occasion de revenir sur un des textes lauréats, lu il y a quelques semaines : "Mais cette vie-là demande. toujours. plus. de. lumière." Un texte poétique, très intime, où s'entremêlent rapports à la vie, au corps, à la création. Des mots qui résonnent, percutent, déchirent et marquent. Une prose qui happe, dans laquelle on s'immerge et dont on ne ressort pas tout à fait indemne.

À noter que, de façon générale, la collection "Poésie" des éditions du commun regorgent de magnifiques textes qui méritent le détour.

Bret Easton Ellis: White (EBook, French language, 2019, Robert Laffont) Aucune note

Que raconte White, première expérience de " non-fiction " pour Bret Easton Ellis ? Tout …

Quand vous vous rendiez dans une librairie ou dans un magasin de disques, ou dans un cinéma ou encore dans un kiosque à journaux, vous preniez le temps d’investir un plus grand effort physique et une plus grande attention dans ces expéditions que lorsque vous cliquez sur quelques boutons – effort et attention qui étaient liés à une tentative plus approfondie d’entrer en contact avec le disque, le livre, le film, la pornographie. Vous aviez un intérêt profond à ce que l’expérience soit plaisante parce que vous aviez investi – et vous alliez probablement obtenir une gratification en raison de cet intérêt et de cet investissement. L’idée de renoncer à lire un livre après cinq pages sur votre Kindle, d’arrêter un film dans les dix premières minutes après l’avoir acheté sur Apple, ou de ne pas écouter une chanson en entier sur Spotify n’était pas une option – pourquoi faire une chose pareille après avoir roulé jusqu’au Sherman Theater dans Ventura Boulevard, jusqu’à Crown Books dans Westwood, Tower Records sur Sunset, jusqu’au kiosque à journaux dans Laurel Canyon ?

White de  (31%)

Bret Easton Ellis: White (EBook, French language, 2019, Robert Laffont) Aucune note

Que raconte White, première expérience de " non-fiction " pour Bret Easton Ellis ? Tout …

J’ai écrit la totalité du manuscrit [d'American Psycho] dans l’appartement loué de 13th Street, qui disposait d’un futon sur le sol et de quelques meubles de terrasse disséminés, ainsi que d’une stéréo élaborée, avec une platine extrêmement chère, et d’un bureau de fortune – pas le minimalisme chic, simplement vide ; un endroit « décoré » par quelqu’un qui s’en foutait, quelqu’un qui était facilement distrait par tout le reste. Le livre était digne de confiance et je ne l’étais pas, pas nécessairement.

White de  (28%)

László Krasznahorkai: La mélancolie de la résistance (EBook, French language, 2016, Gallimard)

Quel danger plane sur cette petite ville du sud-est de la Hongrie ? Quelle est …

Il leva les yeux et eut l’impression soudaine que le ciel n’était pas à sa place, il regarda à nouveau, terrifié, et découvrit qu’à la place du ciel il n’y avait plus rien, alors, il baissa la tête, et avança simplement parmi les bottes et toques de fourrure, comme s’il venait soudain de comprendre qu’il était inutile de poursuivre sa quête, ce qu’il cherchait n’était plus, avait été englouti par la terre, par cette marche, par la conspiration des détails.

La mélancolie de la résistance de  (56%)

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Alice Zeniter: Frapper l'épopée (Paperback, français language, 2024, Flammarion)

Quand Tass était enfant, les adultes lui ont raconté l'histoire de sa terre à plusieurs …

Frapper l'épopée est un roman ou une enquête, une introspection ou une plongée dans un univers fantastique. J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, peut-être pas autant que L'Art de perdre, mais l'écriture d'Alice Zeniter est toujours aussi chaleureuse. Je crois que certains ici n'ont pas accroché au croisement des différents personnages, des différentes voix : de mon côté, j'ai trouvé que cela fonctionnait bien. Et j'espère que Céleste et Augustin iront bien et termineront le lycée...

