"Quand la connexion s'établit, tout est relié et converge vers un moment d'émotion partagée, vers …
Connexion
3 étoiles
Un essai qui se lit très vite.
À la fois touchant dans sa sincérité, et quand Kae Tempest nous parle de ses "connexions" et par extension de sa manière de créer (au sens large). Et en même temps pas révolutionnaire ni précis dans son concept (qui frise un peu l'ésotérisme quand on commence à parler de Jung, ce qui je l'avoue me crispe assez vite).
Je l'ai vécu comme un article intéressant plutôt que comme un essai, mais je suis curieux de lire davantage de Kae Tempest.
Dans une société hypertechnologique où l'ordinateur règne en maître, Case est un pirate de génie …
Neuromancien
4 étoiles
Il se passe quelque chose avec la traduction qui rend difficile de rentrer dans le texte, et à la fois lui donne un ton si particulier et si direct que naissent de nouvelles images, ou au contraire des concepts abstraits difficiles à mettre en image (et alors on s'accroche aux mots, à leur forme et à leurs sons pour donner une texture et une consistance au concept).
J'aime beaucoup cette idée, par exemple, qui fait appeler les espaces informatiques qu'on doit infiltrer des "glaces", ce qui est à la fois très visuel (elle reflète, elle se brise, on voit à travers sans pouvoir y pénétrer) et suffisamment abstrait pour que l'image qu'on s'en fait reste imprécise, changeante et donc beaucoup ancré dans le mot lui-même ("glace") sa sonorité et sa poésie.
Je ne l'ai pas lu en anglais donc je ne saurais pas dire à quoi ressemble l'écriture de Gibson, …
Il se passe quelque chose avec la traduction qui rend difficile de rentrer dans le texte, et à la fois lui donne un ton si particulier et si direct que naissent de nouvelles images, ou au contraire des concepts abstraits difficiles à mettre en image (et alors on s'accroche aux mots, à leur forme et à leurs sons pour donner une texture et une consistance au concept).
J'aime beaucoup cette idée, par exemple, qui fait appeler les espaces informatiques qu'on doit infiltrer des "glaces", ce qui est à la fois très visuel (elle reflète, elle se brise, on voit à travers sans pouvoir y pénétrer) et suffisamment abstrait pour que l'image qu'on s'en fait reste imprécise, changeante et donc beaucoup ancré dans le mot lui-même ("glace") sa sonorité et sa poésie.
Je ne l'ai pas lu en anglais donc je ne saurais pas dire à quoi ressemble l'écriture de Gibson, même si j'ai l'impression qu'on est sur une traduction très directe (trop ? : parfois les néologismes traduits au mot pour mot restent en travers de la gorge au premier abord) qui donne ce ton si particulier, même dans le rythme des phrases.
Quand au roman, on est facilement perdu dans la logique du pourquoi ou comment des évènements, mais c'est aussi le cas des personnages et globalement du monde dans lequel ils évoluent, où le moindre corps est augmenté, technologiquement transformé, et la relation au réel qui en résulte est elle-même augmentée, transformée, au point d'en redéfinir les contours. Le réel est fragmenté, liquide, vaporeux, tout cela à la fois, et tout va trop vite pour nos simples cerveaux organiques.
Il y a par ailleurs effectivement beaucoup de choses/concepts/idées dans ce livre qu'on a retrouvé ailleurs par la suite dans la SF littéraire et au cinéma, mais beaucoup de personnes en ont déjà parlé, donc je me contenterai de pointer un lien plus rare mais évident à mes yeux : le personnage de Peter Riviera qui projette des "subliminaux" (sortes d'hologrammes hallucinatoires, souvent organiques et violents destinés à perturber ses adversaires) résonne avec l'imagerie de nombreuses BD de Enki Bilal (dont la trilogie du Monstre) où les corps sont entourés voire traversés de textures, matières voire animaux (poissons) dont il est difficile de savoir si elles sont tangibles ou non.
