Anthony a publié une critique de La Trêve par Primo Levi
La Trêve
5 étoiles
« Nous étions partis six cent cinquante, nous revenions trois », écrit Primo Levi. De mes lectures concentrationnaires, je note cette sensation de vertige, de peur devant le vide abyssal que décrivent les survivants à leur retour. Parce qu'après cela, comment revenir ? L'extraordinaire voyage que notre narrateur (et auteur) fit pour revenir chez lui, après la libération du camp par les forces russes, ce voyage surréaliste est décrit comme une parenthèse, une trêve avant toutes les difficultés que représente ce retour. Et il pourrait paraître étonnant d'y trouver de la "difficulté" après les innombrables horreurs que les déportés subirent dans les camps de la mort. Mais pour nous, lecteurs, cette trêve sera une aventure étonnante, instructive sur le plan historique, souvent émouvante, et parfois même très drôle. Et nous éprouvons aussitôt après le rire une sorte de gêne devant notre amusement. « Pour Primo Levi, il faut raconter, raconter, …
« Nous étions partis six cent cinquante, nous revenions trois », écrit Primo Levi. De mes lectures concentrationnaires, je note cette sensation de vertige, de peur devant le vide abyssal que décrivent les survivants à leur retour. Parce qu'après cela, comment revenir ? L'extraordinaire voyage que notre narrateur (et auteur) fit pour revenir chez lui, après la libération du camp par les forces russes, ce voyage surréaliste est décrit comme une parenthèse, une trêve avant toutes les difficultés que représente ce retour. Et il pourrait paraître étonnant d'y trouver de la "difficulté" après les innombrables horreurs que les déportés subirent dans les camps de la mort. Mais pour nous, lecteurs, cette trêve sera une aventure étonnante, instructive sur le plan historique, souvent émouvante, et parfois même très drôle. Et nous éprouvons aussitôt après le rire une sorte de gêne devant notre amusement. « Pour Primo Levi, il faut raconter, raconter, raconter sans relâche ». Notre devoir, à nous, c'est d'écouter.