Première remarque : la traduction française du titre ne me parait pas des mieux choisie, car elle nous envoie dans une mauvaise direction. Le titre original est Wizard of the pigeons me semble bien plus évocateur, étant donné la relation du protagoniste avec les pigeons. Car Magicien n'est pas le dernier magicien : il y en a d'autres, qui vivent comme lui, en marge de la société. La magie est très diffuse, pas vraiment expliquée. A tel point que je me suis demandée, jusqu'à la dernière page, si elle existe ou si c'est une hallucination d'un personnage traumatisé. Je me pose encore la question, et je trouve que c'est vraiment ce qui fait l'intérêt de ce roman. L'autre intérêt pour moi est la représentation de la ville de Seattle. L'autrice la connait bien. Mais surtout, elle lui a donné vie : la cité est un personnage à part entière, avec ses visages dans les murs et ses démons. J'ai beaucoup aimé le protagoniste : il est véritablement égaré ; il essaie de survivre tout en respectant ses règles et en aidant les autres. Mais il est vulnérable et maitrise mal les relations humaines. Son passé d'ancien combattant est évoqué, ainsi que ses déboires pour obtenir sa pension. Je me suis demandée : quelle identité est réelle ? La magicien ou l'ancien combattant ? Les réalités se mélangent, à tel point qu'on ne sait pas ce qui est réel et ce qui est illusion. Les autres magiciens sont des personnages haut en couleurs. J'adore Cassie : elle est sarcastique et mystérieuse ; ses pouvoirs et ses règles lui pèsent, mais on sent son affection pour Magicien. On a l'indice d'une histoire plus large, comme si les personnages se connaissaient depuis bien plus longtemps. C'est un très bon roman d'urban fantasy : mystérieux, prenant, avec une ambiance lourde et pesante, mais en même temps puissante.