Moisson au clair de la Terre.
Puisqu'il faut trouver une autre planète habitable, pourquoi pas …
Un récit immersif porté par un sens du détail d'une richesse fascinante pour présenter les facettes de cette Lune habitée sur laquelle la narratrice nous entraîne. Un roman à l'écriture douce-amère, pleine de sensibilité.
Une oeuvre qui me fait renouer avec la lecture de fictions après plusieurs blocages ces dernières semaines :)
1640, treizième année du règne de l’empereur Chongzhen.
Alors que la dynastie au pouvoir affronte …
Nouvelle incursion dans les publications de la nouvelle collection RéciFs des éditions Argyll, cette fois-ci avec un cadre très différent de "L'Agneau égorgera le lion" : la Chine du XVIIe siècle.
Je pense surveiller avec attention les publications de cette collection qui vise à accueillir des textes courts et est présentée comme "entièrement dédiée aux plumes féminines, venues du monde entier, qui écrivent de l'imaginaire".
Après des années passées sur la route, Danielle Cain débarque à Freedom, une ville de …
"L'Agneau égorgera le lion"
4 étoiles
Du fantastique aux accents de thriller horrifique, une héroïne attachante dans le sillage de laquelle on est facilement entraîné, l'occasion d'une incursion dans une communauté anarchiste qui tente de s'autogérer à l'intérieur d'une petite ville désertée tout en étant confronté à du surnaturel... "L'agneau égorgera le lion" est une novella riche et rondement menée avec pour fil rouge une réflexion sur l'idée de Justice et sur ce qui peut être accepté/acceptable pour faire perdurer ce coin d'utopie et sur l'idée de Justice... Un récit de fantasy qui se revendique "punk et queer" dans lequel on retrouve les thématiques chères à Margaret Killjoy (les éditions Argyll ont déjà publié son roman Un pays de fantômes en 2022) et qui se lit d'une traite.
Destination : la cuisine d’un appartement, où Lucie dort avec les deux frères Aho et …
Trouver une place, trouver sa place
5 étoiles
Un véritable coup de coeur pour cette nouvelle. J'ai notamment beaucoup aimé la fluidité d'une écriture très évocatrice, la capacité de l'autrice à esquisser habilement, en 30 pages immédiatement captivantes, un tout autre monde que l'on aimerait avoir le temps de plus découvrir, mais aussi le traitement proposé des thématiques de l'identité et de l'altérité au sein d'un univers où des mutations, communes et remettant en cause la frontière anthropocentrée, peuvent intervenir à tout stade de la vie humaine...
Si la nouvelle est disponible en achat à l'unité (avec un décalage de quelques semaines pour la sortie), c'est la première que j'ai reçue dans le cadre d'un abonnement proposé par les éditions 1115, intitulé Chronopages (www.editions1115.com/produit/abonnement-chronopages-1-an/). Le principe, c'est, chaque mois dans la boîte aux lettres, une nouvelle d'une trentaine de pages pour "voyager très loin, vers d’autres temps ou d’autres lieux". De quoi offrir une petite bulle …
Un véritable coup de coeur pour cette nouvelle. J'ai notamment beaucoup aimé la fluidité d'une écriture très évocatrice, la capacité de l'autrice à esquisser habilement, en 30 pages immédiatement captivantes, un tout autre monde que l'on aimerait avoir le temps de plus découvrir, mais aussi le traitement proposé des thématiques de l'identité et de l'altérité au sein d'un univers où des mutations, communes et remettant en cause la frontière anthropocentrée, peuvent intervenir à tout stade de la vie humaine...
Si la nouvelle est disponible en achat à l'unité (avec un décalage de quelques semaines pour la sortie), c'est la première que j'ai reçue dans le cadre d'un abonnement proposé par les éditions 1115, intitulé Chronopages (www.editions1115.com/produit/abonnement-chronopages-1-an/). Le principe, c'est, chaque mois dans la boîte aux lettres, une nouvelle d'une trentaine de pages pour "voyager très loin, vers d’autres temps ou d’autres lieux". De quoi offrir une petite bulle littéraire d'imaginaire pour les soirées où la fatigue est trop installée.
En cette ère glorieuse du Troisième Moyen Âge, une partie de l’humanité végète sur la …
L'épopée spatiale d'un Poète
4 étoiles
Classique de la science-fiction espagnole datant de 1984, "La Geste d’Hamlet Evans" est proposé pour la première fois cette année en français grâce aux éditions Argyll, avec une traduction de Sylvie Miller.
