Deux copains de fac s'offrent la virée en canoé de leur rêve sur le fleuve …
La Rivière
5 étoiles
Un roman de descente (en canoë) aux enfers, très réaliste et précis (immersif diraient certains) tout en offrant de beaux moments de lecture à la description des paysages, du plaisir (et du besoin) d'être dans la nature, de l'amitié des deux personnages principaux. Sans oublier la tension permanente, croissante, qui fait le sel du récit.
Concentrant toutes les qualités de ce roman, un incendie géant fait office de point d'orgue et grave ses images et ses sons dans notre mémoire.
Le genre de livre qu'on avale d'une traite.
L'histoire secrète de Bobby Bailey, un personnage qui en évoque un autre, Bruce Banner alias …
Monstres
4 étoiles
Flash-back sur flash back sur flash-back, d'un monstre à l'autre.
Pas certain d'être face au chef-d'œuvre annoncé.
Peut-être que certains aspects de l'histoire ont mal vieilli (les pouvoirs spiritistes entre autres). Peut-être que c'est le dessin de comics photo-réaliste qui étrangement rend les visages moins humains, en même temps d'avoir un côté trop "rigide" (ou voudrait un peu plus de folie graphique, des idées de découpage un peu plus baroques — même si les séquences de confusion avec le sur-texte, d'inspiration clairement ciné, sont assez réussies).
C'est une BD divertissante, mais un poil longue. À replacer dans son contexte pour plus de pertinence, je pense.
Guy est un pirate, et de la pire (la vraie !) espèce : sans état …
Portrait d'un buveur
3 étoiles
Autant c'est très réussi graphiquement, et il y a quelques chouettes idées dont les morts qui se retrouvent coincées derrière une sorte de voile filandreux d'où il ne peuvent que voir ce que fait leur assassin, autant le personnage est tellement détestable que ça en devient lassant. On en rit jaune une ou deux fois, mais très vite ça perd son intérêt. Un vrai sentiment de n'aller nulle part.
Une grand-mère habille son petit-fils en petite-fille. Outre une réflexion sur la définition de soi …
La Favorite
4 étoiles
Un trait situé au croisement entre la gravure, Robert Crumb et Winschluss, comme le récit se situe entre le loufoque de la BD indé américaine, le gothique et le glauque d'un fait divers, le tout vu à travers les yeux d'un enfant qui a grandi coupé du monde, enfermé dans le manoir familial.
Drôle et malaisant à la fois, assez réussi.
«La première fois où j’ai eu le goût de mourir, j’avais genre euh 12 ans? …
C'est comme ça que je disparais
5 étoiles
Une lecture assez difficile parce qu'une description très réaliste et sensible de la dépression.
Mirion Malle touche toujours juste et nous aide à mieux voir celles et ceux qui nous entourent. C'est une autrice très précieuse qui gagne à être connue.
Clémence est en colère. Une colère si forte, si envahissante qu'elle l'empêche de vivre. Sentant …
Clémence en colère
4 étoiles
Au début j'étais un peu surpris par ce style au trait plus épais de Mirion Malle et puis très vite je me suis habitué et j'ai retrouvé ce qui fait la force de ses ouvrages, à savoir la force de la sororité au sens large, ou comment la solution au plus grands maux semble être d'être bien entouré.e (les amies surtout, et les relations amoureuses aussi, mais globalement tout ce qui relève de la vie en communauté, les associations, les collectifs…)
Ici elle nous livre une vision différente de l'aide psychologique, où il n'y a pas de médecin avec une réponse ou de traitement miracle, mais simplement des personnes qui s'écoutent et partagent leur expérience (traumatisante, mais aussi de guérison).
Et on en sort, comme souvent avec Mirion Malle, avec une sorte de mélancolie, un mélange d'amertume généralisée face à un monde sordide, et d'une douceur diffuse et porteuse d'espoir …
Au début j'étais un peu surpris par ce style au trait plus épais de Mirion Malle et puis très vite je me suis habitué et j'ai retrouvé ce qui fait la force de ses ouvrages, à savoir la force de la sororité au sens large, ou comment la solution au plus grands maux semble être d'être bien entouré.e (les amies surtout, et les relations amoureuses aussi, mais globalement tout ce qui relève de la vie en communauté, les associations, les collectifs…)
Ici elle nous livre une vision différente de l'aide psychologique, où il n'y a pas de médecin avec une réponse ou de traitement miracle, mais simplement des personnes qui s'écoutent et partagent leur expérience (traumatisante, mais aussi de guérison).
