Le néant, le petit jour étouffé, dont la luminosité fondue, au lieu de l’envahir, aspirait le ciel vers l’est, il regardait le ciel, indifférent au fait que cela signifiait que le jour se levait, « c’est la guerre », se dit-il, et « pour pouvoir sortir de la nuit approchant de son terme il faut être impitoyable », la guerre, et il survola du regard l’ensemble des toitures, où tout se bousculait, une bousculade où il n’y avait aucune règle, la guerre, où chacun attaquait l’autre en permanence, où le seul et unique objectif était la victoire. Un combat où seul restait debout celui qui ne se posait aucune question, celui qui, résigné, se contentait d’accepter, comme lui, que le tout fût inexplicable, car le tout, la remarque du prince lui revint en mémoire, n’existait pas, maintenant, il avait l’impression de comprendre enfin combien M. Eszter avait raison, le chaos était bien l’état naturel du monde, aussi, puisqu’il en serait toujours ainsi, était-il impossible de prédire la moindre issue.
— La mélancolie de la résistance de László Krasznahorkai (73%)
