Salome is a tragedy by Oscar Wilde. The original 1891 version of the play was …
Salomé
4 étoiles
Le théâtre symbolique c'est bien joli dans les images, ça donne de jolies formules, mais en fin de compte les enjeux et les personnages filent entre les doigts et même si on comprend qu'il se passe des choses graves on n'est pas particulièrement inquiet.
(Peut-être qu'une inculture religieuse me fait prendre le récit trop au premier degré et m'empêche de lire dans les sous-couches, alors je vous conseille tout de même d'essayer, après tout c'est très très court)
Shuna, prince d’une contrée pauvre, regarde, impuissant, ses sujets souffrir de la faim et se …
Le voyage de Shuna
5 étoiles
Très belle fable illustrée (adaptée d'une légende tibétaine) avec des dessins colorés à l'aquarelle où on reconnaît la patte de Miyazaki (les types de personnages, leurs vêtements, les décors et les thèmes).
On a toujours ce héros valeureux, mais pour une fois peut-être un peu moins pur que ceux auxquels nous sommes habitués (est-ce que ses motivations sont toujours les bonnes, est-ce que ses actes sont toujours justifiés par une droiture sans faille ?).
On a toujours cette nature puissante et mystique, mais elle semble davantage être la métaphore d'une industrie qui broie les faibles plutôt que la victime de celle-ci.
Et surtout, on n'a que la moitié de l'histoire et on ne peut que s'imaginer les voyages magnifiques qu'on aimerait qu'il nous ait raconté.
Exilé depuis près de cinq ans loin du fracas de la civilisation, le journaliste Spider …
Transmetropolitan T1
4 étoiles
Parfois, les wannabe-punks anti-bienpensance qui se disent méchants par anti-conformisme ça me crispe parce que ça augure surtout d'un dédouanement complet face à l'angle problématique accordé à certains sujets.
Ça veut aussi souvent dire que l'humour sera surtout basé sur le fait de placer une injure tous les trois mots et que le personnage principal (nihiliste) se fait casser la gueule pour avoir dit leurs "quatre vérités" à des hypocrites.
Ici c'est un peu le cas et j'étais sur mes gardes dès la préface, mais on est finalement sur quelque chose de plus fin avec le personnage de Spider Jerusalem, figure absolue du journaliste, imperméable à toute influence, défiant les puissants et en constante recherche de la Vérité.
Il y a une belle idée qui est que le reportage live consiste en la diffusion en direct de ce que tape le journaliste sur sa machine à écrire alors qu'il se …
Parfois, les wannabe-punks anti-bienpensance qui se disent méchants par anti-conformisme ça me crispe parce que ça augure surtout d'un dédouanement complet face à l'angle problématique accordé à certains sujets.
Ça veut aussi souvent dire que l'humour sera surtout basé sur le fait de placer une injure tous les trois mots et que le personnage principal (nihiliste) se fait casser la gueule pour avoir dit leurs "quatre vérités" à des hypocrites.
Ici c'est un peu le cas et j'étais sur mes gardes dès la préface, mais on est finalement sur quelque chose de plus fin avec le personnage de Spider Jerusalem, figure absolue du journaliste, imperméable à toute influence, défiant les puissants et en constante recherche de la Vérité.
Il y a une belle idée qui est que le reportage live consiste en la diffusion en direct de ce que tape le journaliste sur sa machine à écrire alors qu'il se trouve au cœur des évènements (des émeutes dans ce cas). Un direct qui suivrait le fil de pensée plutôt que les images, avec la puissance des mots, plus proche de la Vérité que la preuve par les images.
Le tome est séparé en chapitres qui sont autant d'histoires plus ou moins indépendantes (j'imagine que c'était à l'origine publié dans des magazines de comics) et abordant chacune un sujet de société ou un concept qui sera le sujet du personnage principal (dans une New York futuriste, en miroir exacerbé de notre présent). Mention spéciale au chapitre sur le musée des civilisations disparues (muséifier des cultures pour les empêcher de disparaître, est-ce que ce n'est pas une autre manière de leur donner la mort ?).
