Ameimse a publié une critique de La Lance de Peretur par Nicola Griffith
La Lance de Peretur, ou une réécriture queer du mythe de Perceval
4 étoiles
J'ai toujours un faible pour les romans qui réinvestissent les légendes arthuriennes. Je crois que je suis fascinée de voir combien les auteurices continuent d'ajouter des variantes personnelles, suivant des registres assez différents, avec des lectures des événements qui leur sont propres. Tous ces écrits constituent un fil d'itérations ininterrompu depuis le Moyen Âge, démontrant toute la plasticité du mythe et la façon dont il peut encore et toujours être réinventé à toute époque.
Ces dernières années, j'ai adoré la trilogie que leur a consacré Alex Nikolavitch. Et, avec une réécriture inclusive, Morgane Pendragon de Jean-Laurent Del Socorro avait aussi été intéressant. Par son concept de départ, "La Lance de Peretur" peut sans doute être rapproché de ce dernier roman. L'ouvrage que publie Argyll se termine d'ailleurs par un billet de l'autrice qui précise les conditions dans lesquelles l'idée de cet écrit est né. Initialement, il s'agissait d'une commande pour …
J'ai toujours un faible pour les romans qui réinvestissent les légendes arthuriennes. Je crois que je suis fascinée de voir combien les auteurices continuent d'ajouter des variantes personnelles, suivant des registres assez différents, avec des lectures des événements qui leur sont propres. Tous ces écrits constituent un fil d'itérations ininterrompu depuis le Moyen Âge, démontrant toute la plasticité du mythe et la façon dont il peut encore et toujours être réinventé à toute époque.
Ces dernières années, j'ai adoré la trilogie que leur a consacré Alex Nikolavitch. Et, avec une réécriture inclusive, Morgane Pendragon de Jean-Laurent Del Socorro avait aussi été intéressant. Par son concept de départ, "La Lance de Peretur" peut sans doute être rapproché de ce dernier roman. L'ouvrage que publie Argyll se termine d'ailleurs par un billet de l'autrice qui précise les conditions dans lesquelles l'idée de cet écrit est né. Initialement, il s'agissait d'une commande pour participer à une anthologie de réécritures inclusives LGBTQIA+ devant prendre la forme de nouvelles. Le projet de nouvelle a rapidement été dépassé par l'ampleur de l'écrit : il est devenu ce roman. "La Lance de Peretur" se veut ainsi une réécriture queer du mythe de Perceval. On y suit Peretur, élevée isolée par sa mère, et qui ressent un appel à quitter sa forêt et à partir découvrir ce monde extérieur qu'elle observe depuis des années pour notamment trouver un mystérieux lac. C'est un récit à dimension initiatique, rythmé juste comme il faut, porté par une plume pleine de sensibilité perceptible jusque dans la place et la manière dont sont relatés les exploits guerriers de Peretur. Outre les quelques twists originaux (et inclusifs) dont l'autrice parsème son récit par rapport à l'imaginaire classique que l'on s'en fait, il y a aussi toute une justesse dans la mise en scène des relations, et un certain lyrisme traversant l'ensemble, qui marquent vraiment la lecture.
"Peretur" est donc un roman qui trouve sa place et son ton dans la longue suite des légendes arthuriennes, nous entraînant dans le sillage de son héroïne lesbienne. Il prouve encore une fois l'infinie des déclinaisons possibles en dépit d'un cadre, non seulement classique, mais aussi particulièrement connu. C'était chouette à lire - et une bonne occasion de découvrir Nicola Griffith, dont c'était le premier roman que je lisais.