Nobody a cité La Cité aux murs incertains par Haruki Murakami
Le pire, c’est le sentiment d’être délaissé par le monde entier. D’être absolument sans valeur. Vous êtes pareil à un vieux bout de papier dénué de toute signification, ou c’est comme si vous étiez invisible. Si vous tendez votre main et que vous l’examinez, vous découvrez qu’on peut voir au travers – et ce n’est pas votre imagination, mais la réalité.
[…] Vous êtes seul dans un désert aride. Pas un arbre, pas un buisson, pas un brin d’herbe à perte de vue. Seul un vent fort souffle toujours dans la même direction : il vous pique la peau comme de petites aiguilles. Vous êtes seul, impitoyablement exclu du monde baigné de chaleur humaine. Vous ne savez pas quoi faire de vos sentiments qui pèsent comme du plomb sur votre poitrine.
Elle finira bien par vous envoyer un message. Alors vous attendez patiemment. Vous n’avez pas d’autre choix. Mais vous avez beau attendre, non, il n’y a pas de message. Le téléphone ne sonne pas, il n’y a pas de grosse enveloppe dans la boîte aux lettres. On ne frappe pas à la porte. Il n’y a rien que le silence et le vide. Et voilà comment silence et vide deviennent vos amis les plus proches. Des amis sans lesquels vous préféreriez vivre. Mais ce sont vos seuls compagnons. Bien sûr, vous vous accrochez à la moindre lueur d’espoir. Mais comparé au silence et au vide, qui ressemblent à des armes lourdes et contondantes, l’espoir est aussi mince qu’une ombre.
— La Cité aux murs incertains de Haruki Murakami (Page 138)