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Ursula K. Le Guin, Ketty Steward, Saul Pandelakis, Camille Leboulanger, Marge Piercy, Thomas Geha: Comment écrire de la SF après la fin du monde ? (French language, 2025, Éditions Goater) Aucune note

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Je propose donc qu'on se foute un peu la paix avec les futurs désirables. Qu'on arrête de se demander si la fiction peut changer le monde aussi, parce que c'est une question qu'on ne pose qu'aux artistes [...]. Admettons que cette question est un piège, une énième variante de la demande d'utilité sociale de l'art - question que l'on peut résoudre partiellement en regardant, historiquement, toutes les manières dont les arts (quelle que soit leur forme ou medium) ont changé le monde. Il existe un nombre infini de manières de futurer - c'est justement tout l'intérêt de la pratique. Cela revient souvent à penser des "dystopies douces". J'ai souvent désigné mon premier roman, La séquence Aardtman, de cette manière. [...] Je me dis a posteriori que le terme peut être trompeur : pour moi, la dystopie douce n'est pas un énième monde à l'agonie avec une petite touche de mignonnerie pour faire passer la pilule. La dystopie est douce en tant que mode activé à basse intensité : une dystopie où la catastrophe se déplie, plutôt qu'elle ne fait des tables rases. Une catastrophe que l'on peut habiter, à partir de laquelle futurer encore. Cette différence de degré est peut-être l'amorce d'une différence de nature... Prenons le risque de penser des futurs qui désobéissent à cette injonction à se rendre présents. Des futurs qui ne séduisent pas, qui posent question : des futurs dégoûtants. [...] Cela veut dire écrire des histoires qui décrivent des futurs ni bons ni mauvais, parce que le décalage du futur sert précisément à cela, à mettre devant nos yeux des réels possibles, qui sont à envisager et faire compter plutôt qu'à désirer.

Comment écrire de la SF après la fin du monde ? de , , , et 3 autres (Page 32 - 33)

Un extrait de la contribution de Saul Pandelakis, "Futurs dégoûtants, au risque de l'indésirable".