Aujourd’hui, le village est "planétaire", l’adolescent "mondial" et la société de consommation dominée par les …
No Logo
5 étoiles
Lire No Logo juste après avoir fini Au Bonheur des Dames de Zola, était une coïncidence amusante mais pas dénuée de sens.
Ce que Naomi Klein expose dans son essai reste terriblement pertinent un quart de siècle plus tard. Les méthodes et les objectifs des multinationales sont les mêmes, les outils ont changé, certaines marques en ont remplacé d'autres, mais au mieux les constats sont les mêmes.
Les sweatshops existent toujours, une des formes les plus violentes actuellement étant celle imposée aux Ouighours.
Les marques cherchent toujours à occuper les espaces qui leur échappent : à l'époque les universités, maintenant nos toilettes et bientôt notre sommeil.
Naomi Klein décrivaient comment certaines personnes étaient des marques à part entière — nous pouvons désormais leur ajouter les influenceur.euse.s — et comment les travailleur.euse.s indépendant.e.s allaient devoir à leur tour se constituer en marques pour se vendre sur le marché du travail.
Elle …
Lire No Logo juste après avoir fini Au Bonheur des Dames de Zola, était une coïncidence amusante mais pas dénuée de sens.
Ce que Naomi Klein expose dans son essai reste terriblement pertinent un quart de siècle plus tard. Les méthodes et les objectifs des multinationales sont les mêmes, les outils ont changé, certaines marques en ont remplacé d'autres, mais au mieux les constats sont les mêmes.
Les sweatshops existent toujours, une des formes les plus violentes actuellement étant celle imposée aux Ouighours.
Les marques cherchent toujours à occuper les espaces qui leur échappent : à l'époque les universités, maintenant nos toilettes et bientôt notre sommeil.
Naomi Klein décrivaient comment certaines personnes étaient des marques à part entière — nous pouvons désormais leur ajouter les influenceur.euse.s — et comment les travailleur.euse.s indépendant.e.s allaient devoir à leur tour se constituer en marques pour se vendre sur le marché du travail.
Elle anticipe même l'ubérisation en expliquant comment les multinationales ont cessé de fabriquer des produits (en sous-traitant à l'autre bout du monde) pour se concentrer sur la fabrication d'une marque, d'une image en somme, en se débarrassant des usines. Ce faisant elles se débarrassaient aussi de la part ouvrière de leurs employé.e.s, mais l'idéal à atteindre serait une société sans aucun.e employé.e pour n'avoir de comptes à rendre qu'aux actionnaires. Nous y sommes.
Ce qui a le plus changé depuis la parution de ce livre finalement, ce sont les groupes et les méthodes de lutte qui s'érigeaient à l'époque contre ces multinationales et l'omniprésence de la pub (les altermondialistes pour aller vite) qui ont rarement eu la même longévité que les marques citées par l'autrice, à l'image du mouvement Reclaim The Streets, dont elle parle longuement. Ils ont plutôt infusé d'autres mouvements ou, discrètement, des imaginaires (RTS comme influence chez Alain Damasio).
L'ensemble est écrit dans un style proche du long reportage, qui s'appuie donc sur de nombreux exemples et donne un essai assez lisible parce que pas trop abstrait. Il y a en plus un petit plaisir rétro à revoir se dessiner une époque qu'on a traversé et peut-être plus lointaine qu'on ne voudrait l'admettre.
Octave Mouret affole les femmes de désir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, …
Au Bonheur des Dames
5 étoiles
Un grand roman d'entrée dans le monde moderne par un personnage qui monte à la capitale (un peu comme les Illusions Perdues).
Ici c'est Denise qui découvre les grands magasins parisiens, avatar du capitalisme (qui n'est pas encore nommé comme tel) où l'objectif premier est la croissance (permanente et exponentielle), et le monopole (qu'on laisse crever tous ceux qui ne peuvent suivre). La méthode est le mouvement constant (et étourdissant) des flux de marchandises et de capitaux (le flux tendu), et l'inondation du marché (créer la demande).
