Ameimse a cité Le Parlement de l'eau par Wendy Delorme
Alors, Esprit comprend. Elle comprend pourquoi elle ne comprend pas. Ce que les humains appellent la Rize, ce n'est plus aujourd'hui qu'un trait bleu sur une carte, signifiant symbolique d'un signifié perdu depuis longtemps. Quelque chose dont l'homme a modifié le cours au fil des siècles, qu'il a remanié, enterré, mais veut réinventer comme il a inventé les huit Lacs du Grand Parc creusés par d'anciennes carrières, que la Nappe alluviale est venue remplir d'Eau. Ce qu'on appelle la Rize est déjà un souvenir, un écho du passé, mais aussi un projet, un espoir d'à-venir. Elle a changé cent fois tout en gardant son nom. Ce que les humains font, en nommant les cours d'Eau, c'est une oeuvre de taxinomistes, un effort constant pour maîtriser quelque chose qui toujours leur échappe. Parce que les castors, les Crues du Fleuve, les fortes Pluies, les inondations, les drains du Canal qui se bouchent, tout leur échappe tout le temps dans la géographie mouvante des Eaux. La Rize n'est que le nom que l'homme veut donner à une portion maîtrisée de quelque chose qui le dépasse.
— Le Parlement de l'eau de Wendy Delorme (Page 274)