Il s'agit d'un vaste space-opera qui entraîne ses lecteurices de planètes en planètes, dans le sillage du récit rétrospectif que propose Hamlet Evans de sa vie mouvementée. Dans un futur lointain, ce terrien se rêvait Poète composant des chansons épiques à la gloire des conquêtes de la Corporation qui règne militairement d'une main de fer sur l'espace connu, en constante expansion, des êtres humains. L'histoire suit une structure narrative aussi classique qu'efficace, celle d'un apprentissage, puis d'un désenchantement progressif, Hamlet prenant peu à peu ses distances face à la réalité des exterminations-exploitations méthodiques auxquelles il assiste depuis sa position privilégiée d'observateur chargé de mythifier ces scènes en chansons.
Suivant la forme d'un récit autobiographique, "La Geste d'Hamlet Evans" …
Classique de la science-fiction espagnole datant de 1984, "La Geste d’Hamlet Evans" est proposé pour la première fois cette année en français grâce aux éditions Argyll, avec une traduction de Sylvie Miller.
Il s'agit d'un vaste space-opera qui entraîne ses lecteurices de planètes en planètes, dans le sillage du récit rétrospectif que propose Hamlet Evans de sa vie mouvementée. Dans un futur lointain, ce terrien se rêvait Poète composant des chansons épiques à la gloire des conquêtes de la Corporation qui règne militairement d'une main de fer sur l'espace connu, en constante expansion, des êtres humains. L'histoire suit une structure narrative aussi classique qu'efficace, celle d'un apprentissage, puis d'un désenchantement progressif, Hamlet prenant peu à peu ses distances face à la réalité des exterminations-exploitations méthodiques auxquelles il assiste depuis sa position privilégiée d'observateur chargé de mythifier ces scènes en chansons.
Suivant la forme d'un récit autobiographique, "La Geste d'Hamlet Evans" laisse une large place aux introspections et aux réflexions d'un personnage principal dont la trajectoire et les épreuves portent le récit. Si le roman investit des thématiques qui ont pu être assez traditionnelles dans la SF - un système d'exploitation et de conquêtes militaires maximisé par une mystérieuse IA -, ce qui avait initialement retenu mon attention était la qualité du héros, non pas soldat, mais Poète. Et c'est ce que j'ai particulièrement apprécié dans cette lecture : la manière dont la question des arts - des chansons aux représentations théâtrales, jusqu'au cirque - est croisée avec ce cadre de SF militaire, explorant ainsi leurs diverses facettes, à la fois possibles vecteurs d'une propagande huilée, mais aussi capables d'ouvrir des espaces de critiques et de subversion que craindra le pouvoir - l'orientation du roman tend à mettre en lumière l'art comme forme possible de résistance à l'oppression.
Si je n'ai pas été convaincue par tous les choix narratifs de l'auteur, je me suis facilement laissée entraîner dans cette épopée qui invite à la critique d'un imaginaire spatial de conquête dont elle pousse à dessein la logique mortifère à son paroxysme, mais qui, par bien des aspects, dans les logiques d'exploitation dépeintes, peut faire directement écho à notre présent terrestre.
Élevé à l’abri des tourments et d’un monde violent, le jeune Perceval tient pourtant à …
Une belle conclusion à la réécriture du cycle arthurien
4 étoiles
Après Uther et Lancelot, c'est la figure de Perceval qui est ici explorée. Alex Nikolavitch revisite et se réapproprie à merveille les grands thèmes - et les personnages familiers - des légendes arthuriennes. Le soin apporté à la reconstitution de ce monde désormais au bord de l'effondrement est mis au service d'un récit intime et sensible, aux accents parfois épiques et souvent chargés d'amertume. L'ensemble est immersif, régulièrement touchant, souvent fascinant, si bien que je me suis glissée avec beaucoup de plaisir aux côtés de Perceval.
Une parfaite conclusion pour une trilogie qui m'a beaucoup plu.
À quoi peut ressembler une révolution au XXIe siècle ?
