Seul l'Occident moderne s'est attaché à bâtir l'opposition, donc la discontinuité supposée, entre la nature …
un Himalaya, qui mérite d'être gravi
5 étoiles
C'est un très gros morceau, quasiment un Himalaya pour paraphraser notre Premier ministre du moment.
L'ouvrage a beaucoup de pages plaisantes et faciles à lire où les coutumes et structures de tel ou tel peuple, fascinantes de diversité, sont exposées avec vivacité et dans un style très agréable. Il y a aussi des parties beaucoup plus austères et théoriques, hors de portée du lecteur moyen, ce qui est bien normal puisqu'il s'agit d'un ouvrage académique à portée théorique qui ne peut donc pas en rester au niveau du grand public.
Ceci étant dit, même au niveau "grand public", le livre reste abordable, très stimulant, il ouvre l'esprit, et amène a questionner notre propre vision du monde, ce qui est sain et stimulant. J'en conseille absolument la lecture, car les méthodes et théories présentées là sont particulièrement éclairantes.
Seul l'Occident moderne s'est attaché à bâtir l'opposition, donc la discontinuité supposée, entre la nature …
C'est un très gros morceau, quasiment un Himalaya pour paraphraser notre Premier ministre du moment.
L'ouvrage a beaucoup de pages plaisantes et faciles à lire où les coutumes et structures de tel ou tel peuple, fascinantes de diversité, sont exposées avec vivacité et dans un style très agréable. Il y a aussi des parties beaucoup plus austères et théoriques, hors de portée du lecteur moyen, ce qui est bien normal puisqu'il s'agit d'un ouvrage académique à portée théorique qui ne peut donc pas en rester au niveau du grand public.
Ceci étant dit, même au niveau "grand public", le livre reste abordable, très stimulant, il ouvre l'esprit, et amène a questionner notre propre vision du monde, ce qui est sain et stimulant. J'en conseille absolument la lecture, car les méthodes et théories présentées là sont particulièrement éclairantes.
Seul l'Occident moderne s'est attaché à bâtir l'opposition, donc la discontinuité supposée, entre la nature …
Les humains de toutes sortes et les idées qu'ils se font des collectifs où ils sont insérés, les animaux et les machines, les plantes et les divinités, les gènes et les conventions, toute la multitude immense des existants actuels et potentiels trouverait-elle un refuge plus accueillant dans un régime inédit de cohabitation qui récuserait à nouveau la discrimination entre humains et non-humains sans recourir pour autant à des formules déjà éprouvées auparavant? Peut-être, mais là n'est pas mon propos. (...) ce n'est pas le rôle qui convient à une théorie anthropologique comme celle que j'ai brossée à grands traits. Sa visée se limite à jeter les bases d'une façon de concevoir la diversité des principes de schématisation de l'expérience qui serait dégagée des préjugés que modernité nous conduit à entretenir quant à l'état du monde ; elle n'est pas de proposer des modèles de vie commune, de nouvelles formes d'attachement aux êtres et aux choses ou une réforme des pratiques, des mœurs et des institutions. Qu'une telle réforme soit indispensable, tout l'indique autour de nous, depuis la révoltante disparité des conditions d'existence entre les pays du Sud et les pays du Nord jusqu'à la dégradation alarmante des grands équilibres de la biosphère sous l'effet de l'action humaine. Mais l'on aurait tort de penser que les Indiens d'Ama- zonie, les Aborigènes australiens ou les moines du Tibet seraient porteurs d'une sagesse plus profonde pour le temps présent que le naturalisme claudicant de la modernité tardive.
Ce fragment fait partie des remarques conclusives de l'ouvrage de Descola, qui sont particulièrement intéressantes pour comprendre la portée et les limites des concepts exposés. En l'espèce, ce paragraphe me semble bien répondre aux critiques selon lesquelles Descola idéaliserait l'animisme ou le proposerait comme solution aux problèmes du monde. Non...
Seul l'Occident moderne s'est attaché à bâtir l'opposition, donc la discontinuité supposée, entre la nature …
C'est ce que l'on peut commencer d'éprouver au terme de ce long trajet dans le dédale de l'usage des choses. Schématisant des aspects distincts de l'expérience du monde et d'autrui, l'identification et la relation se déclinent dans une gamme de modalités dont les caractéristiques intrinsèques diffèrent, ce qui permet ou non leur coexistence dans un collectif particulier et, pour les relations, l'articulation entre une forme dominante et une ou plusieurs formes mineures. Comme l'on a choisi de retenir quatre modes d'identification et six modes de relation, il faudrait, pour que le tableau soit complet, passer en revue les vingt-quatre figures que les combinaisons de modes autorisent. Ce serait pousser l'analogie avec la chimie, et l'esprit de système, au-delà du raisonnable; d'autant que certaines de ces combinaisons sont chimériques et n'existent que dans les territoires de l'utopie et les pages de la littérature d'anticipation où leurs mélanges contradictoires font merveille pour secouer un moment le fardeau d'un réel trop prévisible. Aussi se bornera-t-on ici à évoquer quelques types de compatibilité et d'incompatibilité, laissant à des lecteurs mieux versés dans le comparatisme le soin de décider si certains des collectifs impossibles le sont tout à fait.