Et on en sort, comme souvent avec Mirion Malle, avec une sorte de mélancolie, un mélange d'amertume généralisée face à un monde sordide, et d'une douceur diffuse et porteuse d'espoir quand on repense à celles qui ménagent leur marge et s'organisent autrement.
Dans un monde post-apocalyptique – non loin de la ville de Fontainebleau (! ) - …
Mécanique Céleste
4 étoiles
Super BD de science-fiction dans une forêt de Fontainebleau post-accident nucléaire. Très bien découpé et hyper lisible (même dans les scènes de match). De beaux paysages et chara-design avec de belles couleurs type aquarelle. L'univers y est bien développé sans reposer uniquement dessus. Bref, tout invite à en lire les quelques 200 pages d'un coup.
Grandir. Se confronter aux autres, faire face aux premières déconvenues, au regard de l'autre, aux …
Éveils
4 étoiles
Une belle proposition graphique sur tous ces éveils qui sont les prises de conscience cumulées sur d'où on vient, dans quel monde on vit et surtout ce que ça signifie d'être une femme, de ne pas s'appartenir.
Les pages qui reprennent les rêves avec des petits êtres sont une merveille également, mais globalement on reste un peu sur sa faim, un effet de liste qui ne nous emmène pas plus loin que les considérations qu'il apporte (qui sont importantes et intéressantes mais dont on ne fait pas grand chose en fin de compte).
Claire, trentenaire, multiplie les relations sans lendemain et désespère de construire un couple. En s'installant …
Idéal standard
4 étoiles
Une BD chouette et drôle sur les (dés)illusions de l'hétérosexualité, l'injonction au couple et à la famille.
Le tout dans un style qui rappelle parfois Sempé et dont un des aspects qui m'a le plus plu est l'efficacité et la diversité subtile avec laquelle Aude Picault donne des expressions à ses personnages, elle a une économie de moyens qui ne l'empêche pas de dessiner des masques caricaturaux et hilarants.
Une rumeur délirante (la disparition de jeunes filles dans les salons d'essayage de commerçants juifs) …
La rumeur d'Orléans
4 étoiles
Je suis peu habitué à lire de la sociologie, mais quelqu'un a mentionné ce livre ici, et j'ai donc été le chercher parce que je suis travaillé par la question de la rumeur et du complot, et plus largement par les mécaniques qui sous-tendent les mouvements de foule, ou les lynchages.
L'enquête passionnante menée par Edgar Morin et son équipe vise à expliquer pourquoi la rumeur a pris forme à Orléans là où en d'autres villes ses avatars sont restés à l'état de légende urbaine ou de cour de récré. Les raisons avancées sont multiples mais je retiendrai surtout celles qui tournent autour de la "modernité" dans une ville "moyenne". Ce qui est en fait un certain sentiment de déclassement enclenche des réactions conservatrices et ses réflexions plus ou moins conscientes (dont le raccourci le plus formidable restera : la mini-jupe mène à la prostitution).
Il est plus difficile d'expliquer …
Je suis peu habitué à lire de la sociologie, mais quelqu'un a mentionné ce livre ici, et j'ai donc été le chercher parce que je suis travaillé par la question de la rumeur et du complot, et plus largement par les mécaniques qui sous-tendent les mouvements de foule, ou les lynchages.
L'enquête passionnante menée par Edgar Morin et son équipe vise à expliquer pourquoi la rumeur a pris forme à Orléans là où en d'autres villes ses avatars sont restés à l'état de légende urbaine ou de cour de récré. Les raisons avancées sont multiples mais je retiendrai surtout celles qui tournent autour de la "modernité" dans une ville "moyenne". Ce qui est en fait un certain sentiment de déclassement enclenche des réactions conservatrices et ses réflexions plus ou moins conscientes (dont le raccourci le plus formidable restera : la mini-jupe mène à la prostitution).
