Le livre est en italien (je n'ai pas trouvé de traduction fr) mais ce billet de lecture de @crideaukikuchi@social.sciences.re est en français : papetierspo.hypotheses.org/225
Critiques et Commentaires
Rassure-toi, tu ne vas pas mourir de lire.
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Anthony a publié une critique de La sphère par Gregory Benford
La sphère
3 étoiles
J'ai deux avis bien distincts sur cet ouvrage de Gregory Benford. J'ai beaucoup aimé tout ce qui concerne son volet (hard) science-fiction. On est entraîné dans un univers avec force détails techniques, mais sans s'y perdre, même avec une culture limitée en matière scientifique. Par contre, je n'ai vraiment pas accroché à tout ce qui s'écarte de la thématique principale. Les aventures — à la fois sentimentales et extra-professionnelles — de l'héroïne m'ont ennuyé, et j'aurais bien évité bon nombre de chapitres qui, si je comprends le désir de l'auteur d'ajouter de la profondeur à son personnage, ont pour moi raté leur but. Je suis de plus en plus exigeant en matière littéraire, et je trouve que c'est une grosse lacune d'une grande partie du corpus de la SF.
Anthony a publié une critique de Le Dossier H par Ismail Kadare
Le Dossier H
5 étoiles
J'entamerai cette petite critique par un point négatif : ce livre est trop court. En approchant du dernier chapitre, j'ai bien cru à un ouvrage inachevé tant j'ai trouvé que l'intrigue pouvait être l'occasion d'une épopée, d'un roman fleuve. Ce premier point devrait vous avoir mis la puce à l'oreille : j'ai dévoré ce livre. Un style des plus agréables, un humour délicieux, mais surtout, cette plongée dans le monde passionnant des rhapsodes et des épopées orales albanaises et serbo-croates. Ce livre a été un vrai plaisir de lecture, bien qu'il m'ait laissé avec un léger sentiment d'inachevé – une petite frustration – une fois terminé.
Anthony a publié une critique de La somme de nos folies par Shih-Li Kow
La somme de nos folies
3 étoiles
Ce roman ne me laissera pas un grand souvenir. Si j'ai bien apprécié cette petite « excursion » en Malaisie contemporaine, et plus particulièrement certains épisodes de la vie des habitants de cette petite communauté, j'ai trouvé que le récit de Shih-Li Kow manquait de ce petit quelque chose dans la forme qui fait la différence. C'est la première fois que je suis un peu déçu – le mot est peut-être un peu fort – par une proposition des éditions Zulma.
Anthony a publié une critique de Mémoires de Louise Michel écrits par elle-même par Louise Michel
Mémoires de Louise Michel
Je serais bien incapable de donner une note à ces mémoires. En effet, la personnalité de son autrice, la richesse de sa vie — une vie consacrée à ses idéaux — et son incroyable courage (qui lui valut tout de même un poème de Victor Hugo) rendent difficile la notation de cet ouvrage. Parfois, on se perd dans les détails — mes connaissances historiques sur cette période sont limitées — mais la narration, vivante, reste toujours compréhensible. Pas de note donc, mais une recommandation : ce livre mérite d’être lu, ne serait-ce que pour la personnalité fascinante de son autrice.
Anthony a publié une critique de Les villes invisibles par Italo Calvino
Les villes invisibles
5 étoiles
Ce court mais riche ouvrage d'Italo Calvino serait bien difficile à classer. Mais l'auteur lui-même nous aide en parlant de poésie en prose. Un « rêve qui n'était pas un rêve¹ », c'est un peu l'impression que pourraient laisser ces descriptions de villes par ce Marco Polo. L'émissaire a pour mission de décrire à l'empereur Kublai Khan toutes ces cités qu'il ne peut lui-même connaître, tant s'étend son empire. On est happé par ce livre, et comme il se lit relativement vite, on en ressort avec la certitude d'être passé à côté de trop de choses pour ne pas le rouvrir. Je regrette de l'avoir acquis sous forme numérique, c'est un livre qu'il faudrait avoir à portée de main, posé sur l'étagère ou sur la table de chevet, un livre qui, malgré son absence d'illustrations, est comme une plongée dans l'image mentale de ces multiples villes invisibles.
¹ En référence …
Ce court mais riche ouvrage d'Italo Calvino serait bien difficile à classer. Mais l'auteur lui-même nous aide en parlant de poésie en prose. Un « rêve qui n'était pas un rêve¹ », c'est un peu l'impression que pourraient laisser ces descriptions de villes par ce Marco Polo. L'émissaire a pour mission de décrire à l'empereur Kublai Khan toutes ces cités qu'il ne peut lui-même connaître, tant s'étend son empire. On est happé par ce livre, et comme il se lit relativement vite, on en ressort avec la certitude d'être passé à côté de trop de choses pour ne pas le rouvrir. Je regrette de l'avoir acquis sous forme numérique, c'est un livre qu'il faudrait avoir à portée de main, posé sur l'étagère ou sur la table de chevet, un livre qui, malgré son absence d'illustrations, est comme une plongée dans l'image mentale de ces multiples villes invisibles.
