Anthony a cité Désorientale par Négar Djavadi
Je vivais dans un western arrosé de lumière et l’enfance coulait à nouveau en moi, limpide, irriguant chaque parcelle de mon corps. Je sautais sur les canapés, sur les interstices laissés par les bras mous et les jambes entremêlées des adolescentes. Je m’amusais de leurs mimiques, me moquais de leurs protestations. Je faisais le pitre. Je riais fort. Je grimpais sur les murs et touchais le plafond. Je planais au-dessus des arbres et tendais les mains vers le ciel. Jusqu’à ce qu’un jour j’atterrisse près de Leïli. Regardez bien son visage encadré par la masse de ses cheveux bouclés et ses lèvres sèches qui viennent se coller à mon oreille et murmurent en français pour que personne ne comprenne : « Ça suffit maintenant. Franchement, arrête… On dirait une lesbienne. »
— Désorientale de Négar Djavadi (59%)