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Virginia Woolf: Orlando (Paperback, français language, 1974, Stock)

Traduit de l’Anglais par Charles Mauron. Préface de Diane de Margerie.

Orlando, ce sont les …

Quand le jeune garçon, car, hélas, c’était sûrement un garçon – aucune femme n’aurait patiné avec autant de vitesse et de force – le dépassa d’une glissade presque à la pointe de l’orteil, Orlando fut prêt à s’arracher les cheveux de désespoir : si l’inconnu était de son sexe, l’étreindre était hors de question. Mais le patineur s’approcha. Ses jambes, ses mains, son port même étaient d’un garçon ; mais jamais garçon n’eut une bouche semblable ; jamais garçon n’eut une telle poitrine ; jamais garçon n’eut de tels yeux, comme sortis des profondeurs de l’océan. Ralentissant enfin pour arrondir – avec la grâce la plus noble – une révérence à l’intention du roi qui se traînait à petits pas, pendu au bras d’un gentilhomme de la Chambre, l’inconnue s’immobilisa. Elle était à deux doigts d’Orlando. C’était une femme. Il la contempla ; il trembla ; il eut chaud ; puis froid ; soudain il brûla de bondir dans les souffles ardents de l’été, d’écraser des glands, d’enlacer des chênes et des aubes.

Orlando de  (13%)