Arthur Violy a publié une critique de Éloge du bug par Marcello Vitali-Rosati
Les cigales, et la fourmi.
Un extrait de la conclusion « Socrate raconte que, jadis, les cigales étaient des êtres humains, tellement amoureux des arts des Muses qu'ils passaient leur vie à chanter et oubliaient de manger ou de boire jusqu'à en mourir. Pour cela, ils furent récompensés et transformés en cigales, afin qu'ils puissent continuer à dédier leur vie aux arts des Muses sans devoir se préoccuper de rien d'autre. Les cigales de Socrate passent leur vie dans la skholé, l'oisiveté dont nous avons parlé. Elles ne travaillent pas et c'est ce qui les rend divines. Socrate raconte ce mythe pour démontrer que Phèdre et lui ne doivent pas s'endormir bercés par le chant des cigales. Ce serait indigne de ces divins insectes : il faut faire comme eux, se consacrer à la skholé et continuer à discuter. Cela pourrait sembler contradictoire : les cigales sont oisives, ne faudrait-il pas que Socrate et Phèdre le soient aussi pour les honorer ? Oui, en effet, mais la skholé n'est pas un repos passif, elle est une oisiveté active, une oisiveté engagée. Les cigales ne sont pas flemmardes, inactives ou fatiguées, elles se dédient activement à l'oisiveté qui consiste à chanter, à perdre du temps certes, mais en le remplissant avec les arts des Muses. Si Socrate et Phèdre s'endormaient à l'ombre, cela signifierait qu'ils sont fatigués, mais ne sont fatigués que ceux qui ont travaillé, qui sont du côté de l'ascholia, de l'occupation, des affaires : il est au contraire nécessaire de se situer du côté de la skholé et de se dédier activement à la perte de temps. »
Par ce raccourci, un peu facile, grâce aux cigales, avec cette lecture, je m’arrête sur mes pratiques personnelles du numérique. Et mes non-choix.