Vingt ans après un bouleversement …
Imaginer la révolution du XXIe siècle : une histoire orale de la Commune de New York
5 étoiles
"Tout pour tout le monde" est une fiction chorale construite sur un format narratif particulier : elle se présente comme une suite d'entretiens, où, de façon rétrospective, chaque interlocuteurice relate son parcours en répondant à des questions pour évoquer comment iel a traversé et participé, à son échelle, aux bouleversements qu'a connu le XXIe siècle. En effet, dans ces décennies futures ainsi dépeintes, à partir des années 2030, les catastrophes climatiques et les crises du système capitaliste ont accompagné la remise en cause des modèles d'organisation autour desquelles s'articulaient les sociétés du début du XXIe siècle. Cela a entraîné la fin de l'État-nation (et plus largement de l'État moderne) et a conduit à l'émergence de nouvelles formes, de communisation, de coopération, à une échelle locale - sans pour autant que ces structures ne soient isolées ou enfermées les unes par rapport aux autres, en laissant aussi sa place à la …
"Tout pour tout le monde" est une fiction chorale construite sur un format narratif particulier : elle se présente comme une suite d'entretiens, où, de façon rétrospective, chaque interlocuteurice relate son parcours en répondant à des questions pour évoquer comment iel a traversé et participé, à son échelle, aux bouleversements qu'a connu le XXIe siècle. En effet, dans ces décennies futures ainsi dépeintes, à partir des années 2030, les catastrophes climatiques et les crises du système capitaliste ont accompagné la remise en cause des modèles d'organisation autour desquelles s'articulaient les sociétés du début du XXIe siècle. Cela a entraîné la fin de l'État-nation (et plus largement de l'État moderne) et a conduit à l'émergence de nouvelles formes, de communisation, de coopération, à une échelle locale - sans pour autant que ces structures ne soient isolées ou enfermées les unes par rapport aux autres, en laissant aussi sa place à la technologie. D'ailleurs, tout en étant centré sur New York, le roman permet d'avoir un aperçu plus large de l'ampleur des problématiques qui ont pu être posées au niveau mondial, à travers des témoignages qui évoquent d'autres lieux en Amérique du Nord, mais aussi en Chine ou encore en Palestine.
J'ai beaucoup aimé ce roman pour des raisons diverses. J'ai particulièrement apprécié le choix du format du récit, construit comme un recueil de témoignages, accompagné de réflexions critiques sur ce qu'implique l'idée d'esquisser une histoire orale. Les personnes interrogées sont diverses, de celles ayant vécu les crises et les remises en cause de l'ancien ordre, à celles pour qui le cadre du début du XXIe siècle apparaît lointain et tellement illogique qu'il ne viendrait à l'idée de personne d'envisager une quelconque restauration. En multipliant ainsi les points de vue, laissant une large place à l'intime pour relater des événements considérés comme historiques, les entretiens fonctionnent comme une sorte de kaléidoscope. Ils sont autant de reconstructions biaisées et personnelles, permettant d'entrevoir peu à peu l'ampleur des épreuves traversées, mais aussi des bouleversements et des reconstructions des imaginaires ayant eu lieu. S'opère à merveille un processus de dénaturalisation d'institutions, aujourd'hui évidentes, et désormais présentées comme archaïques, de la propriété à la conception de la famille. Si le roman est déjà particulièrement foisonnant, la diversité des thématiques abordée donnerait envie de voir plus explorés nombre de sujets simplement effleurés au cours d'un entretien (telle, par exemple, la représentation de l'espace). Mais c'est aussi ce qui rend "Tout pour tout le monde" stimulant, déroutant aussi parfois : une immersion brève et dense dans une vie mise en récit par la personne en train de la vivre.
Bref, un roman qui m'a beaucoup plu, dont la lecture ne laisse pas indifférente, ouvrant sur d'autres possibles, invitant à imaginer des alternatives à notre présent.
Élevé à l’abri des tourments et d’un monde violent, le jeune Perceval tient pourtant à …
Un dernier roman pour conclure les vacances. Après "Trois coracles cinglaient vers le couchant" et "L'ancelot avançait en armes" que j'avais beaucoup aimés, une nouvelle incursion d'Alex Nikolavitch dans les légendes arthuriennes. Elle est cette fois-ci consacrée à Perceval, avec une écriture (des premières pages) toujours aussi pleine de sensibilité.
New York. Fin des années 1920.
L’un est le Kid Wolf, jeune boxeur talentueux qui …
Histoire d'amour, tatouages magiques, boxe, mafia & lutte des classes
4 étoiles
Des tatouages, de la magie, des combats de boxe, la mafia, des histoires d'amour, le tout avec une toile de fond sociale de lutte des classes dans le New York de la fin des années 20... Le condensé offert par cette novella a de quoi déstabiliser a priori, tant chaque facette aurait pu suffire à porter un récit, tant, aussi, certains de ces thèmes se croisent habituellement peu au sein d'une même histoire. Mais que dire, si ce n'est que le mélange fonctionne !
