Robotophe a cité Astreya par Christophe Oyra
La Lune, pleine et ronde, généreuse, inondait le ciel de sa clarté. Elle semblait veiller cette nuit plus froide qu’à l’accoutumée. Un homme se tenait à l’entrée d’une masure délabrée et attendait, dansant d’un pied sur l’autre. Il était difficile de dire s’il faisait cela pour se réchauffer, ou juste pour se forcer à patienter… Dans un cas comme dans l’autre, l’inquiétude pouvait se lire très distinctement sur son visage malgré le clair-obscur de la nuit. Il jetait des coups d’œil rapides vers l’intérieur, plongé dans une obscurité impénétrable. En tendant l’oreille, on pouvait percevoir des halètements saccadés, entre lesquels s’insinuaient parfois des chuchotements. Il se frotta vigoureusement les bras, le froid semblait accentuer encore ses angoisses. Ne supportant plus de rester ainsi dans l’ignorance, il s’approcha de l’entrée et écarta doucement le rideau qui l’obstruait. Il passa la tête à l’intérieur et il lui fallut un moment pour s’accoutumer à la faible luminosité. Il commença alors à distinguer les contours familiers des cloisons abîmées et du spartiate mobilier usé. Son regard se porta immédiatement dans un coin de la grande pièce. S’y trouvait une cloison qui dissimulait la source des halètements, devenus plus rapides. Une silhouette se détacha et se tourna vers lui. Comme un enfant pris en faute, il fit vivement un grand pas en arrière et regarda dans la direction opposée, mais personne ne vint. La morsure du froid, en revanche, se rappela à lui, ramenant avec elle l’anxiété qui le tenaillait. Pour combattre la première et tenter vainement de se distraire de la seconde, il reprit son dandinement d’un pied sur l’autre. On devinait à son expression qu’il désespérait d’être ainsi réduit à l’impuissance. Un long moment, ou peut-être la moitié de la nuit, passa encore. Toute notion de temps lui avait échappé quand, soudain, un cri retentit à l’intérieur. L’homme, les bras croisés pour garder un peu de chaleur, enfonça inconsciemment ses ongles dans ses flancs. D’autres cris suivirent le premier et chacun d’eux lui déchirait le cœur. Sentant le goût du sang dans sa bouche, il réalisa qu’il se mordait la lèvre. Son angoisse était maintenant à son paroxysme. C’est alors qu’un des cris se termina par un second, comme dans un désir de prendre sa relève. Sauf que… Oui, on l’entendait distinctement à présent : ce second cri émanait d’une autre voix ! Et ce n’était pas un cri d’ailleurs, c’étaient des pleurs ! Son anxiété envolée, un sourire illumina le visage de l’homme alors que des larmes perlaient au coin de ses yeux… L’heureux événement, tant désiré, tant attendu, était enfin advenu ! Alors, la Lune se retira derrière un nuage… Elle n’avait plus à veiller, à présent. - [Prologue : Ascendance]
— Astreya de Christophe Oyra