"Ici, c’est comme ça."
Cette phrase, elle l’entendrait souvent. À cet instant précis, elle comprit …
Le pays des autres
3 étoiles
Il y a des écrits qu'on aimerait aimer, mais avec lesquels, rien à faire, cela ne fonctionne pas. Ce roman de Leïla Slimani, premier d’une trilogie, est de ceux-là.
Si, dans une première partie, j'ai été gêné parce que j'avais l'impression de lire une vision occidentale du Maroc – un regard trop moderne et qui manquait d'originalité – sur les années clinquantes, sans doute parce que nous suivons un personnage qui vient de France, c'est surtout le style très « en retrait » qui n'est pas parvenu à m'introduire dans le récit. Ce n'est pas que l'autrice manque de qualités littéraires, ce n'est pas non plus la pauvreté du récit – riche d'informations sur l'histoire du Maroc –, mais j'ai manqué d'un fil, d'une corde qui nous aurait permis de descendre dans les entrailles du texte pour s'y sentir immergés. Nous passons parfois d'un personnage à l'autre – comme une …
Il y a des écrits qu'on aimerait aimer, mais avec lesquels, rien à faire, cela ne fonctionne pas. Ce roman de Leïla Slimani, premier d’une trilogie, est de ceux-là.
Si, dans une première partie, j'ai été gêné parce que j'avais l'impression de lire une vision occidentale du Maroc – un regard trop moderne et qui manquait d'originalité – sur les années clinquantes, sans doute parce que nous suivons un personnage qui vient de France, c'est surtout le style très « en retrait » qui n'est pas parvenu à m'introduire dans le récit. Ce n'est pas que l'autrice manque de qualités littéraires, ce n'est pas non plus la pauvreté du récit – riche d'informations sur l'histoire du Maroc –, mais j'ai manqué d'un fil, d'une corde qui nous aurait permis de descendre dans les entrailles du texte pour s'y sentir immergés. Nous passons parfois d'un personnage à l'autre – comme une caméra sur des acteurs – mais je n'ai pas trouvé de subjectivité, de personnalité aux mots : comme si l'autrice avait voulu prendre ses distances avec le vécu de ses personnages.
Ce n'est pas un livre désagréable, mais j'ai l'impression de l'avoir lu à distance, sans engagement.
Comment nous relions-nous à notre environnement et comment nous en détachons-nous ? Comment en sommes-nous …
Attachements
5 étoiles
Il faut de la patience, du temps, un peu à l'image des éleveurs de rennes que l'on suit au gré des migrations de leurs troupeaux ... il faut du temps pour passer de l'arc Arctique à la Toundra. Il faut du temps pour comprendre l'incroyable intelligence de la cosmologie paysanne française qui a été balayée d'un seul coup... avec l'avènement d'un certain "jardin d'Acclimatation" élaboré par un Saint-Hilaire. Alors j'ai compris d'une certaine manière la boucherie qu'est devenu notre époque et sa triste survenue. Parce que ça n'a pas été facile de faire plier ces misérables paysans pour leur faire intégrer les idéologies de la zootechniques des élites... ces mêmes technologies qui sont peut-être bien le terreau de nos préjugés sur un grand nombre de différence pour pas dire nos pensées racistes (même celles que l'on oserait s'avouer). Ce livre est une somme à déguster tout en lenteur ,parce que …
Il faut de la patience, du temps, un peu à l'image des éleveurs de rennes que l'on suit au gré des migrations de leurs troupeaux ... il faut du temps pour passer de l'arc Arctique à la Toundra. Il faut du temps pour comprendre l'incroyable intelligence de la cosmologie paysanne française qui a été balayée d'un seul coup... avec l'avènement d'un certain "jardin d'Acclimatation" élaboré par un Saint-Hilaire. Alors j'ai compris d'une certaine manière la boucherie qu'est devenu notre époque et sa triste survenue. Parce que ça n'a pas été facile de faire plier ces misérables paysans pour leur faire intégrer les idéologies de la zootechniques des élites... ces mêmes technologies qui sont peut-être bien le terreau de nos préjugés sur un grand nombre de différence pour pas dire nos pensées racistes (même celles que l'on oserait s'avouer). Ce livre est une somme à déguster tout en lenteur ,parce que tout est subtil quand on vit au rythme des animaux, qui sont un lien entre la terre et le ciel, qu'il faut apprivoiser ou parfois domestiquer mais souvent simplement s'y attacher... eh, oui, s'attacher à son animal et faire en sorte que l'animal qui reste alors semi-sauvage, qu'il s'attache aussi un peu à vous... c'est merveilleux. C'est un savoir très ancien, très lointain.