Ça parle de publicité et de marketing (les géniales recettes de Mouret sont encore utilisées de nos jours).
Ça parle du monde du travail au XIXe (quasiment les seules revendications qu'arrivent à faire entendre les employés sont sur la qualité de la cuisine à la cantine alors qu'ils dorment dans des logements sous-chauffés, avec un couvre-feu, certains à même le sol dans la …
Un grand roman d'entrée dans le monde moderne par un personnage qui monte à la capitale (un peu comme les Illusions Perdues).
Ici c'est Denise qui découvre les grands magasins parisiens, avatar du capitalisme (qui n'est pas encore nommé comme tel) où l'objectif premier est la croissance (permanente et exponentielle), et le monopole (qu'on laisse crever tous ceux qui ne peuvent suivre). La méthode est le mouvement constant (et étourdissant) des flux de marchandises et de capitaux (le flux tendu), et l'inondation du marché (créer la demande).
Ça parle de publicité et de marketing (les géniales recettes de Mouret sont encore utilisées de nos jours).
Ça parle du monde du travail au XIXe (quasiment les seules revendications qu'arrivent à faire entendre les employés sont sur la qualité de la cuisine à la cantine alors qu'ils dorment dans des logements sous-chauffés, avec un couvre-feu, certains à même le sol dans la boutique, qu'ils sont en permanence sur un siège éjectable — pas question de tomber enceinte — et que tout les encourage à se monter les uns contre les autres pour espérer gagner plus).
Ça parle encore de plein d'autres choses mais ça parle surtout d'un monde qui s'effondre (les magasins familiaux, spécialisés et indépendants) sous le poids du nouveau qui fait littéralement disparaître jusqu'au souvenir de sa concurrence en l'engloutissant dans son magasin en permanente expansion.
Les chapitres où le magasin fait ses grandes ouvertures sont des tourbillons dont on ressort aussi essoufflé que les clientes qui ont perdu toute notion du temps et de leurs besoin réels. Une merveille.
C'est un roman génial, et en fin de compte je ne sais pas toujours si Zola est fasciné ou critique de l'univers qu'il dépeint, certainement un peu des deux.
Ubik, written in 1966 and published in 1969, is one of Philip K. Dick's masterpieces …
Ubik
4 étoiles
Un roman vertigineux. De la SF encore très moderne — malgré quelques couleurs un peu passées — où le capitalisme a englouti le monde et les sociétés remplacé les états, un monde où tout se paye et où on ne peut pas sortir de son propre appartement si on n'a pas la monnaie pour passer sa porte.
Philip K. Dick nous entraîne une nouvelle fois dans une réalité distordue, version moins paranoïaque (quoique), mais surtout une réalité qui s'effrite au fil du récit sans qu'on sache plus à quoi se raccrocher quand même le passé peut être changé.
Deux copains de fac s'offrent la virée en canoé de leur rêve sur le fleuve …
La Rivière
5 étoiles
Un roman de descente (en canoë) aux enfers, très réaliste et précis (immersif diraient certains) tout en offrant de beaux moments de lecture à la description des paysages, du plaisir (et du besoin) d'être dans la nature, de l'amitié des deux personnages principaux. Sans oublier la tension permanente, croissante, qui fait le sel du récit.
Concentrant toutes les qualités de ce roman, un incendie géant fait office de point d'orgue et grave ses images et ses sons dans notre mémoire.
Le genre de livre qu'on avale d'une traite.
L'histoire secrète de Bobby Bailey, un personnage qui en évoque un autre, Bruce Banner alias …
Monstres
4 étoiles
Flash-back sur flash back sur flash-back, d'un monstre à l'autre.
Pas certain d'être face au chef-d'œuvre annoncé.
Peut-être que certains aspects de l'histoire ont mal vieilli (les pouvoirs spiritistes entre autres). Peut-être que c'est le dessin de comics photo-réaliste qui étrangement rend les visages moins humains, en même temps d'avoir un côté trop "rigide" (ou voudrait un peu plus de folie graphique, des idées de découpage un peu plus baroques — même si les séquences de confusion avec le sur-texte, d'inspiration clairement ciné, sont assez réussies).
