Antoine Chambert-Loir a terminé la lecture de Technofeudalism par Yanis Varoufakis
La thèse de Yanis Varoufakis dans ce livre est que les technologies numériques ont provoqué, depuis environ 15 ans, la mutation du capitalisme industriel en un nouveau régime économique qu'il appelle techno-féodalisme.
Le préfixe techno fait référence aux fondations de ce régime, bâti sur une apparente dématérialisation, le cloud, et le développement de l'économie de l'attention où chacune de nos actions numériques est enregistrée et transformée en plus-value.
Féodalisme car ces entreprises vivent désormais d'une rente. Dans le capitalisme traditionnel, chaque client coûte un investissement à l'entreprise : il lui faut acheter du papier, de l'acier, du grain... Dans le monde numérique, le coût marginal d'un client est quasiment nul. À l'opposé, le passage obligé que sont ces compagnies, ces technologies, nous ont transformé en sortes de serfs des temps modernes.
Les conclusions de Varoufakis sont cependant assez maigres, et l'actualité rend ses mises en garde quelque peu déprimantes. Car selon son analyse, l'unité du prolétariat ne suffira pas à reprendre la main. La lueur d'espérance qu'il suggère vient des technologies elles-mêmes qui pourraient aider à cette unité. On pense aux Printemps arabes, certes, mais les conséquences n'ont pas été glorieuses. On pense aussi à la façon dont Internet donne des moyens d'information globale presqu'instantanée, mais est-ce suffisant pour prévenir un génocide ?