Ameimse a publié une critique de Hexa par Gabrielle Filteau-Chiba
"À toi de décider si tu veux faire partie du monde des machines ou de celui des Fées"
4 étoiles
"Hexa" est le premier roman que je lis de l'autrice québécoise Gabrielle Filteau-Chiba, notamment invitée dans La Terre au Carré en début d'année (www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/l-invite-au-carre-5740266), qui en a déjà plusieurs à son actif.
L'histoire se déroule dans un futur post-effondrement étatique suite aux destructions environnementales et aux bouleversements climatiques qui ont eu lieu. Dans un tel cadre, "Hexa" suit quelques protagonistes dans un récit qui s'articule autour de deux parties aux temporalités différentes. La première suit le point de vue d'une adolescente, formatée par une vie dans une cité recluse où la survie repose sur un régime de contrôle et de propagande aux accents totalitaires : elle va découvrir, dans le grand nord canadien, un nouvel horizon et une autre façon de concevoir la vie au sein d'une communauté de femmes qui replantent des arbres et tentent de redonner vie à des terres détruites par l'exploitation humaine passée. La …
"Hexa" est le premier roman que je lis de l'autrice québécoise Gabrielle Filteau-Chiba, notamment invitée dans La Terre au Carré en début d'année (www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/l-invite-au-carre-5740266), qui en a déjà plusieurs à son actif.
L'histoire se déroule dans un futur post-effondrement étatique suite aux destructions environnementales et aux bouleversements climatiques qui ont eu lieu. Dans un tel cadre, "Hexa" suit quelques protagonistes dans un récit qui s'articule autour de deux parties aux temporalités différentes. La première suit le point de vue d'une adolescente, formatée par une vie dans une cité recluse où la survie repose sur un régime de contrôle et de propagande aux accents totalitaires : elle va découvrir, dans le grand nord canadien, un nouvel horizon et une autre façon de concevoir la vie au sein d'une communauté de femmes qui replantent des arbres et tentent de redonner vie à des terres détruites par l'exploitation humaine passée. La seconde partie replace ce processus d'émancipation individuelle dans un contexte et des enjeux plus larges : en effet, cette libération que vit Thalie repose et s'imbrique dans les épreuves et les choix faits par ses parents, et c'est leur trajectoire - tout particulièrement celle de sa mère - qui est alors retracée jusqu'à ce que les temporalités des deux récits se rejoignent à la fin.
Hexa est un vibrant récit d'émancipation, individuelle et collective, adoptant une perspective écoféministe revendiquée. C'est une histoire de libération humaine résolument placée sous le signe de la sororité, au sein de laquelle est tentée la (re)construction d'un autre rapport au vivant et de cohabitation entre humain·es et non humain·es. J'ai particulièrement aimé comment, au-delà des thématiques traitées, l'écriture m'a semblé embrasser de façon formelle cette dimension écoféministe, avec une prose vivante, expressive et imagée, dans laquelle les descriptions de cette nature marquée par les exploitations humaines passées occupent une place à part entière dans le récit. Quant à la construction narrative en deux temps, j'ai trouvé que le choix narratif conférait une dimension supplémentaire à l'histoire, apportant une épaisseur et un recul bienvenus : le basculement entre les deux parties a été un vrai déclic dans ma lecture.
Au final, 'Hexa' est donc pour moi une première rencontre réussie avec les romans de Gabrielle Filteau-Chiba (outre la dimension littéraire, c'était une vraie interrogation a priori pour moi par rapport à la posture écoféministe de l'autrice, car je ne suis pas convaincue par certaines formes d'essentialisation qu'on retrouve chez certains mouvements écoféministes).