Retour
Virginia Woolf: Orlando (Paperback, français language, 1974, Stock)

Traduit de l’Anglais par Charles Mauron. Préface de Diane de Margerie.

Orlando, ce sont les …

Greene ne cessait de parler de soi, mais avec tant de bonne grâce qu’on ne se fût jamais lassé de ses histoires de fièvre. Puis, il avait tant d’esprit ; et tant d’irrespect ; il prenait des libertés si scandaleuses avec Dieu et la Femme ; et il débordait de si étranges talents, avec une tête farcie de savoirs si bizarres ! Il connaissait trois cents recettes de salades ; était passé maître dans le mélange des vins ; jouait à la perfection d’une demi-douzaine d’instruments ; enfin, il était le premier homme, et le dernier peut-être, qui osât faire rôtir des tartines de fromage dans l’imposante cheminée italienne. Par contre, il n’aurait pas distingué un géranium d’un œillet, un chêne d’un bouleau, un molosse d’un lévrier, un bélier d’une brebis, le froment de l’orge, un champ labouré d’une jachère ; il ignorait l’alternance des récoltes, il croyait que les oranges poussent sous la terre et les navets sur des arbres, préférait le moindre paysage urbain au plus beau spectacle champêtre.

Orlando de  (29%)