Il est plus difficile d'expliquer concrètement comment se répand la rumeur, comment elle circule entre les âges, entre les classes, entre les sexes, comment elle s'étoffe, comment à son pic une blague lancée le matin peut revenir le soir comme une information sérieuse, même si le groupe social de départ et le catalyseur/déclencheur ont été facilement identifiés.
Reste la question de l'antisémitisme, actif ou passif (les intéressés sont les seuls à ne pas être mis au courant), dont les auteurs avancent quelques explications et arrivent à une estimation étrangement juste des formes et des canaux qu'il prendra dans les décennies à venir. Même si des lectures complémentaires s'imposent pour mieux comprendre pourquoi on en revient toujours aux même boucs émissaires, même vingt ans à peine après la libération des camps dont on pensait encore qu'elle "vaccinerait" l'occident contre tout antisémitisme.
La fin de l'ouvrage réunit des articles de presse et les carnets d'enquête des chercheurs, ce qui est comme une seconde lecture agrémentée d'exemples plus divers et concrets, de sonder un peu ce qui s'en disait sur le moment, ce qui est très enrichissant.
Fernanda, une belle et insolente lycéenne passionnée de littérature et de films d’horreur, se réveille …
Mâchoires / Mandibula
5 étoiles
Un vrai plaisir de lecture, mélange de poésie macabre surréaliste et de thriller, saupoudré de psychanalyse avec des vrais bouts de creepy pasta dedans.
Un monde féminin régi par des désirs refoulés où tout se bouscule, la cruauté primaire des adolescentes, l'exploration de la peur (pour y trouver quoi ?), toujours à la limite du fantastique, prêts à se faire engloutir par les mâchoires du texte qui nous bombarde d'images fascinantes et mystérieuses quitte à suivre deux temporalités phrase sur phrase, comme pour aller à la vitesse de la pensée qui est plus rapide que la réalité.
De nos jours. Ici, ailleurs et partout.
Le haut joueur connu sous le nom d’Argent …
La Maison des Jeux T3 : Le Maître
3 étoiles
Un tome qui répond aux questions en suspens des deux précédents, mais délaisse en même temps ce qui faisait le charme de la trilogie, à savoir le mystère autour de la Maison des Jeux et de ses joueurs, en ne gardant que ce qui était peut-être son point faible : l'intrigue et le déroulement de la partie.
Je suis content de l'avoir lu pour clore la série et finir de dévoiler les derniers mystères (qui était le narrateur des deux premiers tomes ? qui est Argent ? qui est la Maîtresse du Jeu ? pourquoi le denier Romain a tant d'importance ?…) mais j'aurais aimé plus de maîtrise et moins d’esbroufe. Il y avait quelque chose à faire avec les échecs, mais là c'est trop libre, trop vague, trop peu à voir avec le jeu d'échec et les déplacements des pièces, tout est possible, on comprend mal pourquoi telle pièce …
Un tome qui répond aux questions en suspens des deux précédents, mais délaisse en même temps ce qui faisait le charme de la trilogie, à savoir le mystère autour de la Maison des Jeux et de ses joueurs, en ne gardant que ce qui était peut-être son point faible : l'intrigue et le déroulement de la partie.
Je suis content de l'avoir lu pour clore la série et finir de dévoiler les derniers mystères (qui était le narrateur des deux premiers tomes ? qui est Argent ? qui est la Maîtresse du Jeu ? pourquoi le denier Romain a tant d'importance ?…) mais j'aurais aimé plus de maîtrise et moins d’esbroufe. Il y avait quelque chose à faire avec les échecs, mais là c'est trop libre, trop vague, trop peu à voir avec le jeu d'échec et les déplacements des pièces, tout est possible, on comprend mal pourquoi telle pièce est une tour et telle autre un pion sinon qu'une est plus compétente que l'autre (mais dans ce cas qu'est-ce qui distingue un cavalier d'un fou ?), et comme tout semble possible et que le seul but est de tuer son adversaire, ça manque de surprise et à la lecture c'est facile de perdre son engagement.
