Leito a publié une critique de Moins que zéro par Bret Easton Ellis
Moins que zéro
4 étoiles
Premier roman de Bret Easton Ellis, déjà dans la description d'un monde ultra-artificiel et dérangeant (celui de la richesse et de la célébrité) où des personnages sont tellement désabusés et déconnectés de la réalité que même le sexe et la drogue ne suffisent plus à masquer le vide qui les entoure. Et quand ce vide prend trop de place, ils finissent immanquablement par sortir du matérialisme qui les définit (on jauge les autres selon la qualité de leur bronzage, ou la marque de leur pantalon) pour basculer soit dans la dépression, soit dans l'ultra-violence. Cette violence caractéristique des romans suivants de Bret Easton Ellis, crue, à la limite du supportable, semble être le dernier souffle d'une classe aisée (ici des enfants favorisés des quartiers riches de Los Angeles) pour assouvir un besoin de contrôle, de pouvoir (on parle de torture et de viol), comme si c'était la dernière chose qui …
Premier roman de Bret Easton Ellis, déjà dans la description d'un monde ultra-artificiel et dérangeant (celui de la richesse et de la célébrité) où des personnages sont tellement désabusés et déconnectés de la réalité que même le sexe et la drogue ne suffisent plus à masquer le vide qui les entoure. Et quand ce vide prend trop de place, ils finissent immanquablement par sortir du matérialisme qui les définit (on jauge les autres selon la qualité de leur bronzage, ou la marque de leur pantalon) pour basculer soit dans la dépression, soit dans l'ultra-violence. Cette violence caractéristique des romans suivants de Bret Easton Ellis, crue, à la limite du supportable, semble être le dernier souffle d'une classe aisée (ici des enfants favorisés des quartiers riches de Los Angeles) pour assouvir un besoin de contrôle, de pouvoir (on parle de torture et de viol), comme si c'était la dernière chose qui permettait de donner un sens à leur vie. Des adolescents sans parents, mais avec tous les moyens matériels et financiers d'adultes, qui errent d'une maison à l'autre, d'une soirée à l'autre, d'un restaurant à un centre commercial, en se lançant "Tu fais quoi ?" sans que personne n'ait jamais quoi que ce soit de concret à répondre, parce qu'il n'y a pas de plan, pas d'objectif qui vaille la peine, juste quelques instants à grappiller à droite et à gauche sans trop savoir quoi en tirer. Des gens dont la peur principale serait de se perdre (dans Los Angeles, mais on comprend vite que c'est plus un sentiment global). Le personnage principal, Clay, traverse moments intimes et scènes d'horreur avec quasi la même absence de réaction. Tout lui coule dessus, ou presque, ce qui donne une importance cruciale à ces quelques moments où l'empathie semble se réveiller en lui, avant de s'éteindre à nouveau. Ce sont ces quelques moments qui font qu'on arrive à s'attacher un tant soit peu à ce personnage, qui lui redonnent un peu de consistance et d'humanité, dans ce roman très noir où on oscille facilement entre détestation et peine pour ces gens qui ont tout et qui n'en font rien.