Jocelyn a commenté Un monde à refaire par Claire Deya
Un magnifique premier roman, sans artifice
Il est loin d'être parfait, ce premier roman. Dès les premières pages, de petits détails, des phrases, accrochent. Très vite on apprend que le nom utilisé par le principal protagoniste n'est pas le sien, qu'il l'a emprunté à un traître qu'il méprise – pourquoi pas, mais alors il est étrange que lorsque nous lisons dans ses pensées, de sa voix intérieure il s'appelle de ce nom.
Voilà donc pour ce qui ne va pas si bien dans ce texte parfois maladroit, au point que sur quelques pages le lecteur perçoit ce que l'autrice veut véhiculer mais qu'elle ne parvient pas à coucher sur le papier. Sans doute qu'avec plus de métier, elle aurait su le faire – mais alors elle serait directement entrée dans la catégorie des grands auteurs et grandes autrices : car oui, ce qu'elle a à dire a une vraie force, …
Un magnifique premier roman, sans artifice
Il est loin d'être parfait, ce premier roman. Dès les premières pages, de petits détails, des phrases, accrochent. Très vite on apprend que le nom utilisé par le principal protagoniste n'est pas le sien, qu'il l'a emprunté à un traître qu'il méprise – pourquoi pas, mais alors il est étrange que lorsque nous lisons dans ses pensées, de sa voix intérieure il s'appelle de ce nom.
Voilà donc pour ce qui ne va pas si bien dans ce texte parfois maladroit, au point que sur quelques pages le lecteur perçoit ce que l'autrice veut véhiculer mais qu'elle ne parvient pas à coucher sur le papier. Sans doute qu'avec plus de métier, elle aurait su le faire – mais alors elle serait directement entrée dans la catégorie des grands auteurs et grandes autrices : car oui, ce qu'elle a à dire a une vraie force, une puissance que l'on trouve trop rarement.
Le contexte choisi porte en lui-même son lot de charge émotionnelle, bien sûr : les mois qui suivent la Libération, le retour erratique des prisonniers de guerre et des survivants des camps, le malaise d'un pays où doivent cohabiter résistants et ceux des collaborateurs qui ont échappé aux purges. Mais cela reste un contexte, et si Claire Deya nous émeut profondément, ce n'est pas en surenchérissant sur les pires tragédies du moment mais en imaginant des personnages profondément humains, qui ont été confrontés non pas toujours au pire mais à l'ordinaire de l'horreur de cette guerre.
Et ils sont nombreux, ces personnages, à être présents dans le roman et à y avoir une vraie existence, presque une douzaine à avoir une vraie épaisseur et que l'on souhaiterait rencontrer, connaître. Ils s'observent entre eux, se trompent sur le compte de tel ou tel, s'admirent : ils nouent de vraies relations, profondes. Et plutôt que de céder à la facilité de les mettre en scène dans un roman choral superficiel, Claire Deya choisit une narration beaucoup plus sobre, sans artifice. Les moments qu'ils vivent, les liens qu'ils tissent, sont d'une force qui n'en a pas besoin.
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