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J. D. Salinger: The Catcher in the Rye (2018, Back Bay Books)

Story of Holden Caufield with his idiosyncrasies, penetrating insight, confusion, sensitivity and negativism. Holden, knowing …

Errance et fragilité – Mon face-à-face avec L’Attrape-cœurs de J. D. Salinger

Lire L’Attrape-cœurs de J. D. Salinger a été pour moi une plongée dans la voix singulière d’Holden Caulfield, ce narrateur adolescent à la fois désinvolte et terriblement lucide. Dès les premières pages, j’ai senti une proximité troublante : Holden parle comme s’il me prenait à partie, avec ses jugements tranchants, ses obsessions et son malaise face à un monde qu’il juge « faux ».

Son errance dans New York, après avoir quitté son collège, m’a donné l’impression de marcher à ses côtés, dans une ville immense et froide, où les lumières brillent mais n’éclairent pas vraiment. Ce qui m’a le plus ému, ce n’est pas son cynisme affiché, mais les fissures qui apparaissent derrière ses paroles : la douleur de la mort de son frère Allie, sa solitude, et son incapacité à trouver un lieu où il se sente vraiment à sa place.

J’ai été profondément touché par sa relation avec sa sœur Phoebe. Dans ses gestes et sa fraîcheur, Holden trouve une forme de vérité qu’il cherche désespérément ailleurs. La métaphore du « gardien dans le champ de seigle », celui qui empêcherait les enfants de tomber du précipice, m’a semblé bouleversante : c’est le rêve fragile d’un adolescent qui veut protéger l’innocence contre la chute inévitable vers l’âge adulte.

En refermant le livre, j’ai ressenti une mélancolie persistante. L’Attrape-cœurs n’est pas seulement le récit d’une révolte adolescente, c’est aussi une confession sur la difficulté d’exister dans un monde qui ne laisse guère de place aux âmes trop sensibles.