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a publié une critique de Jack Barron et l'Eternité par Norman Spinrad

Norman Spinrad: Jack Barron et l'Eternité (Paperback, French language, J'ai lu) 4 étoiles

À ma gauche, Jack Barron, présentateur vedette, empêcheur de tourner en rond et pourfendeur des …

Jack Barron et l'Éternité

4 étoiles

Un roman de science-fiction bien dans son époque (fin des années 60) : - une misogynie très marquée où le personnage secondaire féminin ne se sent exister et "vraiment femme" qu'une fois qu'elle porte le nom de l'homme qu'elle aime, et où les femmes de manière générale sont attirées par l'expression du pouvoir au point d'en ressentir de fortes pulsations sexuelles - une vision très pessimiste de la condition des noirs américains (dans des descriptions à la Chester Himes) où, bien qu'on soit dans un récit d'anticipation, un politicien afro-américain ne peut même pas imaginer candidater à la présidentielle (au mieux être l'homme de l'ombre) - et surtout, puisque c'est le sujet principal du roman : les médias comme quatrième pouvoir capables de tenir tête aux tout-puissants milliardaires qui contrôlent jusqu'à la tête de l'état (mais pas l'émission la plus regardée de la télévision) Donc il serait difficile de parler d'un roman visionnaire à proprement parler, même si d'une certaine manière beaucoup des sujets abordés résonnent encore avec l'actualité.

Un texte rédigé dans un style bien rempli (un poil trop ?), qui cherche les luttes intérieures de ses personnages, les tient au bord de la névrose. D'excellentes scènes de joute télévisuelle avec ses décomptes et ses interruptions publicitaires et le génie de Jack Barron qui joue du temps et de son interlocuteur. Ce sont les moments clés très réussis du roman qui, sinon, tend à avancer plus lentement que le lecteur notamment sur la fin. Une lutte du pouvoir contre la morale, et l'effrayante hypothèse de l'existence d'un prix que personne ne saurait refuser, l'argument de corruption ultime. Mais l'Éternité est porteuse d'un terrible secret, car un instrument de pouvoir ne saurait se construire autrement qu'au détriment des plus faibles.