Une heure de peine a critiqué Bifrost n112
Rapide retour sur les nouvelles
Des nouvelles qui ne m'ont pas toutes plu dans cet opus.
Dans le corps du ciel de Robert Charles Wilson : Lecture agréable, mais un peu en dessous de ce que j'ai l'habitude d'attendre de RCW. On a son habituelle capacité à penser des phénomènes qui dépassent complètement l'humanité... mais pas son attention aux personnages et aux individualités (que l'on retrouve dans ses romans, du moins dans ceux que j'ai lu). Du coup, la "grande idée" sonne un peu creux pour moi, faute de résonance avec des enjeux plus intimes/quotidiens. Quelques concepts intéressants, mais trop à l'étroit dans une nouvelle.
Pour une route sans d'Elodie Denis : Je n'ai pas du tout aimé, pas du tout accroché, au point de devoir me forcer pour finir. D'abord à cause du style : beaucoup de phrases alambiquées, de mots rares, de tournures complexes sans doute pour faire poétique et en mettre plein la vue - mais ça ne marche pas du tout sur moi, ça me sort du récit et ça me fatigue, peut-être parce que ça me fait trop voir les ambitions littéraires de la personne qui écrit... Pour l'histoire, on ne comprends pas grand chose. Il est question de voyage dans le temps, mais rien n'est clair, et il faut attendre la fin de la nouvelle pour avoir une explication/révélation en forme d'exposition. C'est un truc que je n'aime pas trop dans beaucoup de nouvelles de SF contemporaine : un univers mystérieux et difficile à comprendre pendant la moitié/les trois quarts du récit et puis la révélation/twist qui est juste un pavé plus ou moins maîtrisé d'exposition pour expliquer ce qui s'est passé. Du coup, le récit est limité... Ici, l'héroïne ne m'a pas accroché, faute de pouvoir comprendre ce qui lui arrive.
Le loup du passé de Ray Nayler : facilement la meilleure nouvelle du volume. Pour le coup, c'est bien écrit, dans une langue efficace mais pas dénuée de beauté, avec des personnages à qui il arrive des choses aux enjeux clairs - ici, la découverte et la réparation d'un robot de combat dans un décor post-apo où les jeunes filles sont enlevés par leurs futurs "maris"... Pas aussi bon que la première nouvelle que j'avais lue de cet auteur ("Père", dans un autre Bifrost), mais très bon quand même.
Le maître de musique de Morgane Caussarieu : sans doute mon insensibilité à certaines formes de fantastique explique-t-il que j'ai peu apprécié cette courte nouvelle sur un père qui pleure son fils décédé/enlevé. On comprends assez vite que spoiler son maitre de musique était un vampire (et on est pas aidé par le fait que la nouvelle est là pour illustrer le dossier sur Anne Rice dans le même numéro), et du coup, je ne saisis pas trop l'intérêt de l'histoire - le chagrin du père, je suppose ? Bon, au moins, c'est bien écrit. Mais pas ma tasse de thé pour autant.
Mention spécial pour le dossier sur Anne Rice que je n'ai pas encore tout à fait fini, mais qui a au moins suscité mon intérêt pour une autrice pour laquelle je n'avais pas d'appétence particulière. Je pourrais même me laisser tenter d'essayer d'en lire un peu...