Ameimse a publié une critique de Sister love par Audre Lorde
Sister Love
Un recueil qui propose une sélection de lettres, couvrant la période des années 70 à la fin des années 80, échangées entre Audre Lorde et Pat Parker, deux théoriciennes et poétesses féministes noires et lesbiennes étatsuniennes. Si différents essais et plusieurs recueils de poèmes d'Audre Lorde -qui est la plus connue des deux- ont été traduits en français, ce n'est pas le cas des écrits de Pat Parker. J'ai découvert son oeuvre poétique en VO il y a quelques mois après avoir entendu dans une émission de radio un de ses poèmes, particulièrement marquant et puissant, "Womanslaughter" (www.youtube.com/watch?v=W1A6BP1kIzQ), à propos de féminicides. Comme par ailleurs, Audre Lorde est une autrice qui compte beaucoup pour moi, la publication de ce recueil épistolaire en français avait aiguisé ma curiosité. L'édition française de "Sister Love" s'ouvre sur une préface personnelle et enthousiaste signée Rébecca Chaillon. Elle est ensuite suivie d'une introduction …
Un recueil qui propose une sélection de lettres, couvrant la période des années 70 à la fin des années 80, échangées entre Audre Lorde et Pat Parker, deux théoriciennes et poétesses féministes noires et lesbiennes étatsuniennes. Si différents essais et plusieurs recueils de poèmes d'Audre Lorde -qui est la plus connue des deux- ont été traduits en français, ce n'est pas le cas des écrits de Pat Parker. J'ai découvert son oeuvre poétique en VO il y a quelques mois après avoir entendu dans une émission de radio un de ses poèmes, particulièrement marquant et puissant, "Womanslaughter" (www.youtube.com/watch?v=W1A6BP1kIzQ), à propos de féminicides. Comme par ailleurs, Audre Lorde est une autrice qui compte beaucoup pour moi, la publication de ce recueil épistolaire en français avait aiguisé ma curiosité. L'édition française de "Sister Love" s'ouvre sur une préface personnelle et enthousiaste signée Rébecca Chaillon. Elle est ensuite suivie d'une introduction également présente dans la VO de Mecca Jamilah Sullivan qui esquisse les grandes lignes de ce qu'incarne pour elle ce livre.
Le recueil en lui-même, en se glissant dans l'intimité d'une amitié où les deux autrices tâtonnent et construisent peu à peu le rôle qu'elles s'efforcent d'incarner l'une par rapport à l'autre, nous plonge dans l'envers du décor d'écrits féministes noirs et lesbiens dans le contexte politique des États-Unis des années 1970-1980. Il y est question de rapports à l'écriture, de doutes, de difficultés matérielles pour vivre de sa plume, de luttes, de soutien réciproque. Entre partages de nouvelles et de projets, réflexions sur leurs positions en tant que femmes noires lesbiennes dans cette société étastunienne, et anecdotes du quotidien parfois révoltantes, d'autres fois frivoles, on suit en filigrane deux parcours de vie croisés, personnels, avec leurs écueils et leurs épreuves, face au racisme, au sexisme, à l'hétéronormativité. Leur correspondance dure jusqu'à la mort de Pat Parker, en 1989, à l'âge de 45 ans : c'est logiquement sur leur santé que s'orientent leurs derniers échanges, la plume de Pat Parker brute et sincère -elle est sans doute celle qui se dévoile le plus- y est particulièrement poignante.
Une lecture qui restitue des luttes et ouvre à sa manière des possibles.