Le récit alterne entre les points de vue des deux protagonistes principaux, deux jeunes juifs, l'un tatoueur, l'autre boxeur, qui relatent leur histoire a posteriori. C'est donc leur vie qui nous est racontée, laquelle est bouleversée par leur recrutement par une cheffe mafieuse. 'Kid Wolf et Kraken Boy' est une histoire d'amour - leur rencontre et leur romance dans un milieu, les combats de boxe, où …
Des tatouages, de la magie, des combats de boxe, la mafia, des histoires d'amour, le tout avec une toile de fond sociale de lutte des classes dans le New York de la fin des années 20... Le condensé offert par cette novella a de quoi déstabiliser a priori, tant chaque facette aurait pu suffire à porter un récit, tant, aussi, certains de ces thèmes se croisent habituellement peu au sein d'une même histoire. Mais que dire, si ce n'est que le mélange fonctionne !
Le récit alterne entre les points de vue des deux protagonistes principaux, deux jeunes juifs, l'un tatoueur, l'autre boxeur, qui relatent leur histoire a posteriori. C'est donc leur vie qui nous est racontée, laquelle est bouleversée par leur recrutement par une cheffe mafieuse. 'Kid Wolf et Kraken Boy' est une histoire d'amour - leur rencontre et leur romance dans un milieu, les combats de boxe, où cette dernière n'aurait pas dû pouvoir s'épanouir -, mais aussi un récit d'apprentissage, de luttes et d'accomplissement.
Tout au long de la lecture, j'ai éprouvé beaucoup d'empathie pour une narration que j'ai trouvée pleine de sensibilité, tout en étant très prenante grâce à une mise en scène dramatique aussi simple qu'efficace. D'abord en filigrane, puis plus directement, l'histoire invite à la remise en cause de différents cadres de domination au sein de ce New York des années 20, passant finalement du fantastique historique au registre de l'uchronie.
En résumé, une enthousiasmante lecture estivale :)
Camille Grandbois a deux passions : l’astronomie et la cryptozoologie. Deux disciplines qui n’ont rien …
A la découverte des baleines célestes
4 étoiles
Il y a quelque chose d'assez fascinant dans cette novella dans la manière dont se dévoilent peu à peu devant les scientifiques qui les découvrent puis les étudient ces mystérieuses "baleines célestes", créatures colossales et mystérieuses qui donnent l'impression aux observateurices que des étoiles bougeraient. En adoptant le point de vue de la scientifique qui va permettre leur découverte par les êtres humains, ce récit est d'abord celui d'une forme d'émerveillement communicatif dans un futur lointain où de nombreuses planètes ont été colonisées par l'espèce humaine.
Par un contraste savamment entretenu, on se heurte cependant vite aux limites de l'éblouissement initial, car l'histoire délocalise dans l'espace et vis-à-vis de ces baleines célestes des problématiques très contemporaines de nos sociétés d'aujourd'hui dans leurs rapports au vivant : se développer/croître/suivre des promesses économiques et donc plutôt pencher vers l'éradication de créatures qui entravent ces développements et supposent des adaptations coûteuses pour pouvoir …
Il y a quelque chose d'assez fascinant dans cette novella dans la manière dont se dévoilent peu à peu devant les scientifiques qui les découvrent puis les étudient ces mystérieuses "baleines célestes", créatures colossales et mystérieuses qui donnent l'impression aux observateurices que des étoiles bougeraient. En adoptant le point de vue de la scientifique qui va permettre leur découverte par les êtres humains, ce récit est d'abord celui d'une forme d'émerveillement communicatif dans un futur lointain où de nombreuses planètes ont été colonisées par l'espèce humaine.
Par un contraste savamment entretenu, on se heurte cependant vite aux limites de l'éblouissement initial, car l'histoire délocalise dans l'espace et vis-à-vis de ces baleines célestes des problématiques très contemporaines de nos sociétés d'aujourd'hui dans leurs rapports au vivant : se développer/croître/suivre des promesses économiques et donc plutôt pencher vers l'éradication de créatures qui entravent ces développements et supposent des adaptations coûteuses pour pouvoir cohabiter avec elles.
L'autrice entretient un décalage entre le cadre futuriste et les modes de pensées qui demeurent ancrés dans notre XXIe siècle pour en souligner la logique mortifère (cependant accompagné d'un discours ayant tendance à naturaliser l'espèce humaine que je trouve, à titre personnel, toujours frustrant avec l'écueil de l'essentialisation qui fige les enjeux).