The Celtic Twilight is divided into two parts. The …
The Celtic Twilight
4 étoiles
Yeats rapporte des histoires de fées (fairies, mais qui peut concerner tout un tas d'autres êtres merveilleux dont les fantômes) qu'il a amassées à travers ses rencontres dans la campagne irlandaise, faisant de ce recueil un témoignage de la culture orale populaire de son pays. Les fées étant des êtres facétieux, donc pouvant à la fois être la cause de bons ou de mauvais évènements (souvent des enlèvements de bébés ou de jeunes filles), et pouvant prendre des formes et des tailles diverses et variées, en font potentiellement la source de tout évènement remarquable. Ainsi, leurs histoires, les sujets qu'elles touchent, en disent certainement beaucoup sur la vie et la culture des gens qui ont eu "affaire" aux fées, mais ce n'est pas le propos de Yeats qui rapporte tout tel quel, sans analyser ou presque.
Il y a tout de même un chapitre qui m'a fait beaucoup …
Yeats rapporte des histoires de fées (fairies, mais qui peut concerner tout un tas d'autres êtres merveilleux dont les fantômes) qu'il a amassées à travers ses rencontres dans la campagne irlandaise, faisant de ce recueil un témoignage de la culture orale populaire de son pays. Les fées étant des êtres facétieux, donc pouvant à la fois être la cause de bons ou de mauvais évènements (souvent des enlèvements de bébés ou de jeunes filles), et pouvant prendre des formes et des tailles diverses et variées, en font potentiellement la source de tout évènement remarquable. Ainsi, leurs histoires, les sujets qu'elles touchent, en disent certainement beaucoup sur la vie et la culture des gens qui ont eu "affaire" aux fées, mais ce n'est pas le propos de Yeats qui rapporte tout tel quel, sans analyser ou presque.
Il y a tout de même un chapitre qui m'a fait beaucoup rire où il développe, exemple à l'appui, que les Écossais ont un rapport malsain avec leurs fantômes parce que leurs histoires sont toujours gores et finissent mal, tandis que les Irlandais vivent plutôt en bons rapports avec ceux-ci et s'en tirent plutôt avec une bonne frayeur et une leçon qu'avec la tête tranchée ou au fond d'un lac.
Enduring Literature Illuminated by Practical Scholarship
An idealistic professor transforms an unsophisticated Cockney girl into …
Pygmalion
4 étoiles
Dès le prologue, Bernard Shaw lance un clash en accusant les anglais de ne pas savoir parler leur propre langue, de ne pas savoir la prononcer ni l'épeler. Il désespère qu'on n'accorde pas l'attention qui leur est due aux linguistes et chercheurs en phonétique, qui seraient des sciences majeures. C'est assez drôle et délectable à lire, même si je pense que ça n'a pas été écrit dans un but humoristique mais bien au premier degré.
Il explique s'être inspiré, pour cette œuvre, d'un personnage réel, expert absolu d'une science fort sous-estimée, et on commence déjà à se douter que la pièce qu'on s'apprête à lire sera une démonstration didactique des bienfaits de la phonétique. Mais d'un côté c'est revendiqué par l'auteur comme une vertu : l'art devrait être didactique selon lui. D'autre part, Pygmalion est beaucoup plus que ça.
La pièce est assez vive et drôle, les dialogues et personnages …
Dès le prologue, Bernard Shaw lance un clash en accusant les anglais de ne pas savoir parler leur propre langue, de ne pas savoir la prononcer ni l'épeler. Il désespère qu'on n'accorde pas l'attention qui leur est due aux linguistes et chercheurs en phonétique, qui seraient des sciences majeures. C'est assez drôle et délectable à lire, même si je pense que ça n'a pas été écrit dans un but humoristique mais bien au premier degré.
Il explique s'être inspiré, pour cette œuvre, d'un personnage réel, expert absolu d'une science fort sous-estimée, et on commence déjà à se douter que la pièce qu'on s'apprête à lire sera une démonstration didactique des bienfaits de la phonétique. Mais d'un côté c'est revendiqué par l'auteur comme une vertu : l'art devrait être didactique selon lui. D'autre part, Pygmalion est beaucoup plus que ça.
La pièce est assez vive et drôle, les dialogues et personnages m'ont un peu évoqué du Billy Wilder dans leur raillerie et les jeux sur la langue et les sous-entendus (en tout cas c'est le ton que je donnais au texte à la lecture).
