Antoine Chambert-Loir a terminé la lecture de Destruction par Cécile Wasjbrot
J'avais acheté ce livre il y a quelques années. Le hasard du calendrier faut que je ne l'ai commencé que dimanche dernier, au soir de cette dissolution surprise, pour le finir maintenant. Métaphore d'une semaine où le paysage politique français semble s'être bouleversé.
Semaine après semaine, une femme, écrivaine, confie à un inconnu ses impressions, ses émotions, alors qu'une dictature fascisante a pris le pouvoir.
Le titre du roman, Destruction, désigne les destructions matérielles auxquelles se livre le nouveau pouvoir, en particulier ces bâtiments anciens, rasés un à un. Les disparitions inexpliquées. Mais aussi la suppression de tout signe du passé, au nom d'un impératif de bonheur. Et la suppression glaçante de toute dialogue. C'est-à-dire qu'excepté ce « blog sonore », plus personne ne se parle dans ce livre, ou presque.
C'est un roman dominé par une écrasante solitude, y compris dans les rares interactions humaines qu'il décrit, jusque dans son irréelle scène finale dont on peine à deviner ce qu'elle produira.
Les premiers chapitres m'ont semblé difficiles, tant on ne comprend pas ce qui se passe, tant l'autrice reste avare de descriptions et de contexte. Peu à peu, ma lecture est devenue plus fluide, éclairée notamment par quelques livres que la narratrice évoque (Farenheit 451, Mandelstam et Tsetaieva, mais aussi Watership Down ou Le seigneur des anneaux). Mue, également, par l'angoisse profonde qui s'installe peu à peu.