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Yan Lespoux: Pour mourir, le monde (Paperback, French language, 2023, Agullo) Aucune note

Un roman d'aventure magnétique et foisonnant. A la suite de ses personnages ballotés par l'Histoire …

Il allait donc falloir se préparer à un combat déséquilibré et, éventuellement, pensa Fernando, prier pour trouver un morceau de bois auquel s'accrocher si le bateau venait à couler. Le genre de prière qui était plus facile de voir exaucée que celle qui aurait consisté en un apprentissage accéléré de la natation. Car si les prêtres enseignaient la prière et organisaient même des concours en la matière pour tuer l'ennui et détourner les hommes du jeu, si les officiers enseignaient le maniement du mousquet pour les même raisons, si les soldat comme Gonçalo Peres vous enseignaient un peu malgré eux qu'il fallait toujours se tenir sur ses gardes, il ne venait à l'idée de personne, en embarquant pour un voyage de six mois sur des océans déchainés, de vous apprendre à nager. L'avis de Simão, auquel Fernando s'était ouvert de ses inquiétudes en la matière dès le départ de Lisbonne, tenait en quelques mots : au moins, la mort serait rapide.

Pour mourir, le monde de  (Page 31 - 32)

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a publié une critique de Des mammouths à la porte par Nghi Vo (Les archives des Collines-Chantantes, #4)

Nghi Vo: Des mammouths à la porte (Paperback, French language, 2024, L'Atalante)

[Résumé éditeur] « Parfois, le seul moyen de repousser les êtres qui hantent les ténèbres …

Des mammouths à la porte

Ces dernières semaines, j'ai voyagé avec beaucoup de plaisir au sein des "archives des Collines-Chantantes" de Nghi Vo, dont 4 novellas ont été à ce jour traduites par Mikael Cabon - une cinquième est annoncée pour 2026 chez L'Atalante. "Des mammouths à la porte" m'a confirmé tout l'attachement que je portais à cette série, à l'atmosphère qui s'en dégage, comme aux figures familières et nouvelles, que l'on est amené à rencontrer.

"Les archives des Collines-Chantantes" nous entraînent aux côtés de l'adelphe Chih, membre d'une communauté qui recueille et archive les histoires, et d'une Neixin, Presque-Brillante, compagne ailée bavarde à la mémoire infaillible.

L'univers mis en scène s'inspire d'un cadre historique du sud-est asiatique, teinté d'une dimension merveilleuse dont les éléments fantastiques sont distillés au fil de la narration : animaux métamorphes, fantômes et autres esprits côtoient de façon banale l'humanité et peuvent être des protagonistes à part entière …

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a publié une critique de L'oeil de Carafa par Luther Blisset

Luther Blisset: L'oeil de Carafa (Paperback, Français language, 2021, Seuil)

Anno Domini 1555 : soulèvements contre les empires, révolte contre la papauté, rebellions paysannes, hérésies... …

L'œil de Carafa

Je ne lis quasiment pas d'ouvrages d'histoire, mais je suis en revanche hyper réceptif aux romans historiques, surtout quand on sent qu'un énorme travail de recherche se cache derrière, tout en développant une vraie trame (ça reste un roman), voire un discours critique en toile de fond. Quand c'est bien fait, toutes ces couches s'empilent et on lit sur plusieurs niveaux : sollicité par la narration, accroché par la curiosité sur une époque ou des personnages, en permanence en train de créer des ponts avec le présent ou d'autres périodes...

C'est donc le cas ici et ça a été pour moi un véritable plaisir de découvrir toute cette Allemagne du XVIe où, déjà, surgissaient des idées de redistribution du pouvoir et de la propriété, sous couvert de controverses théologiques. Martin Luther traduit la Bible en allemand pour rendre la parole de Dieu accessible au peuple et dénonce les indulgences …

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a publié une critique de Code 93 par Olivier Norek

Olivier Norek: Code 93 (Paperback, French language, 2014, Pocket)

Quand une série de meurtres déroutants relie des mondes opposés. Entre cités et riches demeures …

Le premier roman autour du capitaine Coste !

J'avais déjà écouté sur France Culture un podcast de 5 épisodes adaptés du livre, mais cela m'avait laissé sur ma faim que j'ai assouvie. Le texte est le premier roman policier de l'auteur où il met en place l'univers et les personnages qui peupleront les suivants : le capitaine Coste, son équipe du groupe 1 de la Crim du 93, la légiste...et surtout le 93. L'enquête est bien racontée, avec les détails nécessaires pour la rendre bien réaliste. Les personnages sont bien décrits avec leurs failles personnelles, y compris les personnages secondaires, pour montrer leur part d'humanité. Tous les renseignements sont apportés au fur et à mesure, nous ne sommes pas dans un roman policier type Agatha Christie avec un dénouement inattendu. C'est un bon polar qui tient ses lecteurs en haleine.