Le professeur Higgins, personnage principal, est misogyne et condescendant, ce qui lui est reproché, mais aussi un peu pardonné sous le fait du "génie" et d'un carcatère "original", ce qui sont toujours des excuses bancales. Il en va de même pour la pièce où, il est difficile de savoir si l'auteur condamne davantage le pari douteux des acolytes phonétologues (faire passer une jeune fille des faubourg de Londres pour une duchesse en lui apprenant les manières et surtout la diction/prononciation et la langue d'une aristocrate) ou la candeur de la jeune fille qui croit qu'en ayant fait illusion elle peut en être (alors qu'elle devient la preuve vivante qu'il y a davantage que la langue qui sépare les classes), et qui finit par amèrement regretter d'être devenue un objet dans les mains de ses mécènes avec un horizon inatteignable, plutôt que d'avoir simplement continué sa vie de vendeuse de fleurs qui ne connaît rien d'autre.
Le fait est que, quelque soit son réel point de vue (qui sans doute n'est pas totalement tranché), l'auteur parle de toutes ces intrications de langue, savoir et conscience propre qui font qu'une classe se distingue d'une autre, du Bourdieu avant l'heure.
C'est un texte très intelligent et surprenant. J'en prends pour témoin le dernier acte, qui est une longue justification en prose (inadaptable ou presque) sur les raisons d'une absence de happy ending en histoire d'amour comme on aurait pu s'y attendre. C'est même quasiment un essai dans la pièce qui expose — après avoir quasiment traité ses lecteurs/critiques/spectateurs de fainéants en manque d'imagination — ses vues sur les mœurs de la société victorienne en exposant la suite "logique" de l'histoire.
Le lire en anglais est un plus, tant la question de la langue est importante, et je ne sais pas ce que valent les traductions disponibles.
Marseille, Hiver 1887. Plus d'un millier de femmes sont employées à la manufacture des tabacs …
La belle de mai
4 étoiles
Une belle BD historique au crayon noir (et parfois bleu) qui raconte la grève victorieuse des cigaretières de la manufacture d'état à Marseille à la fin du XIXe siècle.
Des femmes, pour beaucoup immigrées italiennes, qui s'organisent sans parti ni syndicat pour faire valoir leurs revendications alors qu'on les considère "mieux lotties" que les employées des manufactures privées de la ville (allumettes ou autres), donnant ainsi un précédent important dans la lutte pour les droits des travailleuses.
Le propos est intéressant dans les faits qu'il rapporte et les mots qui sont mis dans la bouche des cigaretières, et il y a une certaine recherche graphique, mais sans vraiment sublimer les passages fictionnels (histoire de rythme, de découpage, ou de matière) ou introduire des notions théoriques bouleversantes, ce qui fait qu'à mon goût on ne dépasse pas vraiment le récit historique (c'est-à-dire que je me rappellerai davantage de l'épisode raconté que …
Une belle BD historique au crayon noir (et parfois bleu) qui raconte la grève victorieuse des cigaretières de la manufacture d'état à Marseille à la fin du XIXe siècle.
Des femmes, pour beaucoup immigrées italiennes, qui s'organisent sans parti ni syndicat pour faire valoir leurs revendications alors qu'on les considère "mieux lotties" que les employées des manufactures privées de la ville (allumettes ou autres), donnant ainsi un précédent important dans la lutte pour les droits des travailleuses.
Le propos est intéressant dans les faits qu'il rapporte et les mots qui sont mis dans la bouche des cigaretières, et il y a une certaine recherche graphique, mais sans vraiment sublimer les passages fictionnels (histoire de rythme, de découpage, ou de matière) ou introduire des notions théoriques bouleversantes, ce qui fait qu'à mon goût on ne dépasse pas vraiment le récit historique (c'est-à-dire que je me rappellerai davantage de l'épisode raconté que de la BD en soi).
Klara est une AA, une Amie Artifi cielle, un robot de pointe ultraperformant créé spécialement …
Klara et le Soleil
3 étoiles
Je ne sais pas trop quoi penser de ce roman. Je me suis un peu ennuyé pendant une bonne partie du livre, où certains concepts clés ne sont pas explicités et on nage juste dans les considérations et remarques d'une AA : Amie Artificielle, à mi-chemin entre les remarques très pertinentes et précises et un décalage, une mauvaise interprétation des sentiments humains. Le procédé est intéressant, mais on en attend un peu plus pour avancer dans les pages, d'autant que le ton objectivo-naïf n'est pas des plus engageants.
