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Ananda Devi: La nuit s'ajoute à la nuit (Paperback, French language, 2024, Stock) Aucune note

De quelle obscure impulsion ce texte, qui m'a hantée pendant de longs mois, s'est-il nourri …

Ananda Devi passe une nuit à la prison de Montluc, à Lyon, devenue musée du martyre des enfants d'Izieu, de Jean Moulin, d'André Devigny (le héros du film de Bresson, Un condamné à mort s'est échappé), de tant d'autres résistants de la seconde Guerre mondiale, mais aussi d'Algériens combattants pour leur indépendance, leur liberté, et également de femmes, condamnées de droit commun, anonymes, jusque 2009.

En même temps qu'elle erre toute la nuit dans ce musée, confrontant les drames aux drames, elle revient sur sa vie et sur la double émigration qui l'a conduite à devenir écrivaine francophone : celle de ses parents, d'Uthar Pradesh à l'île Maurice, et la sienne, vers la France.

Si la langue est belle, la révolte, touchante et légitime, je peine à saisir l'unité du texte, ce qui est dommage quand l'argument lui offre unité de temps — une nuit — et de lieu — au musée. Les autres livres de la série que j'ai pu lire étaient vraiment meilleurs (Lafon), ou décevants (Marcolongo). Là, je reste dans un entre-deux un peu frustrant.

Les dernières pages du livre traduisent probablement un sentiment similaire de la part de l'autrice, comme cette conclusion de la 4e de couverture, que cette nuit, dans la prison de Montluc, le fantôme c'était elle.