Au final, une novella très agréable à lire et qui ne m'a pas laissé indifférente, entre émerveillement scientifique et dénonciation.
Tandis que la Terre peine à se relever de la pollution et de la surexploitation …
Un récit de SF anthropologique
4 étoiles
« Les Nomades du Fer » est un roman de science-fiction anthropologique se déroulant dans le futur de notre Terre, laquelle, après bien des crises (et l’adoption d’une forme de communisme) envoie un vaisseau d’exploration vers une planète habitée. L’histoire va alterner deux points de vue : une représentante d’un des peuples présents sur la planète et une exploratrice humaine allant à la rencontre de ces sociétés extraterrestres pour en apprendre plus sur elles et leur planète.
Si le concept de départ permet de classer le roman dans la catégorie des récits de « Premier Contact », c’est en fait une histoire émaillée de contacts multiples et plus largement un récit sur la manière dont ils conduisent à questionner les postures et les représentations. Toutes les sociétés vivant sur la planète partagent des points communs, mais ont aussi des différences, mises en lumière tout au long du voyage qui constitue …
« Les Nomades du Fer » est un roman de science-fiction anthropologique se déroulant dans le futur de notre Terre, laquelle, après bien des crises (et l’adoption d’une forme de communisme) envoie un vaisseau d’exploration vers une planète habitée. L’histoire va alterner deux points de vue : une représentante d’un des peuples présents sur la planète et une exploratrice humaine allant à la rencontre de ces sociétés extraterrestres pour en apprendre plus sur elles et leur planète.
Si le concept de départ permet de classer le roman dans la catégorie des récits de « Premier Contact », c’est en fait une histoire émaillée de contacts multiples et plus largement un récit sur la manière dont ils conduisent à questionner les postures et les représentations. Toutes les sociétés vivant sur la planète partagent des points communs, mais ont aussi des différences, mises en lumière tout au long du voyage qui constitue le fil rouge narratif. Si la distance avec la société terrienne est logiquement bien plus prononcée, l’autrice fait le choix d’une proximité manifeste, renforcée par le regard anthropocentré d’une des figures principales qui analyse les êtres qu’elle rencontre à partir des catégories de pensée humaines.
Ce n’est donc pas un récit de premier contact visant à dépasser une perspective anthropocentrée, mais plutôt un récit qui utilise ces rencontres pour susciter tout un ensemble de questionnements et d’introspections sur les positionnements de ses protagonistes. Pour les personnes venues de la Terre, les interrogations sont d’abord éthiques relatives aux suites à donner à ce « contact » et à leur installation en orbite, nourrissant des débats philosophico-politiques entre ses membres sur les implications des éventuelles ingérences et interventions. Mais, de façon plus large, l’histoire est une occasion d’interroger, par les différences mises en scène et par les supposées « déviances » condamnées, les façons d’être intériorisées et les normes qui structurent toutes sociétés… Dans cette optique, une attention particulière est accordée à la question du genre : au sein des sociétés extraterrestres matriarcales mises en scène se déploient des rapports femmes-hommes très éloignés aussi bien de la société humaine du futur que de celle des lecteurices.
De manière générale, j’ai tout particulièrement aimé le style de la narration. Cette façon dont l’autrice sait investir ses lecteurices dans un récit relativement posé, rythmé par des partages, des incompréhensions et quelques rencontres compliquées. C’est un récit sur le quotidien de premiers contacts avec des personnages auprès desquelles il est facile de s’impliquer. Un récit sans grande issue résolvant d’un trait de plume les incertitudes et les doutes quant aux choix qui s’ouvrent, et qui nous laisse avec plus de questions que de réponses à la fin : son intérêt est justement d’avoir su susciter tous ces questionnements.
Dévorer le futur rassemble onze nouvelles pour partie inédites. Attaché aux questions sociales, aux relations …
Un recueil de nouvelles très plaisant à lire
4 étoiles
Un recueil de nouvelles avec des histoires qui se déroulent dans un cadre temporel et spatial plus ou moins proche ou éloigné de notre présent. Toutes critiques à leur manière de notre modernité (parfois de façon allégorique) et des dispositifs d'exploitation qui s'y déploient. Les histoires sont diverses, souvent sombres, décalées à leur manière, avec un art de la chute maîtrisé par l'auteur qui rend d'autant plus appréciable des récits parfois très courts.