¹ En référence à une réplique du film d'animation Mon Voisin Totoro, d'Hayao Miyazaki.
Anthony a publié une critique de La lucidité par José Saramago
La lucidité
5 étoiles
Que de plaisir j'ai éprouvé à lire ce roman. En deux temps sur le plan narratif : d'une part, un regard omniscient qui décrit ces élections où les électeurs décident – d'un mystérieux accord – de voter blanc et où les institutions perdent toute mesure en voulant endiguer « l'épidémie » ; d'autre part, en suivant un commissaire chargé d'enquêter sur le sujet. Cette fiction politique est étonnamment réaliste, souvent drôle, et révèle beaucoup de l'absurdité qui peut émaner de nos institutions lorsqu'elles cherchent à se défendre lorsqu'elles se sentent en danger. Pour prévenir le lecteur, ce roman est comme la prolongation du roman précédent de Saramago, L'Aveuglement – je l'ai compris en cours de lecture parce que j'avais lu la quatrième de couverture de ce dernier – mais il peut se lire indépendamment.
Anthony a publié une critique de Journal de voyage par Michel de Montaigne
Journal de voyage
J'ai relu le journal en parallèle de mes autres lectures, à un rythme tranquille, à raison d'un ou plusieurs passages (d'un lieu à un autre) selon les occasions que j'avais dans la journée. Je ne noterai pas cette lecture puisqu'il s'agit d'un journal de voyage non destiné à être publié, qui plus est écrit à quatre mains, puisque une bonne partie a été rédigée par un secrétaire « anonyme ». Ce livre est un trésor concernant la vie et les mœurs de la fin du XVIe siècle. Certaines parties plus autopathographiques (essentiellement dans la section rédigée en italien) m'ont été moins agréables. Mais l'ensemble du journal révèle une grande curiosité de l'auteur, qui lui fait rapporter un nombre considérable de détails historiques très enrichissants pour le novice que je suis.
Anthony a publié une critique de Double nationalité par Nina Yargekov
Double nationalité
4 étoiles
Ce monologue intérieur — ou plutôt cette pensée en action — de quelque 700 pages ne doit pas laisser indifférent. Pour ma part, j'ai bien apprécié le récit. Si j'ai cru un instant qu'il n'aurait pas le souffle nécessaire pour tenir tout du long, je me suis trompé, parce que le second chapitre donne à nouveau l'énergie pour une prise d'altitude. L'autrice franco-hongroise, à travers une narration riche, originale et impétueuse, nous entraîne dans la complexité de son bilinguisme, du monde de la traduction et de ses deux nationalités. Son recul sur ses deux pays lui permet également un recul salutaire pour juger les qualités et travers de chacun. Je suis heureux d'avoir découvert cette écrivaine.
Anthony a publié une critique de Être sans destin par Imre Kertész
Être sans destin
5 étoiles
Si le narrateur refuse la qualification de destin, il y a une forme de hasard qui a permis à l'auteur d'en narrer les péripéties. Sans les avertissements d'autres « prisonniers », le jeune homme de 14 ans aurait bien pu suivre la mauvaise file, celle dont on ne revenait pas. Plus tard, c'est — notamment — grâce à la protection d'un autre déporté qu'il put rentrer vivant, un autre déporté qui, lui, ne revint pas. Nous faisons ce chemin, évidemment avec notre bagage culturel du XXIe siècle... mais ici uniquement avec le récit de celui qui découvre où l'entraîne ce train. Et à son retour, une année plus tard, ce même constat que je retrouvais dans la lecture de Charlotte Delbo : l'impossibilité de se faire comprendre, l'impossible écoute. Et c'est étrangement lors du récit de son retour que les sanglots me sont arrivés, lorsque le narrateur, incroyablement changé, retrouva …
Si le narrateur refuse la qualification de destin, il y a une forme de hasard qui a permis à l'auteur d'en narrer les péripéties. Sans les avertissements d'autres « prisonniers », le jeune homme de 14 ans aurait bien pu suivre la mauvaise file, celle dont on ne revenait pas. Plus tard, c'est — notamment — grâce à la protection d'un autre déporté qu'il put rentrer vivant, un autre déporté qui, lui, ne revint pas. Nous faisons ce chemin, évidemment avec notre bagage culturel du XXIe siècle... mais ici uniquement avec le récit de celui qui découvre où l'entraîne ce train. Et à son retour, une année plus tard, ce même constat que je retrouvais dans la lecture de Charlotte Delbo : l'impossibilité de se faire comprendre, l'impossible écoute. Et c'est étrangement lors du récit de son retour que les sanglots me sont arrivés, lorsque le narrateur, incroyablement changé, retrouva ce pays natal qui lui était désormais si étranger.
