Ameimse a cité Imaginer lire écrire par Ursula K. Le Guin
Ce qui m'importe, ce n'est pas de donner à espérer un monde meilleur en particulier ; c'est, en présentant une réalité de substitution imaginaire mais convaincante, d'ôter de mon esprit, et donc de celui du lecteur, la tentation paresseuse et timorée de considérer notre façon actuelle de vivre comme la seule possible. [...] L'exercice de l'imagination est dangereux pour ceux qui tirent parti de l'ordre établi parce qu'il a le pouvoir de montrer que l'ordre établi n'est ni permanent, ni universel, ni nécessaire. Dès lors qu'elle a ce pouvoir réel, bien que limité, de mettre en question les institutions en place, la littérature de l'imaginaire détient aussi une responsabilité. [...] Nous ne saurons rien de notre propre injustice si nous ne savons pas imaginer la justice. Nous ne serons pas libres si nous n'imaginons pas la liberté. On ne peut exiger de quiconque qu'il tende ses efforts vers la justice et la liberté s'il n'a pas eu l'occasion d'imaginer qu'elles étaient atteignables.
— Imaginer lire écrire de Ursula K. Le Guin (Page 156 - 157)
Vrai retour à la lecture de fictions cette semaine, je bouquine aussi en parallèle quelques essais, notamment ce recueil de courts essais et conférences d'Ursula K. Le Guin publié au printemps par les Éditions de l'Eclat. Ces extraits sont issus de l'essai "Une guerre sans fin. Quelques réflexions écrites par intervalles sur l'oppression, la révolution et l'imagination". L'autrice, en mobilisant notamment Audre Lorde, y ouvre de multiples pistes de réflexion autour des dominations, des résistances et de son positionnement en tant qu'autrice.