La mobilisation et l'engagement des femmes pour l'abolition de l'esclavage, la fin de la ségrégation …
L'esclavage aux USA point de départ d'une réflexion argumentée d'A. Davis
5 étoiles
Angela Davis a écrit cet ensemble de textes en 1981(date de publication aux USA)
Composé en 13 chapitres, elle decortique les liens entre Femmes, Race et Classe et met en évidence ce qu'on nommera plus tard comme intersectionnalité.
Elle part de l'esclavage massif qu'ont subi les noir-es aux USA dans la construction de ce pays, emblème du capitalisme et de l'exploitation des hommes pour le profit d'une minorité blanche, majoritairement composée d'hommes. Elle nous fait comprendre déjà ce qu'enduraient les femmes noires, esclaves comme les hommes, soumises aux mêmes tâches harassantes, mais en plus soumises aux désirs sexuels des blancs qui les possédaient. A. Davis contextualise aussi la lutte pour le droit de vote des femmes qui s'est développée en parallèle avec la lutte pour sortir de l'esclavage, malgré l'arrêt de l'esclavage suite à la guerre de Sécession. Elle met aussi en évidence l'aspect essentiel que les populations issues de …
Angela Davis a écrit cet ensemble de textes en 1981(date de publication aux USA)
Composé en 13 chapitres, elle decortique les liens entre Femmes, Race et Classe et met en évidence ce qu'on nommera plus tard comme intersectionnalité.
Elle part de l'esclavage massif qu'ont subi les noir-es aux USA dans la construction de ce pays, emblème du capitalisme et de l'exploitation des hommes pour le profit d'une minorité blanche, majoritairement composée d'hommes. Elle nous fait comprendre déjà ce qu'enduraient les femmes noires, esclaves comme les hommes, soumises aux mêmes tâches harassantes, mais en plus soumises aux désirs sexuels des blancs qui les possédaient. A. Davis contextualise aussi la lutte pour le droit de vote des femmes qui s'est développée en parallèle avec la lutte pour sortir de l'esclavage, malgré l'arrêt de l'esclavage suite à la guerre de Sécession. Elle met aussi en évidence l'aspect essentiel que les populations issues de l'esclavage portaient à l'éducation. Malgré des rencontres entre ces luttes pour le droit de vote et celles pour la fin de l'esclavage, il s'avère que le racisme qui imprégnait les populations blanches, notamment les femmes des classes moyennes a empêché toute convergence. Puis elle traite du rapport avec l'exploitation mise en lace par le capitalisme, les luttes des ouvrières et la place des femmes communistes. Elle traite également les mythes autour du viol, du racisme et violeur noir, de l'avortement et du contrôle des naissances. Elle termine par le déclin du travail domestique et des luttes autour d'un salaire pour payer le travail domestique des femmes.
A. Davis, en partant de cette place singulière des femmes noires, esclaves puis "libres" mais asservies par le système capitaliste, rappelle d'une part qu'au départ, elle était bien l'égale de l'homme, contribuait au même titre qu'eux au travail et que, homme comme femme, tout un chacun devait contribuer à l'apport de biens et l'entretien au sein du foyer. Elle rappelle aussi que c'est le système capitaliste qui a contribué à la séparation du travail domestique considéré comme une tâche dévalorisée et à laquelle les femmes, notamment noires, étaient assignées. Si au départ, faire du savon, créer et laver les vêtements et le linge,... était de la même importance, le fait de déporter certaines tâches à l'extérieur du ménage avait contribuer à dévaloriser le travail de tenue du foyer en le limitant aux femmes pour ce qu'on appelle les tâches ménagères au détriment d'une activité valorisée. Ainsi lorsqu'on parle de donner un chèque pour payer ce travail, cela ne change rien au côté harassant et sans attrait de ce travail. Elle parle même de l'apartheid en Afrique du Sud où le système capitaliste amenait même une séparation des hommes noirs et des femmes noires, sans souci aucun de la bonne maintenance du foyer. Ce n'était pas leur souci car pas rentable !
