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a cité Sur les bouts de la langue par Noémie Grunenwald

Noémie Grunenwald: Sur les bouts de la langue (Paperback, French language, 2024, La Contre Allée)

Sur les bouts de la langue est un essai narratif dans lequel j’explore les enjeux …

Je sais que dans cet ouvrage j'utilise parfois des termes dans les définir. C'est un choix que je fais et que j'assume. D'habitude, c'est toujours aux autres différents de se définir, de se situer, d'exposer leur « parcours », leurs « particuliarités », leurs « origines », leurs « orientations ». On en demande rarement autant aux normaux : les hommes n'ont pas un point de vue masculin, ils ont un point de vue, les blanc·hes ne sont pas blanc·hes, iels sont sans couleur, les hétérosexuel·les n'ont pas d'orientation sexuelle, iels sont naturel·les. Alors pourquoi je devrais définir les relations butch/fem quand jamais personne ne définit les modalités du couple hétérosexuel ? Pour les mêmes raisons, je parle de moi sans me définir clairement. Sans nommer les cicatrices qui marquent mon corps. Sans référencer mes hontes ni mes fiertés. Les femmes sont souvent reléguées à la figuration. Au mieux célébrées pour ce qu'elles sont. Pour ce qu'elles sont supposées être. Pour l'image que les hommes se font d'elles. Jamais pour ce qu'elles font. Je ne veux pas nommer qui je suis car je veux parler de ce que je fais. Ce que je suis est important, oui, mais ça ne m'intéresse pas. Ce qui m'intéresse, c'est ce que j'en fais. J'aime ce que je fais. Je crois en ce que je fais. Je veux qu'on me parle de ce que je fais. Pas de qui je suis.

Sur les bouts de la langue de  (Page 73 - 74)