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Un récit courageux, d'une simple et belle écriture. Je ne connaissais ni son histoire ni sa carrière, pourtant j'ai lu le livre presque d'une traite tant je voulais que cela aille mieux pour elle et ses enfants. J'étais passé à Mouans-Sartoux l'automne 2024, et la dédicace n'en a que davantage résonné. Je mesure maintenant l'intensité de ce qu'elle a traversé, et que traversent malheureusement de nombreuses femmes. J'ai été effaré par ce matraquage constant d'injonctions paradoxales qui caractérise la relation émotionnellement abusive, avec ses inversion de responsabilité, sa culpabilisation et ses dénis, par la manière aussi dont l'emprise perverse se mettait en place et se renforçait, cherchant au besoin d'autres voies, les brèches où elle s'engouffrait tour à tour. J'ai été touché à en avoir des larmes aux yeux par le contraste entre sa gentillesse et sa justesse face à tant de bassesses (en particulier p. 66,161,259). On n'est pas préparé à ça vraiment lorsque c'est à l'opposé de notre être, on ne peut pas même le concevoir avant que cela n'arrive. J'espère et souhaite que les blessures guérissent peu à peu.

J'aime beaucoup ces mots et ce qui peut à partir de là se déployer : « J'ai toujours cette force immense de ne voir que la beauté, de ne pas m’appesantir sur la laideur, — de ne même pas y croire— , d'être si sûre que la lumière s'imposera toujours, mais la lumière pour régner à besoin de lucidité. Et il faut regarder en face ce qui est laid. On ne peut éclairer les ténèbres qu'en ouvrant les yeux véritablement. »

Dans ce livre j'ai retrouvé quelque chose que j'avais déjà ressenti dans le premier (Les orageuses, Cambourakis, 2020) : comme une distance et une précision qui pourtant n'éloignent pas, bien au contraire. Et, malgré le sujet des histoires, de la douceur, qui enveloppe le récit, une progression lente et continue comme un seul long travelling au cinéma. Je l'ai lu presque d'une traite, tant je me suis senti proche d'Érine, presque inquiet pour elle. J'ai pleuré à plusieurs reprises, touché par ce qui lui arrivait de beau, heureux de sentir ce qui se guérissait peu à peu en elle, et ce qu'elle gagnait peu à peu en force et en amour d'elle-même. Par la manière dont elle retrouvait une parole avec la nature, les animaux, la montagne, dont elle s'était éloignée, et qui lui étaient pourtant vitales. J'ai aimé ce récit d'une reconstruction de soi à la suite des traumas et blessures diffuses provoquées par une relation émotionnellement et mentalement abusive. Avec nuances, douceur et justesse.

C'est un livre de constats qui décrit le parcours exigent de l'autrice. J'ai apprécié son regard critique et personnel, qui sans dénégation des mouvements, montre ce qui n'a pas été juste, ce qu'il y a eu de violences non dites, de contradictions parfois et d'erreurs stratégiques peut-être aussi. J'ai été d'accord avec tous ses points de vue et ses opinions. Pour moi, elle a raison et elle est dans la justesse. Je crois peut-être davantage dans la CNV, à condition qu'elle soit bien intégrée, et au "développement personnel" au bon sens du terme, celui qui n'éloigne pas du collectif et des luttes, et à ce propos le "Travail Qui Relie" dont l'autrice ne parle pas cependant me semble précieux. J'ai apprécié ses choix et ceux de ses éditrices concernant l'écriture inclusive, qui font clairement sens. Elle dresse au cours des chapitre de ce livre un panorama lucide et concis des différents enjeux écologiques, et je comprends bien son parcours et ses choix face aux situation qu'elle décrit. Alors si vous voulez connaître les enjeux écologiques sans détours, et percevoir le milieu militant de l'intérieur, avec ses forces et ses faiblesses, lisez son livre !