Octave Mouret affole les femmes de désir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, …
Au Bonheur des Dames
5 étoiles
Un grand roman d'entrée dans le monde moderne par un personnage qui monte à la capitale (un peu comme les Illusions Perdues).
Ici c'est Denise qui découvre les grands magasins parisiens, avatar du capitalisme (qui n'est pas encore nommé comme tel) où l'objectif premier est la croissance (permanente et exponentielle), et le monopole (qu'on laisse crever tous ceux qui ne peuvent suivre). La méthode est le mouvement constant (et étourdissant) des flux de marchandises et de capitaux (le flux tendu), et l'inondation du marché (créer la demande).
Ça parle de publicité et de marketing (les géniales recettes de Mouret sont encore utilisées de nos jours).
Ça parle du monde du travail au XIXe (quasiment les seules revendications qu'arrivent à faire entendre les employés sont sur la qualité de la cuisine à la cantine alors qu'ils dorment dans des logements sous-chauffés, avec un couvre-feu, certains à même le sol dans la …
Un grand roman d'entrée dans le monde moderne par un personnage qui monte à la capitale (un peu comme les Illusions Perdues).
Ici c'est Denise qui découvre les grands magasins parisiens, avatar du capitalisme (qui n'est pas encore nommé comme tel) où l'objectif premier est la croissance (permanente et exponentielle), et le monopole (qu'on laisse crever tous ceux qui ne peuvent suivre). La méthode est le mouvement constant (et étourdissant) des flux de marchandises et de capitaux (le flux tendu), et l'inondation du marché (créer la demande).
Ça parle de publicité et de marketing (les géniales recettes de Mouret sont encore utilisées de nos jours).
Ça parle du monde du travail au XIXe (quasiment les seules revendications qu'arrivent à faire entendre les employés sont sur la qualité de la cuisine à la cantine alors qu'ils dorment dans des logements sous-chauffés, avec un couvre-feu, certains à même le sol dans la boutique, qu'ils sont en permanence sur un siège éjectable — pas question de tomber enceinte — et que tout les encourage à se monter les uns contre les autres pour espérer gagner plus).
Ça parle encore de plein d'autres choses mais ça parle surtout d'un monde qui s'effondre (les magasins familiaux, spécialisés et indépendants) sous le poids du nouveau qui fait littéralement disparaître jusqu'au souvenir de sa concurrence en l'engloutissant dans son magasin en permanente expansion.
Les chapitres où le magasin fait ses grandes ouvertures sont des tourbillons dont on ressort aussi essoufflé que les clientes qui ont perdu toute notion du temps et de leurs besoin réels. Une merveille.
C'est un roman génial, et en fin de compte je ne sais pas toujours si Zola est fasciné ou critique de l'univers qu'il dépeint, certainement un peu des deux.
Ubik, written in 1966 and published in 1969, is one of Philip K. Dick's masterpieces …
Ubik
4 étoiles
Un roman vertigineux. De la SF encore très moderne — malgré quelques couleurs un peu passées — où le capitalisme a englouti le monde et les sociétés remplacé les états, un monde où tout se paye et où on ne peut pas sortir de son propre appartement si on n'a pas la monnaie pour passer sa porte.
Philip K. Dick nous entraîne une nouvelle fois dans une réalité distordue, version moins paranoïaque (quoique), mais surtout une réalité qui s'effrite au fil du récit sans qu'on sache plus à quoi se raccrocher quand même le passé peut être changé.
Seul l'Occident moderne s'est attaché à bâtir l'opposition, donc la discontinuité supposée, entre la nature …
Bien qu'il soit regroupé par Elkin avec le totémisme sexuel, le totémisme « conceptionnel » des Aranda et des Aluridja paraît bien différent du premier quant à son principe. Le totem de chaque enfant n'est pas fonction du sexe ou de la filiation, en effet, mais du lieu où la mère a pris conscience de sa grossesse, soit qu'elle s'y soit effectivement trouvée, soit qu'elle l'ait visité en rêve. Il s'agit bien sûr d'un site totémique, c'est-à-dire d'un endroit où un être du Rêve a déposé des âmes-enfants de son espèce totémique, l'une d'entre elles étant réputée pénétrer dans la matrice de la mère pour y former le nouveau-né. Un enfant aranda n'aura donc pas nécessairement le même totem que son père, sa mère ou ses frères et sœurs, les sous-sections qui fonctionnent comme des classes matrimoniales n'ayant ici aucun rapport avec les affiliations totémiques.