Anthony a cité La bascule du souffle par Herta Müller
Pour les trois premiers morts de faim, je savais parfaitement qui était parti, et dans quel ordre. J’ai pensé à chaque personne pendant trois longues journées. Mais le chiffre trois ne reste jamais le premier trois. D’un chiffre en dérive un autre, décuplé. Quand soi-même on n’a que la peau sur les os et qu’on se délabre physiquement, on n’a qu’une envie, c’est de tenir les morts à l’écart. C’est que la quatrième année, en mars, sur les traces des mathématiques, il y avait déjà trois cent trente morts. Là, on ne pouvait plus se permettre d’avoir des sentiments trop précis. On n’avait plus pour eux que des pensées fugaces.
— La bascule du souffle de Herta Müller (28%)