Il y a tout de même quelques points très intéressants, comme la manière dont Klara, l'androïde, perçoit l'espace dès qu'elle est désorientée, tout en "boîtes" plis ou moins grosses selon l'importance signifiante de l'élément qui s'y trouve. Un concept difficile à rendre en images (il m'a fallu plusieurs récurrences avant de comprendre de quoi on parlait), mais qui réussit indéniablement à nous …
Je ne sais pas trop quoi penser de ce roman. Je me suis un peu ennuyé pendant une bonne partie du livre, où certains concepts clés ne sont pas explicités et on nage juste dans les considérations et remarques d'une AA : Amie Artificielle, à mi-chemin entre les remarques très pertinentes et précises et un décalage, une mauvaise interprétation des sentiments humains. Le procédé est intéressant, mais on en attend un peu plus pour avancer dans les pages, d'autant que le ton objectivo-naïf n'est pas des plus engageants.
Il y a tout de même quelques points très intéressants, comme la manière dont Klara, l'androïde, perçoit l'espace dès qu'elle est désorientée, tout en "boîtes" plis ou moins grosses selon l'importance signifiante de l'élément qui s'y trouve. Un concept difficile à rendre en images (il m'a fallu plusieurs récurrences avant de comprendre de quoi on parlait), mais qui réussit indéniablement à nous mettre en empathie avec l'androïde, face à quelque chose de trop complexe pour que notre cerveau l'interprète correctement.
Globalement, Ishiguro a peu éveillé mon intérêt pour ses personnages ou les mécaniques qui sous-tendent ce futur, même si je sais que ce n'est pas l'objectif recherché ici, où ce sont les questions "métaphysiques" amenées par Klara et le rôle qu'on veut lui assigner qui sont le véritable sujet (et même de ce côté là, je n'ai pas été exposé à des choses particulièrement innovantes).
D'autres lecteurs sauront y trouver leur bonheur, c'est tout de même un livre doux avec de beaux moments.
"La jeune femme le regarda, suppliante. "Oh, Eddie !" s'exclama-t-elle d'un ton déchirant en lui …
Cinéma e altre novelle
4 étoiles
C'est toujours agréable de découvrir un auteur via les éditions bilingues, car ce sont souvent des textes courts (ici trois nouvelles) et on peut pleinement apprécier la beauté de la langue et l'écriture originelle sans perdre le sens grâce à la béquille de la page de droite où le texte est intégralement traduit.
Ça permet assez facilement de se rendre compte de notre niveau de compréhension colle avec le style de l'auteur avant de se lancer dans la lecture d'œuvres plus longues ou s'il faudra se cantonner aux traductions.
Ça faisait un bout de temps que j'entendais parler de Tabucchi sans m'y être plongé, et cette mise en bouche n'a fait que confirmer que c'est un auteur avec lequel je pourrais m'entendre. Je ne sais pas encore si je le lirai en italien ou en français, mais je le lirai.
Après des années passées sur la route, Danielle Cain débarque à Freedom, une ville de …
L'agneau égorgera le lion
4 étoiles
Margaret Killjoy nous entraîne à nouveau dans des communautés autonomes, punks, anarchistes, mais contrairement à Un Pays de fantômes, on échappe à ce côté un peu didactique/initiatique (qui était aussi dû au choix de narration) pour laisser davantage de place à l'atmosphère globale et aux relations entre les personnages, plus creusés et plus intéressants ici*.
Peut-être aussi que l'histoire ne prenant pas lieu dans un univers totalement réinventé (et qui peut vite manquer de substance dans un court roman tant il y a à installer), mais dans notre réalité sur laquelle viendrait se calquer un peu de magie et de démons à forme animale, il y a plus de place pour dessiner ces éléments étranges et leur donner une consistance, développer des images marquantes, même quand le roman est relativement court. Ainsi, on accepte aussi facilement que les personnages que les incantations et les démons existent et on suit …
Margaret Killjoy nous entraîne à nouveau dans des communautés autonomes, punks, anarchistes, mais contrairement à Un Pays de fantômes, on échappe à ce côté un peu didactique/initiatique (qui était aussi dû au choix de narration) pour laisser davantage de place à l'atmosphère globale et aux relations entre les personnages, plus creusés et plus intéressants ici*.
