Anthony a cité Le pays des autres par Leïla Slimani (Le pays des autres, #1)
Alors Mathilde s’enfermait dans la chambre et elle écrivait. Elle y prenait rarement du plaisir tant, à chaque fois qu’elle se lançait dans la description d’un paysage ou dans l’évocation d’une scène vécue, son vocabulaire lui semblait limité. Elle butait sans cesse sur les mêmes mots, lourds et ennuyeux, et elle percevait alors, de manière confuse, que le langage était un champ immense, un terrain de jeux sans limites qui lui faisait peur et qui l’étourdissait. Il y avait tant à dire et elle aurait voulu être Maupassant pour décrire le jaune qui recouvrait les murs de la médina, pour rendre vivante l’agitation des jeunes garçons qui jouaient dans les rues où les femmes glissaient comme des fantômes, enveloppées dans leurs haïks blancs. Elle convoquait un vocabulaire exotique qui, elle en était certaine, plairait à son père. Elle parlait de razzias, de fellahs, de djinns et de zelliges de toutes les couleurs.
— Le pays des autres de Leïla Slimani (Le pays des autres, #1) (5%)