C'est une BD divertissante, mais un poil longue. À replacer dans son contexte pour plus de pertinence, je pense.
Guy est un pirate, et de la pire (la vraie !) espèce : sans état …
Portrait d'un buveur
3 étoiles
Autant c'est très réussi graphiquement, et il y a quelques chouettes idées dont les morts qui se retrouvent coincées derrière une sorte de voile filandreux d'où il ne peuvent que voir ce que fait leur assassin, autant le personnage est tellement détestable que ça en devient lassant. On en rit jaune une ou deux fois, mais très vite ça perd son intérêt. Un vrai sentiment de n'aller nulle part.
Une grand-mère habille son petit-fils en petite-fille. Outre une réflexion sur la définition de soi …
La Favorite
4 étoiles
Un trait situé au croisement entre la gravure, Robert Crumb et Winschluss, comme le récit se situe entre le loufoque de la BD indé américaine, le gothique et le glauque d'un fait divers, le tout vu à travers les yeux d'un enfant qui a grandi coupé du monde, enfermé dans le manoir familial.
Drôle et malaisant à la fois, assez réussi.
«La première fois où j’ai eu le goût de mourir, j’avais genre euh 12 ans? …
C'est comme ça que je disparais
5 étoiles
Une lecture assez difficile parce qu'une description très réaliste et sensible de la dépression.
Mirion Malle touche toujours juste et nous aide à mieux voir celles et ceux qui nous entourent. C'est une autrice très précieuse qui gagne à être connue.
Clémence est en colère. Une colère si forte, si envahissante qu'elle l'empêche de vivre. Sentant …
Clémence en colère
4 étoiles
Au début j'étais un peu surpris par ce style au trait plus épais de Mirion Malle et puis très vite je me suis habitué et j'ai retrouvé ce qui fait la force de ses ouvrages, à savoir la force de la sororité au sens large, ou comment la solution au plus grands maux semble être d'être bien entouré.e (les amies surtout, et les relations amoureuses aussi, mais globalement tout ce qui relève de la vie en communauté, les associations, les collectifs…)
Ici elle nous livre une vision différente de l'aide psychologique, où il n'y a pas de médecin avec une réponse ou de traitement miracle, mais simplement des personnes qui s'écoutent et partagent leur expérience (traumatisante, mais aussi de guérison).
Et on en sort, comme souvent avec Mirion Malle, avec une sorte de mélancolie, un mélange d'amertume généralisée face à un monde sordide, et d'une douceur diffuse et porteuse d'espoir …
Au début j'étais un peu surpris par ce style au trait plus épais de Mirion Malle et puis très vite je me suis habitué et j'ai retrouvé ce qui fait la force de ses ouvrages, à savoir la force de la sororité au sens large, ou comment la solution au plus grands maux semble être d'être bien entouré.e (les amies surtout, et les relations amoureuses aussi, mais globalement tout ce qui relève de la vie en communauté, les associations, les collectifs…)
Ici elle nous livre une vision différente de l'aide psychologique, où il n'y a pas de médecin avec une réponse ou de traitement miracle, mais simplement des personnes qui s'écoutent et partagent leur expérience (traumatisante, mais aussi de guérison).
Et on en sort, comme souvent avec Mirion Malle, avec une sorte de mélancolie, un mélange d'amertume généralisée face à un monde sordide, et d'une douceur diffuse et porteuse d'espoir quand on repense à celles qui ménagent leur marge et s'organisent autrement.
Dans un monde post-apocalyptique – non loin de la ville de Fontainebleau (! ) - …
Mécanique Céleste
4 étoiles
Super BD de science-fiction dans une forêt de Fontainebleau post-accident nucléaire. Très bien découpé et hyper lisible (même dans les scènes de match). De beaux paysages et chara-design avec de belles couleurs type aquarelle. L'univers y est bien développé sans reposer uniquement dessus. Bref, tout invite à en lire les quelques 200 pages d'un coup.