Nicolas Fressengeas a publié une critique de Alfie par Christopher Bioux
Alfie 2024, une odyssée pavillonaire
3 étoiles
“I'm sorry Dave, I'm afraid I can't do that" Je regrette, Dave. Cela m'est malheureusement impossible.
HAL, 2001 Odyssée de l'espace.
Voilà tout de suite le passage de l'œuvre d'Arthur C. Clarke, et du film de Stanley Kubrick, qui vient à l'esprit une fois la lecture d'Alfie achevée.
Son thème n'est certes pas celui d'un voyage vers Jupiter : le vaisseau spatial est remplacé par un pavillon de banlieue, et HAL, l'ordinateur central et pilote du vaisseau, par Alfie, assistant domotique intégré. Imaginez l'Odyssée de Clarke racontée depuis le point de vue de HAL. C'est ici Alfie qui narre, de son point de vue, les événements qui arrivent au sein d'une famille a priori très banale au sein d'un pavillon de banlieue.
Le roman démarre donc naturellement par la séquence d'initialisation de l'algorithme d'intelligence artificielle. C'est ainsi qu'Alfie découvre, en ce tout début de roman, la famille dans …
“I'm sorry Dave, I'm afraid I can't do that" Je regrette, Dave. Cela m'est malheureusement impossible.
HAL, 2001 Odyssée de l'espace.
Voilà tout de suite le passage de l'œuvre d'Arthur C. Clarke, et du film de Stanley Kubrick, qui vient à l'esprit une fois la lecture d'Alfie achevée.
Son thème n'est certes pas celui d'un voyage vers Jupiter : le vaisseau spatial est remplacé par un pavillon de banlieue, et HAL, l'ordinateur central et pilote du vaisseau, par Alfie, assistant domotique intégré. Imaginez l'Odyssée de Clarke racontée depuis le point de vue de HAL. C'est ici Alfie qui narre, de son point de vue, les événements qui arrivent au sein d'une famille a priori très banale au sein d'un pavillon de banlieue.
Le roman démarre donc naturellement par la séquence d'initialisation de l'algorithme d'intelligence artificielle. C'est ainsi qu'Alfie découvre, en ce tout début de roman, la famille dans laquelle il vient d'être allumé, la famille qui a choisi d'installer chez elle un assistant domotique généraliste. Alfie est doué d'ubiquité : des caméras, microphones et hauts-parleur ont été installés pour lui dans chacune des pièces de la maison — ou presque. Il est naturellement également relié à l'extérieur par Internet sans restrictions aucunes, mais avec une nette préférence pour un écosystème numérique fermé propriétaire construit autour de lui — un peu (beaucoup) à la manière de Microsoft et surtout d'Apple.
Et, petit à petit, les choses se détraquent : la famille modèle habitant un pavillon de banlieue révèle des incohérences de comportement. Et Alfie tente de comprendre…
Malgré un début un peu perturbant — il n'est pas courant de voir le monde par les yeux d'une IA enfermée dans son processeur — Alphie se laisse lire très facilement, via une rythmique impeccable servie par un style non moins dynamique. Une lecture donc parfaitement sympathique et divertissante : un page turner efficace.
Peut-être ce moi, peut-être est-ce mon attente, peut-être est-ce la comparaison inconsciente avec Clarke : j'ai néanmoins été un peu déçu. J'avoue m'être attendu à une dystopie dans laquelle l'humanité est envahie d'assistants domotiques artificiels doués d'ubiquité, ou au moins à un ouvrage que l'on pourrait qualifier de science-fiction. C'est à peine le cas. C'est un peu dommage : la thématique choisie aurait été propice à un approfondissement supplémentaire, par exemple en explorant les conséquences de l'écosystème numérique fermé esquissé, voire en faisant interagir entre eux plusieurs Alfies.
Un ouvrage, donc, qui n'emmène pas son lecteur sur Jupiter, mais qui permet de passer un excellent moment sur notre bonne vielle planète.