Anthony a publié une critique de Pensées pour moi-même par Marco Aurelio
Pensées pour moi-même
Ces Pensées, non destinées à être publiées, se lisent avec plus ou moins de facilité. Beaucoup d'aphorismes, parfois redondants, paraissent assez simples à comprendre, et certains d'entre eux peuvent évoquer des concepts que l'on retrouve dans la philosophie orientale (je pense à des notions comme l'impermanence). Cela donne l'impression que la réflexion peut mener à des principes universels (des conseils similaires prescrits à travers les âges dans des zones géographiques éloignées). D'autres réflexions sont bien plus obscures, mais, profane, je me suis autorisé une lecture légère, ne faisant qu'effleurer le texte. Je ne me permettrai donc aucune réflexion sur le fond, n'ayant pas du tout les compétences et connaissances nécessaires à une lecture sérieuse et éclairée d'un texte écrit il y a 19 siècles :-)
Anthony a publié une critique de Le Tour du monde en quatre-vingts jours par Jules Verne
Le Tour du monde en quatre-vingts jours
3 étoiles
Alors je ne surprendrai personne en écrivant que ce roman d'aventure, aux yeux de l'adulte du XXIe siècle, a pris un très gros coup de vieux. À l'époque déjà, adolescent, je n'avais pas accroché à ce roman de Jules Verne ; aujourd'hui, il porte (davantage encore) tous les travers coloniaux de l'époque. Je crois que le paroxysme est atteint avec les sacrifices indiens, où la jeune femme est sauvée des flammes, et plus tard l'attaque du train, par les Amérindiens. Je suis heureux d'avoir rouvert ce Jules Verne (trente-cinq ans que je n'avais rien lu de l'auteur), celui précisément qu'à l'époque je n'avais pas apprécié : ça me conforte dans l'idée qu'il me faut rester sur l'image que j'en avais adolescent ; et cela n'entachera que très peu ceux que j'avais aimés (20 000 lieues sous les mers, Voyage au centre de la Terre ou Cinq semaines en ballon, par …
Alors je ne surprendrai personne en écrivant que ce roman d'aventure, aux yeux de l'adulte du XXIe siècle, a pris un très gros coup de vieux. À l'époque déjà, adolescent, je n'avais pas accroché à ce roman de Jules Verne ; aujourd'hui, il porte (davantage encore) tous les travers coloniaux de l'époque. Je crois que le paroxysme est atteint avec les sacrifices indiens, où la jeune femme est sauvée des flammes, et plus tard l'attaque du train, par les Amérindiens. Je suis heureux d'avoir rouvert ce Jules Verne (trente-cinq ans que je n'avais rien lu de l'auteur), celui précisément qu'à l'époque je n'avais pas apprécié : ça me conforte dans l'idée qu'il me faut rester sur l'image que j'en avais adolescent ; et cela n'entachera que très peu ceux que j'avais aimés (20 000 lieues sous les mers, Voyage au centre de la Terre ou Cinq semaines en ballon, par exemple), des romans beaucoup plus orientés vers la science. En matière littéraire comme ailleurs, il est bon de ne pas vouloir « regoûter les eaux du passé ¹ » :-)
¹ « Ne désire jamais, Nathanaël, regoûter les eaux du passé. » André Gide, Les Nourritures terrestres, Gallimard, 1897
Anthony a publié une critique de L'impossible retour par Amélie Nothomb
L'impossible retour
4 étoiles
Le sujet peut paraître usé, à force d'avoir été tant et tant traité ; mais le talent littéraire d'Amélie Nothomb – autant concernant le style, l'humour et la poésie – nous plonge avec délicatesse dans le pays tant rêvé et à la fois inaccessible de l'écrivaine : le Japon. Le très court journal relate le voyage de l'écrivaine et de son amie – au fort caractère, pour le dire poliment. Un voyage – matériellement confortable – empreint de nostalgie, plein de l'absence du père ; un voyage dont le récit prouve que l'autrice, au contraire de ce qu'elle écrit, a parfaitement réussi son retour.
Anthony a publié une critique de La conjuration des imbéciles par John Kennedy Toole
La conjuration des imbéciles
4 étoiles
Il y a du burlesque dans ce roman posthume de John Kennedy Toole. J'ai plusieurs fois eu l'impression de m'immerger dans une pièce de théâtre du genre, notamment lors d'une scène avec « le vieux », la mère, Santa et ce pauvre policier. Bien que le personnage d'Ignatius soit insupportable, exaspérant, son côté Don Quichotte (seul contre tous) n'est pas sans nous émouvoir. J'ai beaucoup ri – j'avais choisi ce livre pour cette raison – mais j'ai trouvé quelques longueurs, signe que certains passages auraient sans doute mérité quelques coupures.