Peut-être aussi que l'histoire ne prenant pas lieu dans un univers totalement réinventé (et qui peut vite manquer de substance dans un court roman tant il y a à installer), mais dans notre réalité sur laquelle viendrait se calquer un peu de magie et de démons à forme animale, il y a plus de place pour dessiner ces éléments étranges et leur donner une consistance, développer des images marquantes, même quand le roman est relativement court. Ainsi, on accepte aussi facilement que les personnages que les incantations et les démons existent et on suit le fil de l'histoire sans se poser de questions.
C'est sur ces bases solides que Margaret Killjoy parvient aussi à nous glisser quelques questionnements sur le pouvoir et la justice, entre deux visions cauchemardesques d'animaux zombifiés, que demander de plus ?
*je recommande quand même cet autre roman, qui reste divertissant et rapide à lire, tout en offrant un rapide aperçu d'utopies anarchistes
Dans un futur proche, le Soleil se transforme progressivement en géante rouge. La Terre se …
Terre errante
3 étoiles
Ce qui est intéressant dans les romans de Liu Cixin, c'est de projeter une modification brutale de la civilisation telle qu'on la connaît suite à des découvertes majeures, et comment l'humanité y réagit (mesures de crise, réorganisation géopilitique…), en racontant les évènements à travers quelques individus qui jouent un rôle notable. Il explore les implications scientifiques et morales d'un tel changement de perspective, c'est plaisant pour l'imaginaire malgré un style parfois un peu rêche.
Ici, malgré une idée qui éveille la curiosité (l'humanité a décidé de quitter le système solaire en faisant de la Terre un vaisseau), ça manque un peu de corps. Rien n'est très fouillé ou réaliste, des conséquences sur la vie terrestre autre que l'humanité (quasiment éludées alors qu'on nous parle de séismes, tempêtes, raz-de-marée titanesques) au personnage principal assez peu incarné, ou en tout cas peu intéressant si ce n'est que c'est lui le narrateur.
Donc …
Ce qui est intéressant dans les romans de Liu Cixin, c'est de projeter une modification brutale de la civilisation telle qu'on la connaît suite à des découvertes majeures, et comment l'humanité y réagit (mesures de crise, réorganisation géopilitique…), en racontant les évènements à travers quelques individus qui jouent un rôle notable. Il explore les implications scientifiques et morales d'un tel changement de perspective, c'est plaisant pour l'imaginaire malgré un style parfois un peu rêche.
Ici, malgré une idée qui éveille la curiosité (l'humanité a décidé de quitter le système solaire en faisant de la Terre un vaisseau), ça manque un peu de corps. Rien n'est très fouillé ou réaliste, des conséquences sur la vie terrestre autre que l'humanité (quasiment éludées alors qu'on nous parle de séismes, tempêtes, raz-de-marée titanesques) au personnage principal assez peu incarné, ou en tout cas peu intéressant si ce n'est que c'est lui le narrateur.
Donc à part quelques belles images servies par ce voyage interstellaire d'un nouveau genre, le développement du concept initial nous laisse un peu sur notre faim, même dans sa conclusion trop vite arrivée, comme s'il fallait une chute. Ce qui m'amène à penser que ce récit aurait une meilleure place dans un recueil de nouvelles à thème (ou juste de nouvelles de l'auteur), où on trouve son plaisir en entrouvrant des portes sans chercher à refaire le plan de la maison.
En 1985, le roman d'un jeune homme de vingt et un ans prenait la température …
Moins que zéro
4 étoiles
Premier roman de Bret Easton Ellis, déjà dans la description d'un monde ultra-artificiel et dérangeant (celui de la richesse et de la célébrité) où des personnages sont tellement désabusés et déconnectés de la réalité que même le sexe et la drogue ne suffisent plus à masquer le vide qui les entoure. Et quand ce vide prend trop de place, ils finissent immanquablement par sortir du matérialisme qui les définit (on jauge les autres selon la qualité de leur bronzage, ou la marque de leur pantalon) pour basculer soit dans la dépression, soit dans l'ultra-violence.
