sophie-87 a publié une critique de L'Acacia par Claude Simon
Mémoire, guerre et filiation – Mon voyage avec L’Acacia de Claude Simon
4 étoiles
Lire L’Acacia de Claude Simon a été pour moi une expérience intense, presque hypnotique. Dès les premières pages, j’ai eu la sensation d’être entraîné dans un récit où passé et présent se superposent sans cesse, comme des couches de mémoire impossibles à séparer. L’ouvrage, publié en 1989, évoque à la fois la mort du père de l’auteur pendant la Première Guerre mondiale et les propres souvenirs de Simon en tant que soldat en 1940.
Ce qui m’a le plus marqué, c’est la structure du texte. Plutôt qu’un récit linéaire, Simon construit un enchevêtrement d’images, de scènes fragmentées, où le temps semble se dilater et se replier sur lui-même. En lisant, je me suis parfois senti perdu, mais cette perte faisait partie de l’expérience : comme si la mémoire elle-même refusait l’ordre et la clarté.
La figure du père absent, tué avant même que l’enfant puisse le connaître, plane sur tout …
Lire L’Acacia de Claude Simon a été pour moi une expérience intense, presque hypnotique. Dès les premières pages, j’ai eu la sensation d’être entraîné dans un récit où passé et présent se superposent sans cesse, comme des couches de mémoire impossibles à séparer. L’ouvrage, publié en 1989, évoque à la fois la mort du père de l’auteur pendant la Première Guerre mondiale et les propres souvenirs de Simon en tant que soldat en 1940.
Ce qui m’a le plus marqué, c’est la structure du texte. Plutôt qu’un récit linéaire, Simon construit un enchevêtrement d’images, de scènes fragmentées, où le temps semble se dilater et se replier sur lui-même. En lisant, je me suis parfois senti perdu, mais cette perte faisait partie de l’expérience : comme si la mémoire elle-même refusait l’ordre et la clarté.
La figure du père absent, tué avant même que l’enfant puisse le connaître, plane sur tout le livre. J’ai ressenti une émotion profonde devant ce manque originel, comme une blessure transmise de génération en génération. Et face à cela, le narrateur adulte, plongé dans le chaos de la Seconde Guerre mondiale, incarne une sorte de répétition tragique.
La langue de Claude Simon, dense et rythmée, m’a souvent obligé à ralentir ma lecture. Mais derrière cette complexité, j’ai perçu une poésie brute, une tentative de saisir l’indicible de la guerre et du deuil.
L’Acacia m’a laissé le sentiment d’avoir traversé non seulement une histoire familiale, mais une méditation universelle sur la mémoire et la fragilité des existences humaines emportées par l’Histoire.