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a publié une critique de Re:Start par Katia Lanero Zamora

Katia Lanero Zamora: Re:Start (EBook, Français language, 2025, Argyll)

Comme quarante pour cent de la population mondiale, vous êtes en surpoids ? Vous ne …

Re:Start

Poursuite de mes découvertes dans cette collection de novellas, ReciFs, que publie Argyll depuis l'automne - avec toujours de magnifiques illustrations de couverture proposées par Anouck Faure.

Nous plongeant au sein d'une communauté de femmes, dans laquelle les logiques financières sur lesquelles repose l'entreprise, dont toutes oeuvrent à promouvoir les produits, côtoient des dérives que d'aucun·es qualifieraient de sectaires, Re:Start offre un récit prenant et nerveux, oscillant entre thriller et incursions dans du body horror. La construction du chapitre d'ouverture délivre d'ailleurs une première claque et s'assure de l'attention des lecteurices : je n'ai plus pu décrocher une fois lancée. En exploitant de façon parfois brutale les diverses facettes de son univers, l'autrice propose une novella résolument à thèse : c'est une dénonciation d'un certain rapport au corps féminin façonné et imposé par la société et de ce que cela produit sur des femmes se brisant en tentant d'atteindre des standards inatteignables. L'autrice met en exergue à la fois à quoi cela peut conduire dans les rapports à soi et à son corps, mais aussi entre femmes avec la mise en scène d'une sororité dévoyée et mortifère. Elle dénonce également la façon dont des intérêts économiques - et plus largement le système capitaliste - ont pu récupérer et exploiter à leur profit ces représentations, travaillant d'autant plus à renforcer l'aliénation des femmes. Là où le récit fonctionne de façon particulièrement convaincante, c'est notamment en prenant le temps d'éclairer les souffrances que cela suscite chez différents personnages. La protagoniste principale, décidée à faire tomber Re:Start, n'est en effet pas sans faille : elle n'est pas immunisée face à la manière dont l'entreprise exploite les attentes, les représentations et les peurs des femmes. La mise en scène de cette ambivalence, jusqu'à la fin, m'a semblé très pertinente. La novella propose aussi des extraits d'un journal intime, donnant l'occasion de mettre en lumière les dynamiques de doutes, d'espoir et de déception qui s'installent de façon pernicieuse.

En résumé, Katia Lanero Zamora délivre une novella aussi directe que brutale, venant dénoncer l'ampleur d'un système implacable, source de souffrance généralisée, qui broie les femmes.