Cette violence caractéristique des romans suivants de Bret Easton Ellis, crue, à la limite du supportable, semble être le dernier souffle d'une classe aisée (ici des enfants favorisés des quartiers riches de Los Angeles) pour assouvir un besoin de contrôle, de pouvoir (on parle de torture et de viol), comme si c'était la dernière chose qui …
Premier roman de Bret Easton Ellis, déjà dans la description d'un monde ultra-artificiel et dérangeant (celui de la richesse et de la célébrité) où des personnages sont tellement désabusés et déconnectés de la réalité que même le sexe et la drogue ne suffisent plus à masquer le vide qui les entoure. Et quand ce vide prend trop de place, ils finissent immanquablement par sortir du matérialisme qui les définit (on jauge les autres selon la qualité de leur bronzage, ou la marque de leur pantalon) pour basculer soit dans la dépression, soit dans l'ultra-violence.
Cette violence caractéristique des romans suivants de Bret Easton Ellis, crue, à la limite du supportable, semble être le dernier souffle d'une classe aisée (ici des enfants favorisés des quartiers riches de Los Angeles) pour assouvir un besoin de contrôle, de pouvoir (on parle de torture et de viol), comme si c'était la dernière chose qui permettait de donner un sens à leur vie.
Des adolescents sans parents, mais avec tous les moyens matériels et financiers d'adultes, qui errent d'une maison à l'autre, d'une soirée à l'autre, d'un restaurant à un centre commercial, en se lançant "Tu fais quoi ?" sans que personne n'ait jamais quoi que ce soit de concret à répondre, parce qu'il n'y a pas de plan, pas d'objectif qui vaille la peine, juste quelques instants à grappiller à droite et à gauche sans trop savoir quoi en tirer. Des gens dont la peur principale serait de se perdre (dans Los Angeles, mais on comprend vite que c'est plus un sentiment global).
Le personnage principal, Clay, traverse moments intimes et scènes d'horreur avec quasi la même absence de réaction. Tout lui coule dessus, ou presque, ce qui donne une importance cruciale à ces quelques moments où l'empathie semble se réveiller en lui, avant de s'éteindre à nouveau.
Ce sont ces quelques moments qui font qu'on arrive à s'attacher un tant soit peu à ce personnage, qui lui redonnent un peu de consistance et d'humanité, dans ce roman très noir où on oscille facilement entre détestation et peine pour ces gens qui ont tout et qui n'en font rien.
"Grâce à Viviane j'étais devenu immense, j'avais touché le ciel d'une main et la terre …
Ma reine
4 étoiles
Le narrateur est un enfant atteint de "retard mental" (qui semble être un cumul de plusieurs pathologies que je ne m'avancerais pas à diagnostiquer) qui raconte son plus bel été et sa rencontre avec Viviane (la reine du titre).
Le roman tire parti de la vision "décalée" de son narrateur pour exprimer, par saillies, une vision poétique du monde, sans pour autant trop en faire, ou le faire de manière trop volontaire comme ça peut être le cas dans ce genre de roman.
C'est l'émancipation d'un personnage à la marge qui trouve son bonheur…dans la marge (sur un plateau montagneux ou auprès d'un berger alcoolique et taiseux), c'est touchant et drôle, très fluide à lire, ça se mange tout seul.
Conrad Aiken (1889-1973), avant tout poète, mais aussi romancier…, …
Neige silencieuse, neige secrète
4 étoiles
Un très beau texte, qui flirte avec la poésie, à travers les yeux d'un garçon qui voit son monde s'envelopper dans une neige toujours plus épaisse, mais qu'il est le seul à voir.
Un texte très court, également, qui coupe le lecteur dans son élan. Je l'ai lu comme s'il allait y avoir encore 100 pages derrière, alors au tout début je me suis senti lésé, avant de me rendre compte que ce qui avait été dit/lu était bien suffisant pour m'occuper encore un certain temps.
Donc un plaisir de lecture, à ne pas dévorer comme un roman à suspense, mais avec patience et inspiration.
Après leur victoire à la Mécanique Céleste, Aster et l'équipe de Pan se retrouvent cloîtrés …
Mécanique Céleste : La Source
4 étoiles
Toujours efficace dans le découpage et très fort pour donner une gestuelle et de l'expressivité à ses personnages, mais pour cette suite, l'histoire m'a moins porté. On est moins avec les personnages (qu'on connait déjà, c'est peut-être ça) et malgré quelques moments d'action amusants (un "chat perché" notamment), ce tome paraît plus fade que le premier.