Nicolas Fressengeas a publié une critique de Le bidonville enchanté par François Arnould
Une "plongée sombre dans un surréalisme sale"
4 étoiles
J'ai découvert Le bidonville enchanté au stand de son auteur lors du Festival Livresse. C'est en évoquant le côté surréaliste de son roman qu'il m'a convaincu d'en faire l'acquisition puis la lecture. Et je ne fus pas déçu !
C'est un premier roman, écrit dans les années 1980 et publié une première fois en 2017. La présente édition est une réédition d'un texte remanié. Nous nous trouvons néanmoins toujours dans les années 1980.
Roland est cheminot de son métier. Maints autres qualificatifs peuvent le décrire : violent, proxénète, misogyne et misanthrope… mais alcoolique est peut-être le principal. L'alcool est la raison de vivre de Roland, l'interface entre le monde et lui, sa protection inamovible. C'est aussi le truchement par lequel intervient le surréalisme : l'histoire contée est vécue par Roland, au travers des brumes éthyliques, travestissant la réalité en rêves, souhaits et croyances. Difficile pour le lecteur de départager …
J'ai découvert Le bidonville enchanté au stand de son auteur lors du Festival Livresse. C'est en évoquant le côté surréaliste de son roman qu'il m'a convaincu d'en faire l'acquisition puis la lecture. Et je ne fus pas déçu !
C'est un premier roman, écrit dans les années 1980 et publié une première fois en 2017. La présente édition est une réédition d'un texte remanié. Nous nous trouvons néanmoins toujours dans les années 1980.
Roland est cheminot de son métier. Maints autres qualificatifs peuvent le décrire : violent, proxénète, misogyne et misanthrope… mais alcoolique est peut-être le principal. L'alcool est la raison de vivre de Roland, l'interface entre le monde et lui, sa protection inamovible. C'est aussi le truchement par lequel intervient le surréalisme : l'histoire contée est vécue par Roland, au travers des brumes éthyliques, travestissant la réalité en rêves, souhaits et croyances. Difficile pour le lecteur de départager les perceptions de Roland entre celles qui relèvent de son imaginaire et celles qui tentent de rendre compte d'une certaine réalité. Il s'ensuit une lecture agréable, à mi-chemin entre roman et poésie, le tout mâtiné d'une ambiance des plus sombres faisant ressortir les travers humains les plus cruels.
Sous couvert de plus d'une dizaine de courts chapitres, le roman comporte essentiellement trois parties : la présentation de Roland, sa vie, son mariage ; une longue soirée festive qui jour un rôle central ; les conséquences de la soirée sur la vie de Roland. En trame de fond : la gare, le travail, auquel Roland tentera d'échapper tout au long du roman. C'est le point névralgique, le point focal du surréalisme : la perception du mécanisme bien huilé du trafic ferroviaire à travers les yeux embués d'alcool d'un cheminot pointeur dilettante est remarquable de poésie.
Une petite incohérence à relever, page 91 par exemple, où l'auteur prête la qualité de sa plume à Roland qui s'exprime donc de manière bien plus poétique qu'à son habitude, malgré les verres absorbés. La fin, également, est surprenante et abrupte, dans un rebondissement à l'utilité discutable… mais quoi de plus difficile de trouver une fin !
À conseiller, ainsi, aux amateurs de poésie sombre… et à éviter les jours de blues.