s_mailler a cité Je suis ma liberté par Nasser Abu Srour
Des cris s'élevèrent à l'intérieur des cellules, alors que l'on continuait à lire des noms. J'avais beau être certain de ne pas figurer sur la liste, j'étais anxieux et tendu. Alors je m'accrochai plus fort à mon mur. « Je ne peux pas tomber, je n'ai nulle part où tomber », me répétais-je, m'efforçant de croire à ce que je disais. La liste de noms prit fin. Tous les cartons d'invitation étaient distribués. Les invités se réjouirent bruyamment. Puis, soudain, ils firent silence. Tous les prisonniers se tenaient dans un entre-deux. Les élus taisaient leur joie de revenir à la vie, les autres faisaient semblant de ne pas être tristes. Chaque camp choisissait ses mots avec précaution. Les uns ne voulaient pas blesser les exclus, les autres ne voulaient pas gâcher la fête. Untel retenait son sourire à la commissure de ses lèvres, en atten- dant de se trouver dans un endroit tranquille où le libérer. Tel autre se forçait à sourire pour féliciter un compagnon, avant de se réfugier dans un coin sombre où personne ne verrait les fantômes qui hantaient son visage.
— Je suis ma liberté de Nasser Abu Srour (Page 155)
La peine de perpétuité de l'auteur est ponctuée de phases de libération collective de prisonniers au gré des accords politiques. Il ne fait jamais partie des libérables.