Ça reste une chouette trilogie, d'autant qu'elle se lit très vite, mais il y avait des trésors d'imagination à développer avec le concept de base. Le premier tome nous ouvrait à un univers enthousiasmant, et le deuxième faisait une autre proposition pour rebattre les cartes, mais le troisième se contente de clore l'histoire, nous laissant un peu sur notre faim.
Il y a ceux qui y débarquent, s’y précipitent, s’y abandonnent. Il y a ceux …
Manhattan Transfer
4 étoiles
New York début de siècle comme si on y était, un roman très vivant qui livre quasiment des instantanés de la modernité, un récit éclaté entre ses multiples personnages emmenés dans le tourbillon de la ville-monde, qui apparaissent, se croisent et disparaissent sans que rien n'arrête le rythme effréné de New-York et sa bande-son en constant fond sonore.
Malheureusement pour moi, je ne connaissais aucune des chansons qui apparaissent dans le texte, donc je devais me contenter des paroles ou imaginer un air qui colle (il existe peut-être une édition qui identifie tous les morceaux et permettrait de les écouter en lisant ?).
J'ai trop étalé ma lecture et j'avais parfois du mal à m'y retrouver dans les personnages et leur évolution, peut-être aussi parce que j'ai eu du mal à m'attacher à eux et réellement m'intéresser à leur sort, ce qui me faisait osciller entre m'accrocher pour suivre le …
New York début de siècle comme si on y était, un roman très vivant qui livre quasiment des instantanés de la modernité, un récit éclaté entre ses multiples personnages emmenés dans le tourbillon de la ville-monde, qui apparaissent, se croisent et disparaissent sans que rien n'arrête le rythme effréné de New-York et sa bande-son en constant fond sonore.
Malheureusement pour moi, je ne connaissais aucune des chansons qui apparaissent dans le texte, donc je devais me contenter des paroles ou imaginer un air qui colle (il existe peut-être une édition qui identifie tous les morceaux et permettrait de les écouter en lisant ?).
J'ai trop étalé ma lecture et j'avais parfois du mal à m'y retrouver dans les personnages et leur évolution, peut-être aussi parce que j'ai eu du mal à m'attacher à eux et réellement m'intéresser à leur sort, ce qui me faisait osciller entre m'accrocher pour suivre le fil et enregistrer les informations, et des moments de pur plaisir de lecture face à la langue déployée par Dos Passos et le monde bouillonnant qu'il nous livre.
Qu’il s’agisse de politique nationale ou étrangère, de santé publique ou de solidarité internationale, Zerocalcare …
Faire front
4 étoiles
Un ensemble de courtes BD mêlant reportage et réflexion personnelle, toujours menées avec humour et sans se contenter de flotter en surface.
Un gros coup de cœur pour le reportage sur les kurdes irakiens ("comment dessiner ce qu'on n'a pas vu ?") et bien sûr le récit du montage de sa première série d'animation ("comment se sentir légitime ?" "comment faire une œuvre personnelle en la mettant dans les mains d'autres personnes ?" "faut-il sacrifier son œuvre au nom de la pureté politique ?").
[Résumé éditeur]
Plongez dans La Vie secrète des arbres avec le forestier le plus célèbre …
La Vie secrète des arbres
4 étoiles
Sans avoir lu l'original, j'ai trouvé cette adaptation très réussie. La lecture est fluide, pas encombrée par des tonnes de texte, laisse la place à de belles illustrations (style parfaitement adapté du dessinateur), et pourtant l'information est là, une vulgarisation fournie mais toujours claire qui donne réellement envie de s'intéresser davantage aux arbres en donnant a minima des angles d'approche.
J'avais un peu peur, avec ce genre de livre, qu'on tombe dans l'anthropomorphisme à tout va, et finalement, même si c'est un peu le cas, je trouve que ça sert la vulgarisation sans basculer dans un ésotérisme vaseux dont se défend d'ailleurs l'auteur.
De plus, je pense que c'est un livre dans lequel il est facile de revenir pour en feuilleter des passages, ce qui est toujours agréable dans un tel condensé d'informations (qui flirte parfois avec la liste).