Pour l'historienne que je suis, une mention spéciale pour l'uchronie intitulée "La Générale", dans laquelle Jaurès survit à la tentative d'assassinat du 31 juillet 1914, et qui nous plonge dans le tourbillon des jours suivants et des possibles ainsi ouverts.
Ty est française. Ty est médiautrice. Ty vit à New York. Ty essaie de réparer …
Une histoire de premier contact au fil rouge linguistique
4 étoiles
"Les Hygialogues de Ty Petersen" est composé d'une novella (qui correspond au titre du livre), d'une nouvelle située dans le même univers et se déroulant après chronologiquement, d'un essai et d'un entretien avec Saul Pandelakis. Je ne vais évoquer ici que la novella et la nouvelle.
Après le coup de coeur qu'avait représenté la lecture "La Séquence Aardtman" l'an dernier, j'étais très curieuse, tout en redoutant l'éventuelle déception, de découvrir une nouvelle oeuvre de cet auteur. Dans un format, et avec un thème différent, sans aller jusqu'au coup de coeur, c'est un livre que j'ai pris plaisir à lire et qui m'a conforté dans l'idée de continuer à suivre les écrits de Saul Pandelakis.
"Les Hygialogues de Ty Petersen" revisite le thème du premier contact extraterrestre en plaçant la question des langues (dont une inventée par l'auteur) au coeur de son récit. Subtilités de la traduction, d'expression de ressentis, de …
"Les Hygialogues de Ty Petersen" est composé d'une novella (qui correspond au titre du livre), d'une nouvelle située dans le même univers et se déroulant après chronologiquement, d'un essai et d'un entretien avec Saul Pandelakis. Je ne vais évoquer ici que la novella et la nouvelle.
Après le coup de coeur qu'avait représenté la lecture "La Séquence Aardtman" l'an dernier, j'étais très curieuse, tout en redoutant l'éventuelle déception, de découvrir une nouvelle oeuvre de cet auteur. Dans un format, et avec un thème différent, sans aller jusqu'au coup de coeur, c'est un livre que j'ai pris plaisir à lire et qui m'a conforté dans l'idée de continuer à suivre les écrits de Saul Pandelakis.
"Les Hygialogues de Ty Petersen" revisite le thème du premier contact extraterrestre en plaçant la question des langues (dont une inventée par l'auteur) au coeur de son récit. Subtilités de la traduction, d'expression de ressentis, de différences culturelles, se déploient avec fluidité, rythmant une histoire somme toute très (trop?) simple. J'ai beaucoup aimé la place faite à la question du langage, qui accompagne, limite, façonne la rencontre et les échanges et nourrit une réflexivité constante sur la manière de s'exprimer. Dans la novella, comme dans la nouvelle, (qui ont pour figures centrales deux personnages différents, mais liés), est mis en scène un récit du quotidien consciencieux, détaillé, où par petites touches des portraits et des relations (humaines et plus) sont décrites avec beaucoup de finesse. Le style, à la fois fluide et brut, sait susciter l'immersion et une empathie diffuse quasi-instantanée envers les personnages.
En résumé, une lecture très agréable - avec peut-être une préférence pour la nouvelle et la tonalité très particulière qui y règne.
L'auteur de science-fiction légendaire Kim Stanley Robinson nous propose une vision du changement climatique pareille …
Envisager un futur pour l'humanité
4 étoiles
Un roman très riche, foisonnant de pistes et d'idées. La narration éclatée et le format finalement assez catalogue m'ont un peu frustrée, sans doute en raison des attentes de lectrice que je pouvais avoir. Mais c'est un récit incontestablement stimulant, y compris justement en raison des frustrations, des interrogations et des réactions (critiques) qu'il peut susciter chez la personne qui le lit, à propos d'enjeux très divers : sur le rôle de la technologie, du capitalisme et plus largement du système économique, peut-être un peu moins sur l'évolution des représentations et des imaginaires même si on y trouve aussi des pistes.
Bref, un livre important par son thème et son actualité. On m'a suggéré sur mastodon qu'il fallait peut-être le voir comme une forme de fiction "porte d'entrée" sur le sujet ; ce qui, en soi, est déjà important.
The Culture - a human/machine symbiotic society - has thrown up many great Game Players, …
Je n'avais jamais rien lu du cycle de la Culture jusqu'à présent. Depuis le temps que je croise des références à ce cycle ça et là, il était donc temps d'aller découvrir cet univers à travers un de ses tomes.