Antoine Chambert-Loir a terminé la lecture de Julia: A Novel par Sandra Newman
Julia est une sorte de récriture du roman de George Orwell, 1984, du point de vue de Julia Worthing, la maîtresse de Winston Smith. Ma lecture de 1984 date d'il y a 40 ans, et ma comparaison ne peut qu'être qu'entre le roman que j'ai entre les mains et mes souvenirs de cette ancienne lecture, souvenirs certainement corrompus par le fait que l'univers de 1984 est régulièrement convoqué comme métaphore.
J'étais enthousiaste de l'idée, un peu moins de sa réalisation. Peut-être ai-je eu du mal avec la langue anglaise (ma lecture des 100 premières pages était poussive), peut-être ai-je aussi du mal à supporter un style un peu banal, comme il est courant dans la littérature contemporaine américaine.
Malgré tout, Sandra Newman nous plonge et nous balade dans un monde terrifiant, fait de faux-semblants, de dissimulations, de trahisons, et où tout cela mène le plus souvent à la torture, la misère, la mort.
En 2024, il est plus difficile d'attribuer à la récriture la charge dénonciatrice des totalitarismes qu'avait, en 1949, son modèle. Cela le rend d'ailleurs parfois un peu vain. Je n'y ai pas trouvé, pas décelé, le point de vue féministe que j'attendais (naïveté de ma part ?).
Malgré ces réserves, cette plongée dans une absurdie totalitaire violente aura été éprouvante, épreuve renforcée par la conclusion du livre, ouverte et pour le moins glaçante.