Une heure de peine a terminé la lecture de Les flibustiers de la mer chimique par Marguerite Imbert
Avertissement sur le contenu Eléments importants de l'intrigue
Histoire post-apocalyptique avec un peu d'inspiration de 20 000 lieux sous les mers : dans un monde ravagé où les humains sont peu nombreux et survivent dans des "clans" (pourquoi faut-il toujours que ce soit ce genre de structures sociales qui réapparaissent dans les décors post-apo ?), un sous-marin commandé par le charismatique Jonathan règne sur la mer chimique (tellement chimique que si tu touches l'eau, tu meurs). Il a même une pieuvre géante qui s'appelle Aronnax (en fait, il en trois mais j'ai pas retenu les noms des deux autres). Pas un mauvais bouquin en soi, mais j'ai quand même eu du mal.
Premier problème : on suit deux points de vue, celui d'un naturaliste enlevé par les fameux flibustiers de la mer chimique, et celui d'une "graffeuse" (apparemment le dernier clan qui valorise les livres et le savoir) enlevée sur ordre de la métareine de Rome, visiblement la nouvelle puissance régionale. Les deux sont rédigés à la première personne... et la graffeuse est absolument insupportable. Non seulement elle est prétentieuse comme c'est pas permis mais en plus elle est présentée comme folle, ce qui veut dire qu'elle passe son temps à faire des références obtuses et à avoir des comportements incompréhensibles. Bon, elle couche avec un de ses ravisseurs ok, mais je ne suis pas arrivé à comprendre pourquoi. Ça aurait parce qu'il lui plaît, parce que le syndrome de Stockholm, parce que c'est une stratégie de survie, n'importe quoi, j'aurais dit ok, mais non, je suis pas parvenu à faire sens de tout ça. Plus loin dans le récit, elle propose aux romains d'appliquer des principes eugénistes à leur population et à une minorité racisée, et là, j'ai perdu le sens de pourquoi je devais apprécier ce personnage ou simplement me soucier de son sort. Ok, après elle veut sauver des livres qu'un méchant veut brûler, mais c'est un peu léger.
Deuxième problème, plus grave je pense : j'ai l'impression que l'intrigue est construite à l'envers. Le naturaliste, Ismael, se fait enlever au début du roman par le sous-marin des flibustiers, en même temps que deux de ses compagnons. Il rencontre le capitaine du vaisseau et... à partir de là, il se passe plus grand chose. Ils vivotent, vont sur un 7e continent de plastique, s'inquiètent un peu de la médic de l'équipage qui pourrait être exploité par le dit capitaine (ce qui ne me donne pas non plus envie de le trouver très sympathique soit dit en passant), mais dans l'avance, il n'y a pas beaucoup d'intrigue (ah si, à un moment, le capitaine est attaqué par un mystérieux monstre dans le sous-marin mais tout le monde s'en fout et personne ne le croit). Ismaël est en mission pour la méta-reine mais ça a pas trop l'air de le stresser. Ils partent chercher peut-être un autre sous-marin ou un trésor dont personne ne sait ce que c'est mais l'enjeu n'est pas super fort parce que ça se limite à "on a un sous-marin et on veut un up-grade"
Et puis, pouf, à la fin, on apprends [attention, plus de spoiler encore] que Ismael était en mission pour découvrir l'origine de la catastrophe qui a détruit la civilisation et qu'il s'est fait enlevé volontairement pour être livré aux employeurs supposé de Jonathan. Donc twist. Et puis re-twist, ces employeurs ne sont pas une mystérieuse société secrète et sur-puissante mais juste 5 vieillards qui manipulent des hologrammes et qui racontent comment le monde est mort - en fait, ce sont les arbres qui ont fait le coup parce qu'ils communiquent entre eux et ont lâché des toxines sur l'humanité (un peu comme dans Phénomènes de Shyamalan, mais sans Mark Walhberg qui joue comme un pied, donc c'est mieux).
Tout ça est très bien, sauf qu'en fait, il n'y avait aucun véritable enjeu autour de ça pendant tout le récit qui précède. L'intérêt que représente l'origine de la catastrophe pour Ismael est révélé en même temps que le twist ce qui fait que je n'avais rien d'investi là-dedans (en plus, c'est juste pour rassurer son amoureuse restée à Rome). Les personnages ne recherchaient pas spécialement la révélation sur l'origine de la catastrophe, et elle n'a pas non plus des conséquences très importantes sur l'ordre du monde. Du coup, on aurait aussi bien pu dire dès le début "en fait ce sont les arbres qui ont fait le coup" ou même s'en passer complètement - c'est un décor post-apo, il y a eu une grande catastrophe, on n'a pas forcément besoin de savoir quoi. A moins que ce soit le coeur de l'intrigue pendant tout le roman, et pas dans les cinquante dernières pages seulement.
Enfin, il y a des qualités quand même, une certaine imagination dans les personnages, des belles répliques. Mais pas mal de manque aussi, parce que l'autrice semble avoir bien pensé son décor et ses persos mais avoir oublié de leur donner des choses à faire, une intrigue à résoudre, des arcs à parcourir, des enjeux personnels ou collectifs.
C'est pas vraiment une critique que je fais là, c'est juste des notes pour moi, pour me souvenir plus tard ce que j'ai passé de ce bouquin, faites en ce que vous voulez, et vous, ça va ?